Ses débuts à Saint-Martin-de-Tallevende
"Pour finir les entraînements, on allumait les phares des voitures"
Pour Cédric Hoarau, tout a commencé à Saint-Martin-de-Tallevende, « petit » club du Bocage qui a depuis été absorbé par le voisin virois. "C'est la famille Esneu qui le dirigeait. Le papa était président, la maman secrétaire, il y avait aussi quatre frangins : deux qui entraînaient, deux qui jouaient. Aujourd'hui, je croise encore certains bénévoles de l'époque". Avant de poursuivre sa carrière de joueur à l'AFV, il y effectuera toutes ses classes jusqu'en senior première année. "On était en district. On n'avait pas de super structures. Pour s'éclairer et finir les entraînements, on allumait les phares des voitures", se souvient celui qui fut membre de la deuxième promotion de la section sportive du lycée Littré à Avranches. Une anecdote qu'il aime parfois conter à son groupe pour lui rappeler la chance qu'il a d'évoluer dans de telles conditions. "Je m'en sers quand je constate que certains adoptent un comportement un peu bourgeois".
C'est également à Saint-Martin-de-Tallevende que Cédric Hoarau a réalisé sa "première mini-accroche" comme éducateur. "Dès 13-14 ans, on s'occupait des petits le mercredi après-midi. On venait avant notre séance. C'était le top". Avec ce club, l'actuel coach de Vire a tout connu, tous les postes, y compris gardien ! "Pour dépanner", précise-t-il. "Pourtant, quand j'étais gamin, je jouais devant. Mes parents me filaient cinq francs dès que je marquais un but. J'en avais claqué pas mal (sourire). J'avais dû changer mon cochon de lait".
Une décennie à La Maladrerie
"J'ai mis du temps avant de me détacher du club"
Après un premier passage à Vire, sur le pré, et une expérience à Bayeux où il découvre, véritablement, sa vocation d'éducateur, Cédric Hoarau rejoint La Maladrerie. Il y restera presque une décennie. "A la MOS, j'ai entraîné toutes les catégories : école de foot, U15, U17, U19 avant de diriger les seniors (DH). En tant que manager général, j'avais un œil sur tout", confie celui qui a également porté le maillot « Gris et Rouge » jusqu'en 2010 avant qu'une blessure aux adducteurs ne l'oblige à ranger ses crampons au placard. De ses neuf saisons au Stade Joseph-Déterville, le technicien a gardé une tonne de souvenirs comme quand il se battait pour que ses joueurs prennent une douche sous peine d'amende !
"Je voulais qu'ils passent du temps ensemble en dehors des séances. C'est important pour la construction d'un groupe. Quand j'étais à leur place, c'est là qu'on se racontait nos histoires, qu'on partageait des choses avec mes coéquipiers… Quand j'en chopais qui partaient sans prendre de douche, je leur demandais où ils allaient. Ils me répondaient : « On va chercher notre serviette dans notre voiture ». Comme ce n'était pas vrai, je les voyais ramener un vieux truc. C'était des fous, des vrais gamins, ils se cachaient", en rigole, aujourd'hui, Cédric Hoarau. Malgré un léger sentiment de lassitude et la sensation d'être arrivé au bout de l'aventure (après une montée en DH et une quatrième place, son équipe ne s'était classée que huitième pour sa troisième et dernière année à la tête des seniors), l'intéressé ne cache pas qu'il a eu dû mal à couper le cordon. "Ce fut compliqué de quitter la MOS. J'ai mis du temps avant de me détacher du club. J'ai connu une saison de transition".
"Avec Vire, il y aura une opportunité, un jour, de monter en N2"
De retour à l'AF Virois depuis 2017, Cédric Hoarau ne s'interdit rien, y compris une montée en N2.
Après pratiquement 15 ans « d'exil », Cédric Hoarau a renoué avec l'un de ses premiers amours en 2017 en devenant l'entraîneur de l'AFV. "C'est le destin", souligne le principal intéressé. "Vire, c'est particulier. C'est ma ville de naissance, mes parents y habitent toujours, j'ai joué là-bas". Depuis que l'enfant du pays est revenu dans son club de cœur, les hommes du président Christophe Lécuyer ont connu une montée en N3 ainsi qu'un 8e tour de Coupe de France.
