Ce dimanche (30 mars), face à l'AJ Auxerre, une référence en matière de formation dans notre pays, l'US Avranches disputera son premier quart de finale de la Coupe Gambardella, la Coupe de France des jeunes. Avant ce rendez-vous historique pour les « Bleu et Blanc », la rédaction de Foot Normand vous propose une semaine spéciale avec un article par jour plus la couverture du match, en inside. Pour le premier volet de notre série consacrée à la relève du club du Sud-Manche, nous avons ouvert la boîte à souvenirs en interrogeant plusieurs joueurs des épopées précédentes.
Contre l'AJ Auxerre, dimanche, l'US Avranches disputera le premier quart de finale de Coupe Gambardella de son histoire. Ce record risque forcément de marquer le club manchois, mais même sans atteindre le Top 8 national, les devanciers de la génération Joseph Beauruel ont, eux aussi, connu leur lot d'émotions. "Je l'ai jouée deux fois, en 2017 et 2018", confie Bastien Launay, ancien de la maison « Bleue et Blanche », aujourd'hui au SA Epinal (N2). "La première, on s'est fait éliminer dès le premier tour, mais la seconde, on a pu aller jusqu'en 1/16e de finale après avoir éliminé Le Mans (1-0) sur le synthé". Manque de chance pour les protégés de Jérémie Maccio, le tirage au sort s'est alors montré particulièrement cruel pour la génération « 1999 ». "J'aurais aimé aller plus loin, mais on est tombés sur un cador très rapidement, le Stade Rennais, chez eux en plus", raconte le défenseur, encore un peu dépité. "On s'est fait bouger dans tous les sens, ça n'a fait que 3-0 mais ça aurait pu faire bien plus. En face, je me rappelle qu'il y avait eu un but d'Alan Kérouédan (meilleur goleador de National la saison passée sous les couleurs de l'USAMSM) et un doublé de Sofiane Diop (désormais à Nice)".
L'équipe avranchinaise qui comptait aussi dans ses rangs Benjamin Rennes, Edouard Leroy ou encore un certain Emilien Joba, actuel entraîneur des U18 Manchois, avait donc vu son aventure s'achever avant les huitièmes, mais l'expérience a quand même laissé de bons souvenirs. "Ça intéresse les gens parce que ça crée un peu l'événement, je pense", poursuit Bastien Launay. "C'est assez identique à la Coupe de France. Quand tu joues contre une équipe qui est au-dessus de toi, comme l'année où on a affronté Brest (L1) en 1/32e avec Avranches (en janvier 2023), tu te dis qu'on peut faire l'exploit sur un match. Et quand tu défies à une équipe un évolue un peu plus bas, tu as un peu cette peur de perdre. Ce sont les mêmes sensations".
"A la 90', je dois m'ouvrir le nez. Je me retrouve obligé de sortir parce qu'il y a du sang sur le maillot, et il y a un but derrière"
Mathis Lemeray
L'année d'après, c'est la génération de Mathis Lemeray, Evan Olivier et Paul Leherpeur qui s'est mise en quête d'exploit en Gambardella. Pour elle, le parcours a cependant pris fin dès les 1/32e, là encore en raison d'un tirage peu clément et la venue du Havre AC sur les hauteurs de la baie du Mont-Saint-Michel. "Tous les gens du lycée étaient là", rembobine Mathis Lemeray, aujourd'hui membre de l'effectif de la réserve de Saragosse (D4 espagnole). "Les gens suivent donc forcément, c'est vraiment un bon souvenir". La venue des jeunes Hacmen avait donné lieu à une rencontre très disputée et finalement remportée 2-1 par les visiteurs, au grand dam de l'arrière central. "Je crois qu'à la 90', je prends un coup, je dois m'ouvrir le nez, ou quelque chose comme ça. Je me retrouve obligé de sortir parce qu'il y a du sang dans le maillot, et il y a but derrière". Qu'à cela ne tienne, ce sont des souvenirs très positifs qu'a conservé le Manchois, notamment parce qu'il avait croisé le fer avec un certain Arouna Sanganté, l'actuel capitaine du HAC en Ligue 1.
Les ex-détenteurs du record toujours euphoriques
S'il y a une génération d'avranchinais qui a été profondément marquée par la Gambardella, c'est indéniablement la « 2004 ». Jusqu'aux récents exploits de Sacha Sorel et de ses camarades, ce sont El Habib Boinali, Thibault Simon et leurs partenaires qui avaient signé la plus grande performance du club manchois dans la compétition en ralliant les 1/8e de finale où le RC Strasbourg s'était révélé, un poil, trop fort (2-1). "J'étais le n°9, j'avais marqué quatre ou cinq buts, j'avais délivré une passe décisive et obtenu quelques penalties", énumère l'attaquant El Habib Boinali, toujours à l'USAMSM, au sein la réserve (R1). "Pour moi, la Gambardella, c'est un très bon souvenir, ça restera même gravé à vie". "C'est inoubliable en fait, c'est vraiment une aventure commune, un truc qu'on a partagé ensemble", abonde Thibault Simon, désormais pensionnaire du FC Agon-Coutainville (R1). "On était déjà tous amis et je pense que c'est pour ça qu'on a été aussi loin. Et on l'est encore tous maintenant, on se parle tous les jours".
