Ils étaient 155 clubs normands de niveau régional engagés dans la 104e édition de la Coupe de France. L'écrémage des tours et le hasard du tirage au sort sont tels qu'il n'en reste désormais plus que deux. D'un côté l'ESM Gonfreville-l'Orcher (Régional 1) reste sur un 1/32e de finale historique dans l'épreuve, de l'autre l'ESFC Falaise (Régional 2) goûte pour sa part aux joies d'un 7e tour pour la première fois de son histoire. Peu avant 16 heures ce dimanche, il n'en restera qu'un. "On est très heureux d'être encore en compétition, il faut de la qualité dans les matchs certes mais il faut aussi de la chance sur le terrain et lors du tirage", clame le coach de l'ESMGO Rachid Hamzaoui avec modestie. "Je pense que sur l'ensemble, on mérite notre victoire contre Gisors mais il n'y a aucune notion de suprématie sur le monde régional". Il n'en demeure pas moins que dans un tableau qui se complexifie tour après tour, être un club de niveau régional au 7e tour a déjà une valeur d'exploit.
Les exploits, l'ESFC Falaise connait bien. Si son tour précédent l'a vue sortir victorieuse d'un duel chez un pensionnaire de R2 comme elle, en l'occurrence Ouest-Cotentin, la performance est à saluer puisque les Calvadosiens n'ont pas vraiment été vernis par le tirage depuis l'été car amenés à se déplacer pour la 6e fois en...6 tours. "On va mettre un plan de jeu pour espérer faire un grand match, projète l'entraîneur Romain Hengbart. "Si on doit sortir, on le fera la tête haute. Mais pourquoi pas continuer à rêver ? On a déjà été capables d'aller gagner chez une R1, les PTT Caen, déjà sur un synthétique, pourquoi pas rééditer la performance" ?
La quête d'un terrain synthétique pour se préparer à ce qui les attend à Gonfreville aura été la priorité des Falaisiens en début de semaine. Romain Hengbart souhaitait entraîner ses hommes dans les mêmes conditions que ce qui les attend ce dimanche et il a été exaucé par la municipalité caennaise qui a accepté de laisser l'un de ses synthétiques à disposition. Un détail qui peut paraître anodin mais qui pourrait avoir son importance alors que l'armada falaisienne souhaite faire une force de sa capacité à bien voyager. "C'est vrai qu'on aurait souhaité jouer chez nous", observe le buteur du tour précédent Stefan Krasnici. "On n'a que des matchs à l'extérieur mais pour le moment ça nous a bien réussi, on a quand même été battre l'ASPTT Caen, Verson, Ouest-Cotentin chez eux". Dans leur malheur, les Falaisiens constateront d'ailleurs que les tirages défavorables qui les privent de jouer à la maison se déroulent la seule année où les matchs se tiennent à huis clos. De quoi sans doute atténuer leurs regrets de ne pas pouvoir faire la fête avec des supporters qui s'étaient déplacés spontanément à une petite centaine à Caen lors du 5e tour.
Un duel de niveau régional inédit
Rapprocher les supporters du terrain sera une fois encore la mission des organisateurs même si toutes les contraintes de huis-clos à garantir et de tests-Covid à parfaitement orchestrer tiennent une place prioritaire. "C'est peut-être moins contraignant qu'un match où on doit accueillir beaucoup beaucoup de personnes", relativise toutefois le président gonfrevillais Emmanuel Leroux. "Là, on doit s'assurer que les gens ne rentrent pas en posant certains bénévoles comme stadiers. La retransmission du match sera une de nos solutions pour contrer le huis-clos, je sais que ça n'a pas la même saveur mais on joue le match, c'est déjà une bonne chose". Aux dernières nouvelles, la captation d'images au stade Le Mignot posait quelques problèmes au niveau de la connexion mais on imagine aisément que des solutions auront été trouvées à temps. Les Falaisiens veulent ardemment suivre ce match, premier 7e tour historique des leurs, certainement autant que les supporters de Gonfreville, qui avaient été 15 491 au stade Océane contre Lille il y a un an. Preuve que la Coupe de France draine toujours plus de suiveurs au fil des tours.
Romain Hengbart,
Coach de Falaise
"L'an dernier on avait pris les choses match après match, on a décidé de faire pareil", glisse Rachid Hamzaoui en quête de nouvelles sensation fortes. "Ce qu'on a réalisé la saison dernière a été mémorable au niveau du club. Je pense que l'expérience est importante, ce sont des choses qui se construisent en plusieurs années. C'est un travail réalisé par tous les acteurs du club : les joueurs, les dirigeants, les éducateurs, les bénévoles, les sponsors... C'est tout un ensemble." Entre un club récent seizième-de-finaliste et une formation qui n'avait jusqu'alors jamais humé le parfum du 7e tour, l'affaire pourrait sembler entendue mais la Coupe de France n'offre jamais de certitudes.
"Si on veut passer contre Gonfreville, il faudra se donner à 150%, exhorte Romain Hengbart. "On espérera aussi que les planètes seront bien alignées. Ce qui est certain c'est que par rapport au tour précédent, la semaine d'entraînement va nous avoir fait beaucoup de bien, au niveau mental et physique, ça va permettre aux joueurs de mieux se placer". Et le duel entre Seinomarins et Calvadosiens sera paradoxalement une plongée dans l'inconnue pour les deux camps alors même que les deux villes ne sont jamais séparées que par une centaine de kilomètres. "Je ne connais pas du tout Gonfreville", admet Stefan Krasnici. "Le coach les a joués quand il entrainait Bayeux et il nous a dit que c'était pas mal, qu'ils étaient capables de courir beaucoup". "Je ne connais pas du tout Falaise en dehors de tout ce qu'on a pu lire", lui emboîte le pas Rachid Hamzaoui. "C'est une équipe de niveau R2 qu'on n'a pas trop l'habitude de rencontrer ou de voir. Ce qui est sûr c'est que s'ils sont là, c'est qu'ils l'ont mérité. On va devoir être très sérieux". D'ailleurs, l'ESM Gonfreville-l'Orcher sait sans doute mieux que personne en ce moment qu'il ne faut jamais sous-estimer une formation d'une division inférieure.
L'ombre de la Covid plane toujours
Intronisé président de l'ESMGO l'été dernier, Emmanuel Leroux a découvert cette semaine tout ce qui incombe à des dirigeants à l'heure d'accueillir un match sous l'égide d'une menace nommée Covid. "Le virus aura été la seule incertitude car on ne peut logiquement jamais savoir à l'avance si les joueurs seront positifs ou négatifs", explique le président qui a nommé l'un de ses dirigeants référent-Covid. Les tests PCR côté Gonfreville ont été effectués vendredi midi, les tests antigéniques ce samedi, 24h avant le match. "Le protocole nous propose de faire les tests entre 48h et 72h avant la rencontre, on préfère les faire au plus près du match. Le jour du match, il y aura du gel hydroalcoolique à disposition au stade, tout sera mis en oeuvre pour que les joueurs soient dans les meilleures conditions. Ce n'est pas facile mais le protocole de la Ligue est très explicite". En définitive, le plus difficile pour les organisateurs est de faire comprendre aux supporters qu'ils ne sont, hélas, pas les bienvenus.
Aurélien RENAULT