A quoi reconnaît-on un rendez-vous particulier dans une saison ? A sa préparation peut-être, à un voyage la veille du match, à une nuit d'hôtel sur place ou bien encore à des entraînements fixés aux 25 et 31 décembre... "C'est vrai que ça nous change de nos habitudes", confirme Wilfried Dodard. "Hormis quand on a affronté des équipes corses il y a quelques années (en CFA2), on est toujours partis le jour même". Pendant la trêve hivernale, les Gonfrevillais, qui ont dû composer également avec l'absence durant plusieurs jours du coach Rachid Hamzaoui (retenu par des vacances en famille prévues de longue date), ont adapté leur programme en ne coupant que 96 heures, juste avant Noël.
Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle. Pour la première fois de son histoire, l'ESMGO a composté son ticket pour les 1/32e de finale de la Coupe de France. Pour atteindre ce stade de l'épreuve, les hommes du président Michel Garcia, en grande difficulté en championnat (lanterne rouge en N3 avec un succès pour dix défaites), ont réalisé un véritable exploit en terrassant l'US Créteil-Lusitanos, formation calée dans le ventre mou de N1 (5-2 AP).
"Sans vouloir paraître présomptueux, notre victoire est méritée. Il n'y a rien à redire. Même si les Cristoliens avaient fait un peu tourner leur effectif, on les a mangés dans tous les compartiments, y compris sur le plan physique à la fin. Le fait de s'imposer après prolongation a décuplé notre bonheur. On s'est montrés solidaires, on a fait les efforts les uns pour les autres jusqu'au bout", décrypte, avec fierté, Wilfried Dodard. Une qualification à la saveur forcément particulière pour cet enfant du pays, "le Totti de Gonfreville", se marre-t-il, référence à la fidélité de l'international italien à son club de toujours, l'AS Roma.
Sa première licence avec l'ESMGO à l'âge de 6 ans
"J'ai pris ma première licence en débutant, à l'âge de 6 ans. J'en ai 32 aujourd'hui", lance un Wilfried Dodard qui a pratiquement tout connu avec l'ESMGO : les montées en N3, les descentes aussi ainsi que les précédents parcours en Coupe de France comme cette élimination au 7e tour, face à Orléans, à l'issue de la séance des tirs au but, en 2014. "Ce jour-là, si ça avait été de la boxe, on aurait gagné aux points", se souvient ce couteau suisse qui a quasiment évolué dans toutes les positions sous le maillot « Rouge et Noir » : défenseur central, latéral et même gardien ! "Ça m'est arrivé suite à un carton rouge", précise l'intéressé, jouant surtout cette saison en milieu excentré droit.
Toutefois, samedi, sous les coups de 15 heures, peu importe le poste, la tactique, les titulaires, les remplaçants..., les protégés de Rachid Hamzaoui devront signer une énorme performance pour atteindre les 1/16e de finale. Le tirage au sort s'étant révélé cruel avec eux. Alors qu'il ne restait plus que quatre boules à dévoiler dans leur chapeau, Gonfreville a prié très fort pour accueillir le PSG.
Mais au lieu d'accueillir Neymar, Mbappé, Di Maria et toutes les stars parisiennes, l'ESMGO a hérité d'un déplacement à Saint-Brieuc, dauphin du FC Rouen dans la poule B de N2. "La plus grosse déception, c'est de ne pas recevoir", consent Wilfried Dodard. "C'est clair qu'on ne part pas favoris même si, par rapport à une Ligue 1 ou à une Ligue 2, ça reste plus abordable. On va tout mettre en œuvre pour s'imposer. Maintenant, le plus important, ce qu'on s'est dit entre nous, c'est qu'on ne veut pas avoir de regrets en sortant du terrain". Alors qu'ils ont déjà écrit l'une des plus belles pages de l'histoire du club gonfrevillais, Wilfried Dodard et ses partenaires n'entendent pas s'arrêter en si bon chemin.
> Coupe de France. 1/32e de finale - Saint-Brieuc (N2) / Gonfreville (N3), samedi 4 janvier à 15 heures au Stade Fred-Aubert.