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A l'image de Vire, les clubs normands constatent les dégâts

Un club de la dimension de l'AF Virois compte dix salariés dont trois joueurs sous contrat fédéral (Arthur Dallois, Louis Deschateaux et Jordan Perrier) et son entraîneur, Cédric Hoarau.

Un club de la dimension de l'AF Virois compte dix salariés dont trois joueurs sous contrat fédéral (Arthur Dallois, Louis Deschateaux et Jordan Perrier) et son entraîneur, Cédric Hoarau.

Les pensionnaires de Ligue 1 et de Ligue 2 ne sont pas les seuls à être impactés par cette crise sanitaire sans précédent. A tous les échelons du football français y compris dans les divisions régionales, elle se fait ressentir. Jusqu'à un certain niveau (qu'on peut situer en N1), le budget d'une association sportive est alimenté par trois postes principaux : les subventions des collectivités, les recettes internes (stage, loto, soirées diverses…) et le sponsoring des partenaires privés. Alors, bien sûr, on est loin des millions d'euros en jeu dans le milieu professionnel avec la manne des droits TV et des transferts, mais les conséquences économiques pourraient être tout aussi graves, voire plus.

"Il faut, dès aujourd'hui, penser à l'après. Il en va de la survie de nos structures"

"On a parfaitement conscience que le foot n'est absolument pas la priorité durant cette période. Mais des clubs de la dimension de l'AF Virois sont comparables à des entreprises classiques. On a des salariés, des charges, des engagements. En tant que dirigeants, on a des responsabilités. Il faut, dès aujourd'hui, penser à l'après. Il en va de la survie de nos structures", lance, en préambule, le président Christophe Lécuyer. Certains dirigeants normands n'hésitant pas à évoquer, purement et simplement, un dépôt de bilan !

A Vire, huitième de N3 avant la suspension des championnats, on n'en est pas rendus à une telle extrémité. Toujours est-il que la perte s'annonce sèche. Christophe Lécuyer a fait ses calculs. "On pourrait perdre environ 60 000 €", dévoile le président du club du Bocage. Une somme qui correspond à 15% de son budget (400 000 €). Loin d'être anodin. L'annulation de toutes les manifestations constitue un premier coup dur pour les finances des clubs. "Pour nous, ça représente un manque à gagner de 20 000 €. On avait notamment trois tournois prévus dans les prochaines semaines (jeunes, féminins et celui des partenaires)", confie le dirigeant. Si les championnats ne reprenaient pas leurs cours, l'AFV devrait s'asseoir sur 7 000 € supplémentaires. "Il nous reste encore 11 matches dont sept à domicile. Pour chaque réception, on fait 1 000 € de recette".

30 000 € de partenariats privés en moins

Mais ce sont surtout les revenus liés au sponsoring et au mécénat qui risquent de diminuer. La pandémie de Covid-19 fragilisant tous les pans de l'économie, certaines entreprises ne vont pas pouvoir tenir leur engagement. "En général, on perçoit 80% de nos partenariats privés en février, mars et avril. On ne touchera pas tout. Pour certains, ça sera seulement une partie, pour d'autres, rien du tout. Quelques uns de nos partenaires qui accueillent du public sont même fermés", détaille Christophe Lécuyer qui estime la perte à 30 000 €. Et quid pour l'avenir ? Fortement ébranlées par cette crise, il est quasiment acquis que des entreprises seront contraintes de cesser leur soutien au milieu sportif local la saison prochaine, voire dans les prochaines saisons.

"Le chômage partiel est appliqué tant que le confinement dure. Et derrière, il se passera quoi"

Si leurs revenus baissent, ces structures amateurs doivent faire face à des charges identiques. Un club de la dimension de Vire compte, par exemple, dix employés dont trois joueurs sous contrat fédéral (Arthur Dallois, Louis Deschateaux et Jordan Perrier) et son entraîneur, Cédric Hoarau. Comme l'y autorise la loi, l'AFV a sollicité du chômage partiel pour tous ses salariés (un dispositif qui permet de percevoir 84% de sa rémunération nette, ceux payés au Smic où travaillant à mi-temps toucheront, eux, la totalité de leur émolument ; l'Etat remboursant les sommes versées).

"Maintenant, qu'est-ce qui se passera quand le confinement sera terminé si les championnats ne reprennent pas ?", s'interroge le président virois. "Le chômage partiel est appliqué tant que le confinement dure. Et derrière ? Il faudra que je continue de régler mes salariés jusqu'au minimum à la fin juin sans source de revenus pour le club". Autant dire que le prolongement évoqué de la saison au-delà de la date du 30 juin, une des pistes étudiées par les instances fédérales, n'a pas que des partisans.

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