À Rouen, l'année 2024 risque fort de commencer comme sa devancière s'est terminée : dans une angoisse mêlée de colère, au mieux dans une froide expectative. Si la vente record de Farès Ghedjemis, "le plus gros transfert de l'histoire du club" selon le présent Charles Marek, est propre à redonner de l'espoir, les semaines qui s'annoncent risquent de ne pas effacer le brouillard d'incertitude qui s'est levé sur les bords de Seine. C'est dans ce climat que les joueurs du FCR vont paradoxalement devoir reprendre leur belle histoire. Grâce à une fin 2023 solide, la confiance est au beau fixe et le sérieux affiché en Coupe de France vaut aux « Diables Rouges » de s'offrir un retour aux affaires en 1/32e de finale à Louhans-Cuiseaux, pensionnaire de National 3. "Je ne sais pas si c'est un bon tirage, on va affronter une belle équipe qui va vouloir passer", analyse le milieu offensif Hicham Benkaïd. "Nous on aurait aimer se frotter à une Ligue 1, mais si on veut y parvenir, cela va passer par un gros match à Louhans-Cuiseaux".
Comme avaient pu l'évoquer sur notre site l'entraîneur Maxime d'Ornano et les historiques Mustapha Benzia et Clément Bassin, la ligne directrice du staff et des joueurs est clairement définie : ils ne mêleront pas le sportif – leur domaine – et les déboires internes de leur club sur lesquels ils n'ont par ailleurs guère de maîtrise. Un état de fait que les fêtes de fin d'année n'ont pas changé. "On ne s'y attendait pas [aux problèmes financier] et c'est ce qui nous a un peu coupés dans la dynamique", expose Hicham Benkaïd. "Je trouve qu'on n'a pas trop subi la chose, j'ai l'impression qu'on a joué libérés par la suite et que ça a payé. On a fait des résultats après la perte des cinq points. Le coach nous a dit qu'on était un groupe exceptionnel qui avait du caractère".
"Gagner, ça ne peut que ramener du positif, mais de là à se dire qu'on a un poids et qu'on est obligés de gagner, non. On ne s'impose pas cette pression-là"
Hicham Benkaïd
Dans la situation du FCR que beaucoup décrivent, toute entrée financière risque d'être la bienvenue et se révéler salutaire. Dès lors, on imagine aisément dans l'entourage du club centenaire qu'une épopée en Coupe de France couplée à de grands rendez-vous lucratifs au stade Robert Diochon pourraient apporter de l'oxygène au club, voire même contribuer à le sauver à moyen-terme. Ce n'est toutefois pas avec ce type de pensées que les joueurs vont aborder leur rencontre dimanche (18h) sur le terrain de Louhans-Cuiseaux, Hicham Benkaïd en tête. "On sait que si on passe, ça pourrait faire du bien au club donc on va tout faire pour améliorer la situation", concède l'ancien Briochin. "Gagner, ça ne peut que ramener du positif, mais de là à se dire qu'on a un poids et qu'on est obligés de gagner, non. On ne s'impose pas cette pression-là".
Hicham Benkaïd rêve de revivre un quart de finale, cette fois-ci avec le FCR
Ce n'est que la troisième fois depuis 2011 que le FC Rouen s'est invité en 1/32e de finale et à défaut de représenter un événement en soit, le déplacement à Louhans-Cuiseaux sera quand même à n'en point douter une belle opportunité de briller pour un groupe qui aurait dû terminer l'année à la deuxième place du National. "Toutes les équipes jouent à 200% en Coupe de France et c'est comme ça qu'on va jouer pour essayer de passer ce tour", assure Hicham Benkaïd. "On veut tous faire un beau parcours, ça fait partie d'une carrière ! On va évidemment là-bas pour se qualifier, on s'attend à un match difficile. On va tous se mettre à la hauteur et on se le dit, on sait déjà ce qui nous attend". Pour l'anecdote, la dernière épopée du FCR commence à dater. Cela fait en effet 25 ans qu'on n'a plus vu Rouen dépasser les 1/16es. En 1999, les « Diables Rouges » alors en CFA 2 (cinquième division) avaient été éliminés à Diochon par Sedan (D2), en quart.
"On s'attend à un match difficile. On va tous se mettre à la hauteur et on se le dit, on sait déjà ce qui nous attend"
Hicham Benkaïd
Ouvertement talentueuse, la cuvée 2023/24 du FCR n'a cependant guère d'expérience des grandes campagnes en Coupe de France. Dans l'effectif conduit par Maxime d'Ornano, si Christopher Ibayi a épaté la France entière en atteignant le dernier carré avec Versailles en 2021/22, Hicham Benkaïd a lui aussi connu une grande aventure avec l'US Orléans en 2018/19. "On a atteint les quarts de finale et on a joué au Roazhon Park contre le Rennes de Ben Arfa", se souvient le milieu normand. "C'était exceptionnel, ils l'ont gagnée ensuite contre Paris. On avait fait un bon match, c'était l'un de mes meilleurs, je me souviens que les commentateurs d'Eurosport m'avaient encensé et ce sont des souvenirs que je n'oublierai jamais !"
Au Parc des Sports de Bram, dimanche, Hicham Benkaïd tentera de lancer du mieux possible son année sur le plan personnel, lui qui court encore après sa première réalisation sous le maillot seinomarin. Véritable machine à marquer à Saint-Brieuc la saison dernière (12 buts en 20 matches), l'ancien Strasbourgeois est davantage utilisé dans le cœur du jeu par Maxime d'Ornano. Faire trembler les filets d'ailleurs, il n'en fait pas une obsession. "Le coach m'a recruté pour ma capacité à faire jouer l'équipe, un peu en 'playmaker'. Et que je marque ou que je ne marque pas, il s'en fiche du moment que je fais le lien entre le milieu et l'attaque", explique le joueur de 33 ans. "Après, je pourrais déjà avoir marqué deux ou trois buts cette saison et j'avoue que ça me manque un peu. Mais bon, on a des joueurs comme Christopher Ibayi qui sont tout à fait capables d'inscrire des buts". Ne pas se mettre une pression quelconque, voilà en somme le mot d'ordre qui va dicter l'entame de cette nouvelle année pour Hicham Benkaïd et pour tous ses partenaires.
> Coupe de France. 1/32e de finale - Louhans-Cuiseaux FC (N3) / FC Rouen (N1), dimanche 7 janvier à 17h30 au Parc des Sports de Bram, à Louhans.