Une section féminine en pleine croissance
On peut parfaitement avoir 100 ans bien tassé et se porter comme un charme. La preuve avec l'Etoile Sportive de Thury-Harcourt (ESTH) qui a célébré son centenaire le 11 novembre 2021. "C'est notre date anniversaire. On avait notamment organisé une exposition pendant une semaine avec 80 grands panneaux retraçant l'histoire de notre club, avec de nombreuses photos d'époque", se remémore Sylvain Niewiadomskyj qui défend un projet de restructuration depuis son arrivée à la présidence en juin 2019. Aujourd'hui, l'association située au cœur de la Suisse normande compte un peu plus de 300 licenciés répartis sur une quinzaine d'équipes dont la moitié de jeunes. Depuis cette saison, l'ESTH accueille même les enfants dès l'âge de 3-4 ans au sein de la section Eliote, dirigée par Françoise Lelandais. Eliote, soit étoile à l'envers ; un nom qui fait référence à la mascotte du club. "En retrouvant des photos d'équipe de la période couvrant jusqu'à 1925, on a constaté que les joueurs avaient toujours un petit nounours à la main sur lequel une couturière avait cousu un maillot rouge et blanc. On a décidé de le reprendre pour qu'elle devienne notre mascotte".
Depuis quatre ans, les effectifs des « Diables Rouges »* sont également copieusement garnis d'une soixantaine de joueuses avec, entre autres, des U11, des U13 et une équipe senior à 8. Cette féminisation concerne toutes les strates de l'Etoile Sportive : dirigeantes, éducatrices. "Parmi nos cinq encadrantes Marine (Helaine) vient d'obtenir son Certificat fédéral de football 1er degré. C'est une première chez nous. En parallèle, elle passe un BPJEPS (???). L'année prochaine, elle suivra une formation en alternance sur la gestion d'un club : l'administratif, le marketing, la communication..." Pour la qualité de son travail avec le public féminin, l'ES Thury-Harcourt a même décroché un label de bronze de la part des instances départementales, régionales et nationales. Un second label, cette fois-ci espoir, est, lui, venu récompenser la dynamique de l'école de foot. Il faut dire que le bureau de l'ESTH a consacré d'importants efforts dans l'accueil de ses jeunes. "Rien que la saison dernière, on a formé 15 encadrants. Si on veut faire du bon boulot pour assurer de bonnes séances, si on veut développer nos catégories, si on veut que les parents nous fassent confiance, on se doit d'avoir des éducateurs diplômés".
*L'ES Thury-Harcourt évolue avec des maillots rouges, des shorts blancs et des chaussettes noires, soit les mêmes couleurs que Manchester United dont les joueurs sont surnommés les « Diables Rouges ».
1 M€ d'investissement autour d'un synthétique pour fin 2024-début 2025
Toutefois, au regard de ses infrastructures actuelles, l'ES Thury-Harcourt a atteint le maximum de ses capacités. Pourtant, le potentiel est énorme dans cette ville d'environ 4 000 habitants avec 1 500 scolaires. "On assure déjà la promotion de notre sport dans le cadre de l'opération Foot à l'école", précise Sylvain Niewiadomskyj. Des constructions immobilières pourraient aussi amener plusieurs centaines de familles à s'installer dans un avenir à moyen terme, engendrant possiblement une forte demande en matière de ballon rond. C'est pourquoi le futur terrain synthétique prévu pour fin 2024 voire début 2025, en lieu et place de la pelouse naturelle du Stade Maurice-Grenon, devrait permettre au club de la Suisse normande de franchir un cap. "C'est une sacrée étape. C'est très important pour notre développement. Il y a une grande volonté de la mairie d'avancer sur ce dossier". Pour preuve, c'est la municipalité qui supporte en partie cet investissement légèrement supérieur à 1 M€, en y englobant les travaux annexes (l'éclairage, la main courante, les enrobés). Le Département du Calvados, la Région Normandie, l'Europe et l'Agence nationale du sport complètent l'enveloppe.