"Dorian (Rosier), c'était un peu l'introverti de l'équipe. Quand il a marqué, il sautait et courait partout. On ne l'a jamais vu comme ça"
Thibault SImon
Les parcours de légende en coupe se fondent en général sur des matches hors du commun. Et pour les 2004, c'est indéniablement le 1/16e de finale remporté à l'issue de la séance de tirs au but face au Angers SCO (2-2, 4-3 tab) qui a tout changé. "Le meilleur moment, je pense que c'est quand on est partis gagner à Angers", se remémore El Habib Boinali. "On revient à la dernière minute, et derrière, on arrive à repartir avec la victoire. Pour moi, c'est ce moment-là le plus marquant". "Ce que je retiens, c'est notre dernier tireur, Dorian Rosier", raconte Thibault Simon. "C'était vraiment un peu introverti de l'équipe, qui ne parle pas et quand il a marqué, il a eu une explosion de joie, il sautait et courait partout, on ne l'a jamais vu comme ça. C'était vraiment quelqu'un de très apprécié de par son état d'esprit irréprochable, il ne disait jamais un mot au-dessus de l'autre et c'était lui le héros. C'était un petit symbole".
Derrière, les jeunes joueurs de Jean-Noël Le Buzullier ont donc hérité d'un nouveau déplacement, à Strasbourg, et c'est là qu'a pris fin leur belle épopée, tant sportive qu'humaine. "Quand je parle de la Gambardella, moi, je pense directement aux 1/8e de finale, même si on a perdu à Strasbourg", assure El Habib Boinali. Ce jour-là, l'attaquant désormais âgé de 21 ans avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour préserver les siens à flot, il avait notamment égalisé face à Robin Risser, à présent pensionnaire de l'équipe de France Espoirs. Mais cela n'avait pas suffi face à l'incontestable talent des Alsaciens. Entre autres, les Manchois avaient aussi dû se frotter à Habib Diarra, le talentueux milieu sénégalais aujourd'hui capitaine du Racing en Ligue 1. S'ils ont un temps été logiquement déçus, ils ne gardent désormais que de grands et précieux souvenirs. "C'est vraiment une génération qui restera gravée à jamais", conclut Thibault Simon. "Et on le sait, entre nous, on en parle tout le temps, on sait que ce qu'on faisait, c'était très, très beau". Et malgré le record de leurs héritiers, le parcours des « 2004 » restera dans les mémoires et dans les cœurs de tous les amoureux de l'US Avranches.
> Coupe Gambardella. Quart de finale - AJ Auxerre (Nat) / US Avranches (Nat), dimanche 30 mars à 13 H 30 à l'annexe du Stade de l'Abbé-Deschamps.
Sur son banc, Jean-Noël Le Buzullier a lui aussi vibré
S'il a laissé la main cette année à Emilien Joba et Clément Cazes, et que le record du club ne lui appartient désormais plus, sans une once d'amertume, l'incontournable Jean-Noël Le Buzullier a, lui aussi, vécu de grandes émotions en Coupe Gambardella dans son costume d'entraîneur. Pour lui, les émotions de cette compétition rejoignent incontestablement celles de la Coupe de France, qu'il a aussi connue, comme coach et en tant que joueur. "Il y a l'aspect tirage au sort qui est toujours sympa", confie-t-il. "Est-ce que tu vas recevoir ? Est-ce que tu vas te déplacer ? Tu rencontres assez vite des équipes que tu n'as pas l'habitude d'affronter, et puis, plus ça se resserre, plus les affiches sont sympas, ça attire du monde, ce sont de vrais matchs de coupe".
Quand on est entraîneur, les semaines qui précèdent les rendez-vous de Gambardella sont elles aussi singulières et tranchent avec le train-train quotidien. "Quand j'étais joueur, c'était des semaines particulières, donc pour les jeunes joueurs, même si ce n'est pas la Coupe de France, mais la Gambardella, c'est la même chose. Il y a une petite atmosphère particulière, c'est des semaines précédant de grands matchs. Par exemple, pour les gamins qui ont reçu Montfermeil sur l'honneur, avec 1 500 personnes au minimum ou qui ont joué à La MOS avec 2 000 personnes, ce sont évidemment des matchs différents". Et donc inoubliables.