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Comment les acteurs normands accueillent-ils la reprise du N2 ?

Le Granvillais Sofiane Hamard et le Rouennais David Giguel sont heureux de reprendre le championnat.

Le Granvillais Sofiane Hamard et le Rouennais David Giguel sont heureux de reprendre le championnat.

"Il faut qu’on sache. On a besoin de savoir. C’est oui ou c’est non. Soit on reprend, soit on s’arrête définitivement", avait clamé plusieurs fois David Giguel, le coach du FC Rouen, ces dernières semaines. Il a fini par être entendu. Ce jeudi 18 février, la Fédération française est passée des paroles aux actes concernant le championnat de National 2 qu'elle régit. L'annonce n'était d'ailleurs plus qu'un secret de Polichinelle depuis que la majorité des médias dédiés au football amateur s'était emparée de l'information en milieu de semaine. Cerise sur le gâteau, en plus de trancher, c'est vers une reprise que le Comex, l'entité suprême de la FF, s'est orienté. Son argument principal : le protocole Covid, testé en Coupe de France depuis un mois et qui a prouvé son efficacité, s'appliquera aussi au N2 à partir de mars. Un soulagement à plus d'un titre. "Ce qu’il faut retenir en priorité, c’est qu’on a tous envie de rejouer", expose David Giguel. "Qu'importe la formule retenue, on s’adaptera. On n’a pas le choix. On est tous conscients que c’est une période exceptionnelle".

"Qu'importe la formule retenue, on s'adaptera. On n'a pas le choix",
David Giguel, coach de Rouen

En déplacement cette semaine dans le cadre du diplôme d'entraîneur professionnel qu'il prépare, le coach granvillais Johan Gallon avait pour sa part évoqué dans le Foot Normand du mois de février ce football qui lui manque autant que sa détermination à voir la santé préservée à tout prix, "quitte à ne pas reprendre". Si l'on ne connaît pas encore son avis sur cette reprise, son joueur Sofiane Hamard ne cache pas, comme David Giguel, son appétence pour le retour de la compétition. "C'est vraiment une bonne nouvelle, se motiver avec seulement les entraînements devenait difficile".

Et pour cause. D'abord privés d'entraînement tout court lors du deuxième confinement, la majorité des clubs de National 2 a ensuite pu reprendre les séances, leurs footballeurs étant considérés comme sportif de haut niveau par l'Etat. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'essentiel de leurs contrats était d'ordre fédéral. Mais se contenter de s'entraîner sans l'adrénaline de la compétition comporte vite des limites. "On était un peu livrés à nous-mêmes pendant le confinement mais se retrouver en groupe a quand même permis de se motiver les uns les autres", explique Sofiane Hamard avant de nuancer. "Même quand on reprend en collectif cependant, sans objectif, c'est dur niveau motivation. Au début, on a mis beaucoup d'intensité dans les entraînements mais au fur et à mesure, on a bien vu que ça a diminué. Se donner à 100% sur chaque séance était devenu compliqué". Comment blâmer dès lors les 64 pensionnaires de cette quatrième division tous concernés par cette situation inconfortable ?

Rouen et Granville ont tout à gagner avec la formule, très peu à perdre

À compter du samedi 13 mars, c'en sera donc terminé de ces séances sans finalité de compétition. Ce jour-là, c'est la 10e journée initialement prévue le 7 novembre - soit 4 mois plus tôt - qui devrait battre son plein. Alors que Granville recevra Chartes, le FC Rouen sera en déplacement à Sainte-Geneviève-des-Bois et la réserve du Stade Malherbe chez la lanterne rouge Poissy. Comme l'imaginait David Giguel, la formule de reprise ne conduira qu'au bout de la phase aller (six journées à jouer sans compter les matches en retard) avant d'instaurer d'inédits play-off. Une formule qui ne garantit pas un traitement parfaitement égalitaire entre les participants. "On aura accueilli certaines équipes et d’autres non", avance le responsable des « Diables Rouges ». "Nous, par exemple, on comptera aussi un match de moins à domicile". Sans oublier les réserves professionnelles qui, elles, n'ont jamais cessé de s'entraîner. "On ne va pas rattraper en quelques jours notre retard accumulé depuis trois-quatre mois. C’est comme quand on a affronté Quevilly en coupe". Si elles ne constituent pas des rivales pour l'accession (contrairement à l'Espagne ou à l'Allemagne, les réserves ne sont pas autorisées à accéder au N1), ces équipes « B » jouent souvent un rôle d'arbitre.

