Que va-t-il se passer ce mercredi 28 avril ?
Cet après-midi, à partir de 17 heures, une assemblée générale extraordinaire de la SAS (Société par actions simplifiée) du FCR va se tenir. Au programme de cette AG, la demande de la levée d'agrément concernant les parts de Fabrice Tardy. Comme l'y autorise les statuts de la SAS, le président et actionnaire majoritaire des « Diables Rouges » (avec 51% représentant une valeur nominale de 302 500 €), démissionnaire, a décidé de vendre de gré à gré à de deux autres actionnaires. En l'occurrence Charles Maarek (25%) et Maximilien de Wailly (6,7%). Soumis au vote des actionnaires, on voit mal comment ce processus, à l'issue duquel les deux hommes précédemment cités posséderaient 83% du capital, pourrait échouer ; le trio Tardy - Maarek - de Wailly détenant la majorité des deux tiers.
"C'est la dernière étape qui va permettre à un avocat d'activer la cession des parts de M. Tardy. Elle sera effective au 30 juin", précise Charles Maarek, pressenti pour devenir le prochain « patron » du FCR même si c'est Maximilien de Wailly qui endossera le costume de président dans cet attelage. Une perspective qui n'enchante guère certains des supporters dont les Rouen Fans (qui se sont fendus d'un communiqué au vitriol, lundi, sur leur page Facebook) et la Fédération des Culs Rouges, également actionnaire de la SAS à hauteur de 6,7%. Et c'est un euphémisme.
Que reprochent les supporters à la direction du FC Rouen ?
Dans les rangs de la Fédération des Culs Rouges, la colère est grande. "Les membres du Comité de direction* se sont mis d'accord entre eux en nous laissant complètement hors du coup. Ils confisquent le club. L'avocat du club ne nous a transmis aucune pièce qu'on lui a demandée. On n'a pas été informés", ne décolère pas le président Grégoire Meurice qui n'exclut pas la possibilité de porter cette affaire devant la justice. "Notre avocat, Me Didier Poulmaire a relevé plusieurs points". Porteurs d'un projet de reprise basé sur le principe des « Socios », cette association se définissant comme regroupant tous les amoureux du FCR déplore également de ne pas avoir audience auprès de l'Etat-major rouennais. "Les dirigeants et Mr. Tardy ne veulent recevoir personne. Ils refusent le dialogue".
Au-delà de la procédure de vente, c'est surtout l'identité du prochain actionnaire principal que les supporters n'acceptent pas. "Quand on réalise des sondages, 95% des personnes interrogées lui sont opposées", assure Grégoire Meurice qui ne mâche pas ses mots à l'évocation de Charles Maarek. "Il méprise les supporters, les joueurs, toutes les entités du club", lance le président des Culs Rouges craignant également la gestion, notamment financière, du futur « patron » du club rouennais. "Dans le passé, il a prouvé qu'il était complètement incompétent pour gérer un club". Référence à son passage à Oissel où il fut président entre 2015 et 2017. Des accusations que le principal concerné nie en bloc.
Même si le duo Maarek - de Wailly accède à la gouvernance du FCR, les Culs Rouges l'assurent : ils n'en resteront pas là. "Dès jeudi matin, on rentrera en guerre. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que M. Maarek quitte le club. Ça nous prendra peut-être des années voire toute une vie mais c'est notre devoir", promet Grégoire Meurice qui prédit un accueil « particulier » la saison prochaine pour l'actuel directeur général des « Diables Rouges ». "Ça risque d'être long de se faire insulter dans les tribunes pendant 1 h 30". En parallèle et sous l'impulsion de Matthieu Gudefin, le prédécesseur de Grégoire Meurice, la Fédération continue de travailler sur son projet « Socios ». "Car quand le club va se casser la gueule avec M. Maarek et ça arrivera, il faudra qu'on soit prêt".
*Le Comité de direction de la SAS du FC Rouen comprend quatre des six actionnaires : Fabrice Tardy (51%), Charles Maarek (25%), Maximilien de Wailly (6,7%) et Stéphane Leroux en tant que représentant de l'association (4%). Les deux autres actionnaires : Bruno Grouin (6,7%) et La Fédération des Culs Rouges (6,7%) n'en font pas partie.
Quel est le point de vue de Charles Maarek ?
Confronté à une si grande hostilité, Charles Maarek rappelle, en préambule, qu'il est avant tout un amoureux des « Diables Rouges » en reprenant à son compte cette célèbre citation de Valérie Giscard d'Estaing. "Ces supporters n'ont pas le monopole du cœur". Avant de poursuivre : "Moi aussi, j'aime le FC Rouen. Depuis 45 ans, je vais à Diochon. Dès l'âge de cinq ans, j'étais contre le grillage". Concernant le processus de vente des parts de Fabrice Tardy de gré à gré, le DG du club rouennais martèle que cette procédure "émane d'un pacte d'associés que l'ensemble des actionnaires, dont la Fédération des Culs Rouges, ont signé il y a 20 mois". "C'est la réalité des textes de nos statuts. Et aujourd'hui, comme ça ne leur convient pas, les Culs Rouges les remettent en cause".
Sur le volet économique, l'un des principaux griefs qu'on lui reproche, Charles Maarek tente de rassurer l'ensemble de l'environnement rouennais. "On est passés devant la DNCG le 21 avril et elle nous a indiqué qu'on n'avait aucun souci à se faire au niveau de nos comptes. M. Tardy va nous laisser un club sain. Contrairement à ce que certains affirment, le club n'est pas en danger". La prochaine étape, devant le gendarme financier du football français, interviendra après la cession définitive des parts, fin juin ou début juillet. "C'est à ce moment-là qu'on lui présentera le budget pour la saison prochaine. Il lui sera envoyé au 15 mai. Ça sera un budget équilibré qui tournera autour d'1,250-1,3 M€. Surtout, on possédera des fonds propres largement positifs, entre 400 et 500 000 €. Même en National 1, je ne connais pas beaucoup de clubs qui peuvent se targuer d'en avoir autant par les temps qui courent", lance le possible futur actionnaire principal qui annonce la fin des déséquilibres budgétaires ; l'une des remarques qui figurait dans le rapport de la DNCG en décembre.
Sportivement, Charles Maarek renouvelle sa confiance au directeur sportif Arnaud Margueritte et au coach David Giguel, sous contrat tous les deux jusqu'en 2023. "Maintenant que le championnat de N2 est définitivement arrêté, on va commencer à rencontrer les joueurs". Reste, désormais, à savoir comment il pourra gouverner avec une si grande défiance à son égard ? "Vous savez, ça représente une opposition de 100-120 personnes. On croit qu'ils sont nombreux mais ils ne sont pas tant que ça", minimise-t-il tout en rappelant qu'on a tendance à oublier "la majorité silencieuse". "Je ne demande pas de blanc-seing mais qu'on nous juge sur nos résultats sportifs et financiers. J'aimerais bien être plus vieux de trois ans". Pas certain que les Culs Rouges patientent aussi longtemps.