Le premier quart de championnat du FC Rouen en N2
"On a conscience qu'il existe une attente autour du club"
"Bien sûr, je préfère me retrouver dans cette situation que d'accuser 10-15 points de retard. Attention, toutefois, rien n'est acquis. Gardons la tête froide. C'est un championnat long et compliqué. Il ne faut pas oublier qu'on est promus. En début de saison, on a clairement défini un objectif : le maintien. On a conscience qu'il existe une attente autour du FC Rouen. Le club possède une histoire et un passé qui nous permettent de nourrir une ambition. Mais il faut qu'elle soit raisonnée. Aujourd'hui, la réalité, c'est qu'on est en N2. Comment peut-on expliquer ce début de saison réussi ? On a connu très peu de bouleversements durant l'intersaison. Notre première satisfaction dans notre recrutement, c'est d'avoir gardé notre staff et notre groupe auquel on a ajouté l'apport de joueurs confirmés (Anthony Rogie, Nicolas Burel, Nicolas Barthélémy pour ne citer qu'eux). Notre état d'esprit est également extrêmement positif".
Un discours empreint d'humilité
"N'oublions pas qu'on a failli descendre en DH il y a deux ans"
"Dans le foot, il faut rester extrêmement prudent. Et ce n'est pas faire preuve de manque d'ambition que de se montrer prudent. Bien au contraire. Je ne comprends pas ceux qui opposent ces deux concepts. A quoi ça nous servirait de vous annoncer je ne sais quoi comme objectif. Je pense qu'on a toujours été animés par cette humilité. N'oublions pas qu'on a failli redescendre en DH (R1) il y a deux ans(1). On sait d'où on vient. C'est un élément essentiel de notre réussite aujourd'hui. A plusieurs reprises, le club aurait pu se casser la figure. Le dernier dépôt de bilan (en août 2013) nous a traumatisés(2). On est passés des portes de la Ligue 2 à la DH. Je ne le souhaite à personne. Ce furent des années très compliquées. Plus d'un aurait lâché les rênes du club. Mais j'ai toujours été convaincu, et je le suis encore, que le FC Rouen retrouverait sa place dans le football français, avec ou sans moi à sa tête d'ailleurs. C'est quelque chose que je ressens au plus profond de moi. Aujourd'hui, le souvenir de ce dépôt de bilan m'amine au quotidien dans la gestion du club. Avec le Conseil d'administration, c'est notre ligne directrice. Plus jamais ça ? Il ne faut jamais dire jamais mais ça serait un réel échec. Mais je vous rassure, même quand on n'avait pas les résultats, on avait une gestion financière saine. Comme je le dis souvent, on n'est pas bien riche mais on n'est pas bien pauvre non plus".
(1)Pour son retour en N3 durant l'exercice 2017-2018 après trois saisons en R1 (ex-DH), le FC Rouen ne s'était sauvé que lors de l'ultime journée.
(2)Dans les années 1990, le FC Rouen a connu deux autres dépôts de bilan (en août 1995 et en octobre 1997).
Les jeunes, les féminines, les infrastructures…
Le FCR ne se résume pas uniquement à son équipe en N2. "On compte 500 licenciés dont 140 féminines. On a toujours œuvré pour la promotion du football féminin. Pendant 12 ans, on a été le seul représentant normand en D2. On a été des précurseurs", rapporte, fièrement, Fabrice Tardy. Un dirigeant espérant qu'à terme ses « filles » renoueront avec la deuxième division (elles sont actuellement sixièmes de R1 après cinq journées, 3V-2D). "Maintenant, au niveau de nos effectifs, on a été contraints de réduire un peu la voilure en raison de notre nombre de terrains disponibles (le club en a compté jusqu'à 580)", indique le président. Et encore, en matière d'infrastructures, le club rouennais est bien mieux loti qu'il y a quelques années. "La construction par la ville d'un bloc vestiaires aux annexes (Stade Pierre-Lefrançois) permet à nos jeunes de pratiquer leur discipline dans de bonnes conditions".
Une formation que les dirigeants des « Diables Rouges » n'ont jamais délaissé, y compris après le dépôt de bilan en août 2013. "On aurait pu réduire la voilure mais on ne l'a jamais fait. La preuve, on a toujours 80 jeunes en préformation qui bénéficient d'horaires aménagés dans différents collèges de la ville", rappelle Fabrice Tardy, se félicitant, par ailleurs, du retour cette saison des U17 au niveau national. "C'était l'un de nos objectifs principaux". A l'avenir, le FCR souhaiterait s'attaquer au cycle secondaire. "On a une défaillance pour garder nos jeunes au-delà de l'âge de 15 ans car on n'est pas en mesure de leur proposer un sport-études digne de ce nom avec des logements. On y travaille mais on ne peut pas mener le combat sur tous les fronts".