En attendant ce synthétique, un terrain de foot à 5 s'apprête à être inauguré dans les prochaines semaines. Si le coût est plus modique, il n'en reste pas moins conséquent : 77 000 € (hors taxes). "Normalement, c'est autour des 100 000 € mais on avait déjà la dalle". Autant d'équipements qui contribueront à accroître le nombre de licenciés de l'ESTH. "Je pense qu'on peut tendre facilement vers les 400", estime le dirigeant harcourtois arrivé au club en 2005 notamment afin d'accompagner son fils, Lucas, dans toutes les catégories. "On pourrait créer de nouveau une équipe de vétérans, on va encore développer notre section féminine et on veut mettre en place également du football adapté. Des premières séances avec l'IME de Saint-Rémy-sur-Orne ont déjà eu lieu".
Avec Nasser Larguet comme entraîneur-joueur dans les années 1980
Reléguée lors de l'exercice précédent en D1 départementale malgré une 9e place sur 12 engagés (la faute à la réforme des championnats de ligue augmentant le nombre de descentes), l'ES Thury-Harcourt a longtemps évolué dans les divisions régionales, sans jamais dépassée néanmoins le niveau DHR. C'était déjà le cas dans les années 1980 quand un certain Nasser Larguet en était le coach. Avant de diriger plusieurs centres de formation (le FC Rouen, le HAC, le SM Caen pour ne citer que ceux en Normandie), l'académie Mohammed VI au Maroc ou encore l'Olympique de Marseille en février 2021, l'actuel DTN de l'Arabie Saoudite a commencé sa carrière de technicien sur le banc des « Diables Rouges ». "Nasser a été notre entraîneur-joueur pendant trois saisons (1986-1989). Il venait d'obtenir son diplôme. Il était également responsable de l'école de foot. En parallèle, il était prof de maths au collège Notre-Dame", raconte Sylvain Niewiadomskyj n'oubliant pas que son club compte un deuxième ambassadeur prestigieux en la personne de Johann Gallon. L'ancien joueur du Stade Malherbe et coach de l'US Granville (entre autres) a tapé dans ses premiers ballons en Suisse Normande. "Ses parents tenaient un bar à Thury. Que ce soit avec Johan ou Nasser, on est encore régulièrement en contact. Ils sont tous les deux venus au centenaire du club".
Pour en revenir à Nasser Larguet, il faut dire qu'il a certainement officié lors de la plus grande affiche de l'histoire de l'ESTH. Le 3 mars 1989, en match amical, alors qu'elle est pensionnaire de PH (peu ou prou l'équivalent du R3 aujourd'hui), l'ESTH reçoit le Stade Malherbe de Robert Nouzaret, promu pour la première fois l'été précédent en Division 1, comme on l'appelait encore à l'époque. "Avec Philippe Montanier dans les buts, Jean-François Domergue comme capitaine, Franck Dumas, Christophe Point, Fabrice Divert, Yvan Lebourgeois...", énumère le président harcourtois. "Nous, on avait enregistré un renfort de choix avec Pascal Théault (qui allait devenir quelques années plus tard le directeur du centre de formation puis l'entraîneur des « Rouge et Bleu »)". Pour l'anecdote, les locaux s'étaient inclinés 4-0. 35 ans après, Sylvain Niewiadomskyj rêve de faire revenir le SMC pour l'inauguration du futur terrain synthétique. "On pourrait organiser une rencontre contre autre équipe professionnelle". En tout cas, l'invitation est lancée.
Le stade baptisé en hommage au président emblématique de l'ES Thury-Harcourt
Les joueurs de l'ES Thury-Harcourt évoluent à domicile au Stade Maurice-Grenon du nom de l'emblématique président du club de la Suisse normande. Et pour cause, que ce soit comme joueur ou dirigeant, il a consacré 40 ans de sa vie à l'ESTH dont 25 à la présidence. Maurice Grenon a également été président du District du Calvados. D'ailleurs, on retrouve une salle éponyme au sein de l'instance départementale à Caen.