Mais le technicien normand ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. D'ailleurs, il ne s'interdit rien. "Une montée en N2 ? Comme on dit, l'appétit vient en mangeant. C'est notre projet, étape par étape. L'exemple, c'est Granville. Sans prétention aucune, je pense qu'on en est capables. Un jour, il y aura une opportunité. Avec le président, on est d'accord. On se donne les moyens mais dans le calme, la tranquillité. On prend le temps de bien travailler".
Référent scolaire dans une école primaire à Caen
A noter qu'en parallèle de son rôle d'entraîneur, Cédric Hoarau a intégré depuis quatre ans les services de la Ville de Caen. "Après avoir commencé comme aide-référent, je suis référent scolaire dans une école primaire. En termes d'emploi du temps, c'est assez complémentaire avec le foot même s'il a fallu que je trouve un nouvel équilibre", témoigne le coach qui, avec ses deux activités, ne chôme pas.
Les entraîneurs qui ont compté
"A Bayeux, Marc Denis m'avait marqué. Il m'avait fracassé"
Marc Denis, Thierry Moreau, Philippe Tranchant… Autant de techniciens qui ont compté dans le parcours de Cédric Hoarau. "J'ai rencontré Marc (qui a notamment exercé entre 1992 et 1997 pour le centre de formation du Stade Malherbe) quand il était l'entraîneur de Bayeux (2007-2008). C'est quelqu'un qui m'a marqué, il avait une stature". Le coach de Vire n'a pas oublié ce debrief d'une victoire 5-4 de « ses » U13. "J'avais insisté pour avoir son avis. Je n'avais pas été déçu (sourire). Il m'avait fracassé. Sur le moment, ça m'a fait mal mais quelques jours plus tard, on est revenus dessus. C'est le premier à m'avoir donné des conseils, une méthode, qui m'a forcé à me remettre en question".
Cédric Hoarau s'est également nourri de ses échanges quotidiens avec Thierry Moreau à l'époque où les deux hommes officiaient à la MOS (2009-2010). "Thierry, il sent le foot. Au niveau de la formation, il avait toujours un œil sur ce que je faisais. Dès que j'avais une interrogation, il prenait à chaque fois le temps d'y répondre". S'il n'est plus en contact avec l'ancien professionnel passé par le SMC, Le Havre et Toulouse, le patron sportif de l'AFV appelle encore régulièrement Philippe Tranchant, l'ex-formateur du Stade Malherbe, croisé au bord des terrains. "Je ne sais plus pour quel sujet je m'étais permis de le contacter. Avant de prendre certaines décisions, j'aime bien avoir un avis extérieur. Il a toujours été de très bons conseils. Sur le contenu, il est extraordinaire".
Le soutien de son épouse, Malika
"Elle a été un moteur pour moi"
Dans son parcours, Cédric Hoarau a pu s'appuyer sur un soutien de poids, celui de son épouse, Malika. S'il a franchi le pas pour devenir entraîneur chez les seniors, elle n'y est pas étrangère. "Elle a été un moteur pour moi. J'étais peut-être trop gentil. J'avais eu mon DES (Diplôme d'Etat Supérieur) très tôt mais je dirigeais encore des U13. Elle m'a dit : « Tu es gentil avec ton diplôme en U13 ». Elle m'a poussé dans mes retranchements, elle m'a obligé à être exigeant, à ne pas faire de cadeaux…". Une passion pour le ballon rond que le couple partage mais avec quelques différences. "Madame, c'est Paris comme mon grand, Yacine (son beau-fils), et Nahelle (sa belle-fille). Alors que Baptiste, mon fils, et moi, c'est Marseille. Bon, je l'ai engrené. Dès qu'il a su parler, il a eu un maillot". Et Aliya, la petite dernière de la famille, quel camp va-t-elle choisir ? "Elle aura le maillot de Marseille, le short et les chaussettes du PSG". Pas sûr que ce compromis satisfasse sa maman. Chez les Hoarau, les prochains « classicos » promettent d'être encore animés.