La stabilité apportée par le coach David Giguel(3)
"L'entraîneur qu'il nous faut pour la suite de notre projet"
"Avec David Giguel, on a tout de suite eu une très bonne osmose. Il y a un respect mutuel entre nous. Tout d'abord, c'est un ancien du club. Il a toujours voulu entraîner le FC Rouen. D'ailleurs, il a même failli venir chez nous un an plus tôt, avant qu'on engage Manu Abreu. D'ailleurs, parfois, il me dit : « On aurait pu gagner un an ». Mais moi, je crois qu'il fallait qu'on se rencontre à ce moment-là. Si ça se trouve, il y a quatre-cinq ans, il n'aurait pas obtenu les mêmes résultats. Je suis extrêmement satisfait de l'homme, de ses méthodes, de son coaching, de son comportement et des résultats. C'est un meneur d'hommes. Il est animé par cette volonté de faire rebondir le club. Avec aussi Arnaud Margueritte (le coordinateur sportif) qui est aussi un ancien du FC Rouen, il s'est entouré d'une équipe solide. C'est l'entraîneur qu'il nous fallait et qu'il nous faut pour la suite de notre projet".
(3)Avant la nomination de David Giguel en 2018, plusieurs entraîneurs se sont succédés sur le banc rouennais depuis 2013 : Hakli Dahmane, Romain Djoubri (bien que celui-ci soit resté en place durant trois saisons), Michel Rodriguez, Manu Abreu et David Fouquet. "Sur tous les coaches précédents, je tiens à préciser que ce n'est pas moi qui les ai virés mais ce sont eux qui sont partis. Il faut savoir qu'entraîner le FC Rouen, c'est bien plus difficile qu'à Saint-Malo, Granville ou Avranches…", lance Fabrice Tardy.
La ferveur des fans du FCR
"Des supporters attachés à leurs couleurs, à leur équipe, à leur ville"
"C'est un véritable 12e homme animé d'une vraie passion. Et nos joueurs le ressentent. Le club a toujours bénéficié d'un soutien populaire même quand celui-ci se trouvait en difficulté. Un stade rempli par des supporters attachés à leurs couleurs, à leur équipe, à leur ville, c'est, pour moi, l'essentiel du football. C'est pourquoi ça m'a paru légitime d'ouvrir le capital du club à hauteur de 6% à la Fédération des Culs Rouges qui regroupe une grande majorité des supporters(4). Il existe une véritable symbiose entre le club et eux autour de la volonté commune de retrouver un FC Rouen à la place qu'il n'aurait jamais dû quitter".
(4)Depuis le 1er juin, une SAS (Société par actions simplifiée) baptisée « FC Rouen 1899 Diables Rouges » a été constituée. Elle est composée de six actionnaires dont Fabrice Tardy, Charles Maarek, Bruno Crouin et Maximilien de Wailly (tous les quatre chefs d'entreprise), l'association du FC Rouen présidée par Pierre Goode et la Fédération des Culs Rouges. Pour intégrer la SAS, ce groupe de supporters, réunissant tous les amoureux du FCR comme il se définit, a lancé une campagne de financement participatif pour atteindre la somme de 25 000 €, synonyme de ticket d'entrée.
La fin des fiançailles avec QRM
"Un principe d'équité qui n'a jamais été respecté"
Né du rapprochement entre l'US Quevilly et le FC Rouen en 2015, avec l'appui des politiques en place à l'époque, sans que les deux entités ne fusionnent (le FCR a, par exemple, conservé son équipe première en DH ainsi que ses jeunes), Quevilly-Rouen Métropole (QRM) devait favoriser l'émergence d'un club professionnel.
S'il a atteint la Ligue 2 en 2017 (avant d'être rétrogradée en N1 une saison plus tard), QRM n'a jamais bénéficié du soutien des supporters des « Diables Rouges ». Bien au contraire. Ils ont violemment rejeté ce projet. En décembre 2017, les licenciés du FCR ont voté en faveur du désengagement de cette structure qui fut effective au 30 juin 2018. "Aujourd'hui, le livre est refermé. Cet épisode a duré trois ans. Ce projet devait se bâtir sur un principe d'équité ; ce qui n'a jamais été respecté. Le but était d'absorber le FC Rouen. On s'y est opposés", estime le président Fabrice Tardy.