« Dans ma vie, je n'ai jamais autant fait de passes de football dans le jardin avec mon fils. Je n'ai jamais autant regardé de vidéos des plus belles actions de football. Je n'ai jamais autant joué à Fifa. Et pourtant... le football me manque cruellement.
Après avoir commenté plus de 150 matches de plus ou moins mauvais football, je ne l'aurais jamais cru. Vous vous souvenez quand on critiquait le niveau abyssalement faible de la Ligue 1 ? Quand on raillait allègrement le nom de Domino's Ligue 2 ? Toutes ces fois où l'on s'est indigné des comportements racistes de supporters, toutes ces fois où l'on s'est secrètement plaint que les fesses de son voisin de stade débordaient sur notre siège, toutes ces fois où l'on a craqué et on s'est acheté une merguez frites, toutes ces soirées de grands matches passés entre potes où l'on se lève du canapé au même moment...
Ah nostalgie, quand tu nous tiens. Le football n'est pas fait pour la distanciation sociale. Comment Neymar va-t-il pouvoir obtenir des fautes s'il ne peut plus entrer en contact avec un autre joueur ? A quel moment Mathieu Valbuena arrêtera-t-il de rouler par terre si personne ne le touche ? D'ailleurs, je ne veux plus la voir la sextape. Si on me donne le choix, là tout de suite, entre la sextape de Valbuena et un 0-0 tout pourri en direct entre Olympiakos et Panathinaïkos, je prends le 0-0. Bon, si vous avez la sextape, faîtes tourner quand même...
La distanciation sociale est au football ce qu'une session Skype est à une orgie. Elle annihile tout le plaisir du jeu. Je veux du contact. Je veux serrer dans mes bras Béber le libéro grassouillet de mon équipe. Je veux me faire renverser de la bière sur mon jean dans un bar. Je veux m'entendre dire que je n'y connais rien au foot par un mec bourré qui confond André-Pierre Gignac et Kendji Girac.
Le temps de finir cette chronique, je suis allé faire un football dans mon jardin avec mon fils de quatre ans. En le crochetant, j'ai réussi à me tordre la cheville sur la plaque du releveur de compteur d'eau. Résultat : entorse du ligament latéral externe avec possible arrachement ligamentaire. Pile-poil au moment où l'on ne doit pas se rendre aux urgences et où l'utilisation d'anti-inflammatoires est fortement déconseillée. Preuve supplémentaire que le football n'est pas fait pour être cloisonné. Le monde n'est pas fait pour être cloisonné. Le foot me manque. Le monde me manque ».
LE VIRUS EST (POUR L'INSTANT) PLUS FORT QUE LA PIZZA