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Sa vie en Corse, Granville, sa montée en National : 4 choses à savoir sur Christopher Ibayi (FC Rouen)

Christopher Ibayi, ici en train de célébrer un but contre le Racing Club de France, n'envisage rien d'autre que la montée en National dans quelques semaines. ©Bernard Morvan/FC Rouen 1899

Christopher Ibayi est né en Corse et y a découvert le football

"Toute ma famille y habite encore et dès que je suis en vacances, je rentre en Corse"

S'il était davantage connu pour ses faits d'armes en National 2 avec l'US Granville et avec le FC Versailles à l'heure de rejoindre le FC Rouen à l'été 2022, c'est en Corse, sa terre natale, que Christopher Ibayi a d'abord fait montre de ses aptitudes ballon au pied. "Je suis né à Porto-Vecchio", rappelle celui qui traîne en effet dans son parler quelques bribes de l'accent insulaire. "J'ai vécu en Corse jusqu'à mes 20 ans, jusqu'à ce que je quitte Bastia pour signer à Tours. Toute ma famille y habite encore et dès que je suis en vacances, je rentre en Corse." Du pôle espoir d'Ajaccio au centre de formation du Sporting en passant par un retour crucial au FC Lucciana en 2016, l'attaquant rouennais a fait l'essentiel de ses classes sur l'Île de Beauté où il a même un temps exercé dans le milieu de la restauration.

A Bastia, Christopher Ibayi était à la fois tout proche et très loin de signer un contrat professionnel qui s'est toujours refusé à lui. Lorsque l'occasion aurait pu se présenter, l'attaquant avait au-dessus de lui l'une des meilleures équipes bastiaises des 20 dernières années. "J'ai été quelques fois appelé pour m'entraîner avec le groupe pro", raconte le joueur. "Ils avaient une grosse équipe, je crois qu'ils avaient fini huitièmes de Ligue 1, c'était donc difficile de faire sa place". Pour l'anecdote, le Rouennais n'a disputé qu'un match avec l'équipe première du SCB, c'était le 20 janvier 2015 en Coupe de France contre l'US Quevilly (revers aux tirs au buts), au Stade Robert-Diochon. Ça ne s'invente pas.

Sans l'US Granville, il n'en serait pas là aujourd'hui

"J'y ai rencontré des gens extraordinaires et j'ai eu un coach là-bas qui m'a fait énormément progresser"

La Normandie du football n'a pas attendu que Christopher Ibayi pose ses valises au FC Rouen pour découvrir le buteur plein de sang-froid qu'il sait être (il compte actuellement 13 buts en 18 matches). Le temps de deux saisons, 2018-2019 et 2019-2020, le Corse a fait le bonheur de l'US Granville qui est venue le chercher à Lucciana, un club de National 3 qui a aussi révélé le Lavallois Julien Maggiotti et le Concarnois Amine Boutrah. "Quand je les ai rejoints, je ne connaissais pas le club, je me suis dit « Allez, on part à l'aventure ! », j'avais besoin de me jauger aussi car je ne connaissais pas le National 2". 18 matches et 11 buts plus tard, l'attaquant s'était désormais fait un nom en quatrième division. "Granville, c'est le club qui m'a relancé, entre guillemets. J'y ai rencontré des gens extraordinaires et j'ai eu un coach là-bas (Johan Gallon) qui m'a fait énormément progresser. Je leur en serai toujours reconnaissant".

Avec les Corsaires, Chris Ibayi a aussi vécu de formidables émotions en Coupe de France mais aussi l'une des plus grandes frustrations de sa carrière. En 1/32e de finale, en janvier 2020, l'attaquant écope à Versailles du carton jaune de trop qui le prive alors du 1/16e de finale contre son équipe de cœur, celle qu'il rêvait plus que tout d'affronter : l'Olympique de Marseille. "Quand je vois ensuite qu'on tire Marseille alors qu'on ne s'attendait absolument jamais à les jouer, ça a été difficile. On était au club house pour regarder le tirage, moi, je suis rentré à pied et en pleurs, je ne voulais parler à personne". Heureusement, la coupe et Chris ont fait la paix depuis, lui qui a disputé les demi-finales de l'épreuve avec Versailles la saison dernière.

