Dans le football, les exemples d'attaquants reconvertis à l'arrière sont légion. Héliohdino Tavares (17 ans) appartient à cette catégorie. Et le moins que l'on puisse affirmer, c'est que ce changement de poste a constitué une aubaine pour lui. Originaire de l'Essonne et repéré à Viry-Chatillon, ce jeune homme aux racines capverdiennes (comme un certain Nuno Da Costa) a débarqué au Stade Malherbe, en U15, en tant qu'excentré. Mais le début de son expérience sous le maillot « Rouge et Bleu » ne s'est pas exactement déroulé comme escompté. "L'adaptation a été un peu compliquée. C'était une nouvelle aventure pour moi. Je ne savais pas comment fonctionnait un centre de formation. Sur le plan tactique, je n'avais pas non plus les codes", reconnaît celui que l'on surnomme « Dinos » (lire encadré ci-dessous). Conséquence, le temps de jeu s'est fait rare, extrêmement rare durant ses deux premières années en Normandie, à tel point qu'il n'a pas disputé le moindre match officiel avec les U17 nationaux.
A sa décharge, il faut avouer qu'il n'est pas arrivé à Venoix dans les meilleures dispositions sportives. "A cause d'une entorse à la cheville, je restais sur une saison blanche. Dans un club amateur, on n'a pas le même suivi médical que chez les pros. C'était plus au ressenti. Quand je n'avais plus mal, je venais aux entraînements, sinon, je m'arrêtais". A la suite de cette période d'acclimatation difficile, ses éducateurs le testent à différents postes pour le relancer. Et après un essai en tant que latéral gauche, lui, le droitier, où il avait déjà affiché quelques qualités intéressantes, Héliohdino Tavares s'est imposé, depuis le début de cet exercice 2021-2021, chez les U19, en charnière centrale. Pourtant, quand la possibilité de reculer de plusieurs crans sur le terrain s'est présentée, le Francilien n'a pas sauté au plafond.
Il n'a pas manqué le moindre tour de Gambardella
"Au départ, comme j'étais excentré à la base, je n'aimais pas jouer défenseur". Aujourd'hui, il ne regrette pas d'avoir accepté cette proposition. Bien sûr, la marge de progression est encore conséquente. "Je dois m'améliorer dans la lecture des trajectoires, dans le jeu dans le dos, dans les couvertures...". Toujours est-il que sous les ordres de Nicolas Seube, Héliohdino Tavares est devenu un pilier de la campagne de Gambardella, ne manquant aucune rencontre. Cette compétition prestigieuse permet à ce fan de Naples sur FIFA de toucher du bout du doigt le (très) haut niveau à l'image de la confrontation face à Brest (3-0), avec un voyage la veille et une nuit à l'hôtel. "C'est la première fois que je me déplaçais dans ces conditions". En huitième de finale, ce lycéen en terminal bac pro gestion administrative, à Saint-Ursule, a été aligné dans une arrière-garde à trois aux côtés de Robin Verhaeghe et Brahim Traoré, laissé à disposition des U18 par le staff professionnel pour ce tour. "Avec Brahim, on se connaît bien. Quand je suis arrivé à Caen, on partageait une chambre. On a été au collège et au lycée ensemble".
Avec ou sans Brahim Traoré, qui devrait être convoqué dans les 18 de Stéphane Moulin pour la réception de Toulouse en Ligue 2, ce week-end, Héliohdino Tavares, dont le contrat aspirant arrive à échéance en juin, entend bien prolonger ce parcours. "Ce n'est pas donné à tout le monde de se qualifier pour une demi-finale. On y pense forcément. En plus, si on gagne, on recevra*. On veut jouer à domicile". Et ne lui parlez surtout pas d'un éventuel statut de favori face à Lyon-La Duchère. "Ce n'est que sur le papier. En plus, La Duchère a sorti des nationaux comme Le Havre, qui avait lui-même sorti le PSG". Et le contexte un peu « chaud » ? "On a déjà connu une ambiance comme ça, à Argenteuil (en 1/16e)". Pas de quoi perturber un gamin du 91.
*En cas de qualification pour les demies, le SM Caen recevra si dans l'autre quart de sa partie de tableau Rennes, opposé à Bobigny, valide également son ticket pour le dernier carré.
"C'est Jason Bahamboula qui a commencé à m'appeler comme ça. Ça vient de mon compte Instagram. Quand je l'ai créé, sans que je le fasse exprès, c'est le nom qui s'est inscrit et c'est resté"
Beaucoup de ses partenaires surnomment Héliohdino Tavares Correia, de son nom complet, « Dinos ». Et c'est Jason Bahamboula (20 ans), son ancien partenaire au centre de formation du Stade Malherbe, désormais au Vitoria Guimaraes, au Portugal, qui en est à l'origine comme l'explique le principal intéressé.
Après 2res saisons d'adaptation difficiles, Heliohdino Tavares s'est imposé en défense avec les U19, lui qui est arrivé au @SMCaen comme attaquant ❗️ Avant le 1/4 de finale de #Gambardella ? @LyonLaDuchere, focus sur ce profil atypique ⬇️⬇️⬇️ https://t.co/xgdoZykkAM
— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) March 11, 2022