A côté du Pôle Espoirs masculin, créé à Lisieux en 2020, les jeunes footballeuses ont désormais toute leur place. La première section sportive d’excellence régionale féminine a chaussé ses crampons en septembre. "La Ligue de Normandie voulait proposer une structure adéquate pour accompagner les meilleurs profils de la région", explique Quentin Piquet, le responsable de cette section. Cette dernière regroupe donc les huit joueuses identifiées comme les meilleures de la génération 2010 (elles devaient être dix initialement), repérées lors de rassemblements et de détections sur le territoire. Pour assurer le suivi, "On voulait avoir les joueuses sur deux saisons minimum", précise l’ancien technicien du CA Lisieux, deux promotions seront constituées l’année prochaine (à partir de l'exercice 2024-2025) pour un effectif total de 20 joueuses.
Ces graines de footballeuses en herbe arrivent de toute la Normandie... ou presque. Seul l’Eure n’a pas de candidate cette saison. Issues des clubs de Tinchebray, Coutances, Dieppe, Quevilly-Rouen ou encore Lisieux, ces jeunes filles, du haut de leurs 13 ans, jonglent entre cours et entraînements. Elles sont scolarisées et hébergées au collège Marcel-Gambier. "Elles ont des horaires aménagés. Le lundi matin, elles peuvent arriver en cours plus tard que les autres élèves et le soir, elles quittent plus tôt pour pouvoir s’entraîner", détaille le responsable de cette section.
Triple projet : sportif, scolaire, éducatif
Dans cette aventure, réussite scolaire et projet sportif vont de pair. "L’un ne va pas sans l’autre", assure Quentin Piquet, très satisfait des quatre premiers mois. Cela va même plus loin. "C’est un triple projet : scolaire, éducatif et sportif. Je suis en lien avec le professeur d’établissement. Je participe aux conseils de classe". En cas d'attitude non appropriée à l’école ou de mauvais résultats scolaires, les joueuses peuvent même être sanctionnées sur le plan sportif. Toutefois, elles n'ont pas spécialement le temps d'égarer. Le rythme est soutenu. Ces adolescentes foulent la pelouse quatre fois par semaine : lundi, mardi, mercredi et jeudi. Des séances auxquelles s’ajoute le match du week-end avec leur club respectif. L’équilibre est tout trouvé. A Lisieux, elles bénéficient des mêmes installations que les garçons au Stade Louis-Bielman.
En revanche, garçons et filles ne partagent aucun entraînement. "On mutualise la partie médicale. On a des créneaux réservés chez un kinésithérapeute et un médecin", poursuit le chef d’orchestre de cette première promotion. Pourtant, il convient de noter que 50 % de ces joueuses évoluent encore en mixité dans leurs clubs. Certaines ne cachent pas leur ambition de jouer au haut niveau. C’est aussi l’objectif de la Ligue. "On souhaite les emmener au meilleur niveau possible. Pourquoi pas intégrer une équipe U19 national (seuls Le Havre AC et le SM Caen en sont dotés dans la région) ou un Pôle Espoirs au lycée". Le HAC aurait déposé un dossier pour créer un centre de formation féminin. De quoi donner envie aux joueuses de rester en Normandie. "On veut former des bonnes joueuses mais on souhaite aussi qu’elles restent ici", conclut Quentin Piquet. A elles d’écrire leur histoire…
Des actions pour sensibiliser les jeunes
La Ligue de Normandie a aussi la volonté de sensibiliser « ses » jeunes sur des thématiques tels que l’homosexualité ou le sexisme dans le sport ainsi que le harcèlement. Le 4 octobre, une troupe de théâtre lexovienne, baptisée Le Trimaran, s’est produite devant les filles et les garçons du Pôle Espoirs. Un projet artistique autour des Jeux Olympiques est également prévu au début de l'année 2024.