"Cette nouvelle formule laisse un maximum de chances à tout le monde",
Sofiane Hamard, joueur de Granville

Après 15 journées, les huit premiers du classement se disputeront la course à la montée*. Respectivement huitième et neuvième, Granville et Rouen (qui compte un match a disputé le 27 février ou le 6 mars) vont donc d'abord devoir assurer leur place parmi les qualifiés. "Aujourd’hui, on n’y est pas", rappelle David Giguel. Quid des équipes classées de la neuvième à la 16e place ? Elles semblent condamnées à un simple rôle de faire-valoir. Si le N3 ne reprend pas comme on peut l'imaginer, les descentes de N2 seront gelées. Les play-down auront lieu mais seulement dans l'optique d'établir un classement et d'offrir le même nombre de rencontres à tout le monde.

Dans ce nouveau système qui rebattrait un tant soit peu les cartes, le FC Rouen et l'US Granville font partie des clubs qui n'ont rien à perdre, juste tout à gagner. Jusqu'alors distancés l'un et l'autre par le leader Saint-Privé/Saint-Hilaire, les deux représentants normands ont l'opportunité de s'inviter dans une course à la montée qui pourrait s'avérer palpitante. Peut-être la meilleure des moins bonnes idées dégotées par le Comex de la FFF. "Si on fait la moitié de la saison et des play-off, il y a de quoi faire monter une équipe", estime Sofiane Hamard. "On a peut-être tout à gagner dans cette nouvelle formule, ça laisse le maximum de chances à tout le monde. Je pense simplement que la reprise va être difficile physiquement, il faudra faire attention". Actuellement blessé à un genou, le joueur de 23 ans sait de quoi il parle. Le rythme risque d'avoir son mot à dire et à ce petit jeu-là, le FCR pourrait bien avoir le sourire. "On aura l’avantage d’avoir joué les deux matches de Coupe de France. Certains n’en ont joué qu’un, d’autres pas du tout", glisse David Giguel. À l'arrivée, les mots ne compteront toutefois plus le 13 mars, seule prévaudra alors la vérité des terrains. Une vérité qui, admettons-le, nous avait quand même bien manqués.

*Chaque poule, accession comme maintien, sera constituée de huit équipes en fonction du classement arrêté à l’issue de la phase aller, qui s'affronteront sur un seul match. Le nombre des accessions et des relégations restent identiques (une montée en N1, trois descentes en N3 à condition que ce championnat reprenne). 

Au Stade Malherbe, Fabrice Vandeputte a déjà défini son cap

Sitôt la reprise du championnat de National 2 annoncée, le coach de la réserve du Stade Malherbe (également appelé groupe pro 2) Fabrice Vandeputte s'est empressé, ce jeudi soir, d'annoncer l'heureuse nouvelle à son groupe. "Les joueurs sont très contents qu'on ait eu la confirmation. Dès ce vendredi matin, je les sentais très heureux dans les vestiaires", explique l'entraîneur. "C'est positif, ça fait quatre mois qu'on s'entraîne, on ne s'est jamais arrêté mais ça va faire du bien".

Alors qu'il a pris connaissance de la nouvelle formule du championnat ce jeudi seulement, l'ancien adjoint de Fabien Mercadal a d'ores et déjà fait part de ses attentes. "L'objectif est défini, il faut qu'on reste dans les huit premiers (le SMC est actuellement classé troisième) afin de jouer les play-off. Si on y arrive, on s'offrira davantage de temps pour préparer les plus jeunes et effectuer quelques expérimentations".

Aurélien RENAULT

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