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Christopher Ibayi, ici sous le maillot de l'US Granville le 4 janvier 2020, a vécu des émotions contraires en 1/32e de finale de Coupe de France contre son futur club. ©Aurélien Renault

La montée avec Versailles, une joie douce-amer

"Le coach nous convoque le lundi suivant mon agent et moi et m'annonce qu'il ne compte plus sur moi"

À l'heure où sévissait le Covid-19, Christopher Ibayi a répondu à l'appel de Trélissac, également pensionnaire de N2, où il n'a toutefois pu disputer que trois matches. Il a finalement effectué un nouveau choix décisif dans sa carrière en rejoignant le FC Versailles à l'été 2021. Avec les Franciliens, l'attaquant a marché sur le championnat, accroché la montée en National en marquant 11 buts en 24 matches et disputé les demi-finales de la Coupe de France contre l'OGC Nice (défaite 2-0). Il y a toutefois un mais... "Juste après qu'on ait validé la montée, le président et le coach me convoquent un vendredi, je suis parmi les premiers, ils me disent qu'ils veulent me prolonger, que je suis l'une des priorités vu la saison que j'ai fait. Ils avaient aussi conscience que des clubs au-dessus voulaient me faire signer à la trêve hivernale. Moi, j'étais d'accord pour m'inscrire dans le projet, on venait de monter en National, un niveau que je ne connais pas."

Quelques jours plus tard néanmoins, le football a prouvé à Christopher Ibayi qu'il pouvait être impitoyable. "Le coach nous convoque le lundi suivant mon agent et moi et m'annonce qu'il ne compte plus sur moi." Le coup est alors rude. "Il m'a manqué deux matches pour valider mon année supplémentaire en option, je ne les ai pas joués, le coach savait ce qu'il faisait pour ne pas me garder. Je suis passé par toutes les émotions mais à l'arrivée, en prenant du recul, je me dis que c'était un mal pour un bien".

Sa venue au FC Rouen, presqu'une évidence

"L'engouement et la passion qui l'entourent, c'est tout ce qui m'anime"

Ses exploits versaillais ont eu beau attiser des intérêts de clubs de National et même de Ligue 2, les intentions ne se sont jamais transformées en actes et Christopher Ibayi a dû se résoudre à rester sur le seuil pendant que son club grimpait dans l'ascenseur. Il a néanmoins rapidement trouvé le défi qu'il lui fallait en poussant les portes du FC Rouen où il fait présentement le bonheur des supporters et de ses coéquipiers. "Après Versailles, je voulais un club qui était ambitieux, qui me faisait confiance et qui comptait sur moi", détaille l'attaquant. "J'ai eu plusieurs propositions en N2 où je me sens respecté et le projet le plus logique pour moi, c'était Rouen. Le club, les matches que j'ai joué contre ce club, l'engouement et la passion qui l'entourent, c'est tout ce qui m'anime. Ça me faisait repenser à mes années à Bastia quand j'allais voir les voir en Ligue 2 et en Ligue 1".

Rouennais depuis le 15 juin, celui qui a retrouvé au FCR son ami Adrien Pianelli est comme un poisson dans l'eau depuis son retour en Normandie. Les buts pleuvent - il vient d'ailleurs d'offrir une victoire 1-0 importante à Saint-Malo - et l'ambition est tout sauf en berne après sa déception versaillaise. "Il faut dire ce qui est, on arrive sur la dernière ligne droite, il reste dix matches et on fait une très belle saison. Rien n'est fait, on n'a que trois points d'avance (sur le Racing Club de France) et aujourd'hui je pense que l'équipe qui montera sera celle qui sera la plus régulière jusqu'à la fin". Dans quelques semaines, le buteur normand pourrait ainsi s'offrir une deuxième montée en National en l'espace de 12 mois et si telle occasion se présentait, hors de question cette fois pour lui de ne pas grimper également dans l'ascenseur.

> N2. J21 - FC Rouen (1e - 46 points) / EA Guingamp « B » (11e - 21 points), samedi 11 mars à 18 heures au Stade Robert-Diochon.

 

Christopher Ibayi

Né le 18 juillet 1995 (27 ans) à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud).

Attaquant. Droitier. 1,87 m.

Parcours : SC Bastia (juillet 2010 - juin 2015, U19, N3), Tours FC (juillet 2015 - juillet 2016, N3), FC Lucciana (juillet 2016 - octobre 2018, N3), US Granville (octobre 2018 - juillet 2020, N2), Trélissac FC (juillet 2020 - juillet 2021, N2), FC Versailles (juillet 2021 - juillet 2022, N2), FC Rouen (juillet 2022 -…, N2)

Sous contrat jusqu’en juin 2024.

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