Une structure qui s'est « professionnalisée »
L'attente leur a paru interminable. Avec la fin prématurée des compétitions en France le 13 mars ; la faute à la pandémie de Covid-19 frappant notre pays, les Hérouvillais ont cru, à un moment, que leur accession en D1 pourrait être remise en cause. Pourtant, s'il y a une montée qui ne souffre aucune contestation, c'est bien celle-ci. Avec 11 victoires pour un nul en 12 journées* et huit longueurs d'avance sur leur plus proche poursuivant, les coéquipiers de Samir Alla ont survolé leur poule. Mais la perspective d'une saison blanche, comme ce fut brièvement évoqué, aurait ruiné tous ces résultats, aussi impeccables soient-ils. "Pendant un mois, on a jonglé. En plus, avec le confinement, on a suivi les rumeurs sur les réseaux sociaux. On a commencé à prendre peur, à paniquer", reconnaît le capitaine normand. "Même si on n'a pu fêter ça ensemble, quand le classement a été officialisé, ce fut encore plus fort qu'une libération".
Pour la deuxième fois de son histoire, après l'exercice 2012-2013, Hérouville Futsal évoluera donc parmi l'élite de sa discipline. Un billet en D1 qui vient récompenser une structure revue et corrigée mise en place à l'été 2019. Déplacements la veille des rencontres à l'extérieur, augmentation du nombre d'entraînement hebdomadaire (quatre par semaine contre trois au maximum auparavant), instauration de séances de musculation et de vidéos pour étudier les adversaires…, la troupe de Samir Alla s'est donné les moyens de ses ambitions. "Les joueurs ont fait des concessions sur leur vie personnelle. On a anticipé notre reprise avec six semaines de prépa au lieu de quatre habituellement. Ils ont consenti beaucoup d'efforts. Quand tu additionnes tous ces points…". Pour l'international français, c'est surtout l'arrivée dans le staff d'Eric Fouda en tant que préparateur physique qui a fait la différence. "Ça a vraiment tout changé. Ça a métamorphosé le groupe. En plus, Eric nous a aidé sur les aspects techniques et tactiques. Les garçons se sont montrés très à l'écoute. Il nous a fait progresser".
*Pour avoir aligné un joueur suspendu qui avait reçu trois cartons jaunes, Hérouville Futsal a perdu son dernier match sur tapis vert. "On a commis une erreur administrative", plaide coupable Samir Alla. "On pensait qu'il serait suspendu le week-end suivant. Heureusement, comme on avait une marge importante, il n'y a pas eu de conséquence".
"On va ouvrir une école de futsal et une section féminine"
Derrière la vitrine que constitue son équipe première, Hérouville Futsal se développe avec, à partir de cette saison, la création d'une école de futsal et d'une section féminine. "A nous de surfer sur la vague. C'est un projet qu'on porte depuis 2016 et qui va se concrétiser. On a obtenu plusieurs créneaux supplémentaires", se félicite Samir Alla. "On a toujours été soutenus par nos élus mais là, c'est digne d'une équipe de niveau national. On remercie le maire, Rodolphe Thomas, et son adjoint aux sports, Philippe Hannot".
L'école de futsal comptera une dizaine de licenciés dans chaque catégorie, des U6 aux U18. La section féminine a, elle, déjà séduit, une douzaine de joueuses. "On a organisé deux journées portes ouvertes. Ça a attiré plus de 50 gamins à chaque fois. Pour eux, ça va être bénéfique car ils pourront travailler en complémentarité du football sur herbe".
Ramzi Majri nouveau coach
Parfaitement conscients du fossé important séparant les deux divisions, "au moins deux-trois crans d'écart", les Hérouvillais entendent bien poursuivre leur « professionnalisation » alors que leur budget tourne autour des 35 000 €. C'est dans cette optique qu'un coach a été engagé en la personne du Lyonnais Ramzi Majri. "L'année dernière, j'avais la double casquette d'entraîneur-joueur. Mais on bénéficiait d'une dérogation. Pour la saison prochaine, ce n'était plus possible", explique Samir Alla de nouveau convoqué en équipe de France pour un rassemblement du 14 au 22 septembre (avec deux matches amicaux contre la Moldavie, les 20-21 septembre, à Orléans). "Avec Ramzi, on se connaît depuis longtemps. On s'est rapprochés. On a eu que des échos positifs sur lui".
Du côté de l'effectif, le président Ayoub Benazzouz se montre, jusqu'à présent, très discret même si Ricardo, un gardien espagnol, s'est engagé. Alors qu'ils avaient aussi donné leur accord, deux Brésiliens sont bloqués dans leur pays à cause du contexte sanitaire. En attendant de communiquer sur ses recrues, la relève, elle, commence à pointer le bout de son nez. Derrière, le désormais incontournable Tarik Baghit (ex-international U21), Sofiane Alla et Rahanne Kandoussi, membres du pôle futsal à Lyon, le seul existant en France, et internationaux U19, sont appelés à s'affirmer. Des renforts de l'intérieur qui ne seront pas de trop. Surtout que la D1 est composée de 12 équipes, contre dix à l'étage inférieur. "Ça nous fera 22 matches au lieu de 18". Dans ce championnat plus relevé et plus long, cadres comme jeunes n'auront qu'une idée en tête : éviter les deux dernières places pour obtenir le maintien.
Des affiches au Palais des sports de Caen ?
Afin d'offrir une exposition unique à sa discipline en Normandie, Samir Alla rêve de disputer les quatre plus belles affiches de la saison au Palais des Sports de Caen.
S'ils ont cru un temps ne plus pouvoir évoluer dans leur gymnase Allende pour leurs matches à domicile, les partenaires de Samir Alla peuvent souffler. "Quand tu accèdes à la division supérieure, tu as le droit à une dérogation d'un an", indique le capitaine normand. Pour respecter le cahier des charges de la FFF, son club devra, néanmoins, procéder à quelques ajustements : remplacement du tableau d'affichage, changement de la table de marque, installation d'un vestiaire pour le contrôle anti-dopage… Coût total : 11 000 € pris en charge par la municipalité.
Toutefois, la salle de sport hérouvillaise et ses 180 places assises risquent d'être bien trop petites pour les plus belles affiches. C'est pourquoi le porte-drapeau du futsal normand a entrepris des démarches, via le maire d'Hérouville, Rodolphe Thomas, pour délocaliser quatre de ses réceptions au Palais des Sports de Caen. Sollicité en fin de saison dernière, la Ville de Caen n'a pas repoussé cette proposition mais ne veut pas que cela perturbe le programme de ses clubs résidents (les basketteurs du Caen BC et les handballeurs des Vikings de Caen).
Du côté d'Hérouville Futsal, on s'y voit déjà. A tel point que les rencontres en question ont déjà été choisies : Béthune (12 décembre), Toulon (23 janvier) et le Sporting Paris (15 mai) sans oublier les galactiques de l'Accs Paris 92 (23 mars). Une équipe qui vient de recruter Ricardinho, élu à six reprises meilleur joueur du monde. Mais également Carlos Ortiz Jiménez, international espagnol, Bruno Coelho, capitaine de Benfica, le Brésilien Umberto ainsi que Landry N'Gala, international français. Une Dream Team qui sera dirigée par Jesùs Velsaco ; "ce qui se fait de mieux comme coach en matière de futsal", dixit Samir Alla. "On va proposer un magnifique spectacle. Jouer au Palais des Sports va nous permettre d'attirer un public plus large, de faire découvrir notre discipline".