Foot Normand

Comment l'ex-Saint-Lois Djilalli Bekkar est parvenu à placer le FC Dieppe au sommet du National 3 ?

Avec Djilalli Bekkar à sa tête, le FC Dieppe a vécu les fêtes de Noël dans le fauteuil de leader de sa poule de N3. ©Clémence Hédin

Dans le redoutable exercice que constitue la saison 2024-2025 pour le football normand, le FC Dieppe est incontestablement l'une des grandes satisfactions de la première partie de championnat. Le club seinomarin est, en effet, la seule formation de la région à avoir passé les fêtes de Noël dans le fauteuil de leader de sa poule, en l'occurrence le groupe E de National 3. Et il va sans dire que cette réussite est fortement imputable à un homme : Djilalli Bekkar, transfuge du FC Saint-Lô l'été dernier. "J'ai eu un avantage, c'est que mon arrivée s'est faite très tôt, car les contacts ont eu lieu dès le mois de mai lorsque le départ de l'ancien coach (Guillaume Gonel) a été annoncé", explique le technicien de 43 ans. Cela peut paraître anecdotique, mais en fixant leur avenir commun trois mois avant le début de la nouvelle saison, les « Harengs » et l'ancien entraîneur de l'AFC Compiègne ont gagné un temps précieux qui a notamment permis de réussir à recruter sans précipitation. Batissaninque Mendes, Florent Vasseur, Lenny Jérôme ou encore Orhan Sertoglü ont ainsi débarqué.

Le gain de temps a aussi permis à Djilalli Bekkar de diriger ses premières séances avant l'été, à peine le chapitre 2023-2024 refermé, et surtout de s'approprier son nouvel environnement et ses rouages. "Plus que de chercher à connaître l'environnement, ça m'a permis de placer les premières pierres de mon chemin assez tôt puisqu'au club, au-delà de ses caractéristiques, il y avait une feuille de route assez claire sur les objectifs, à savoir que le président souhaitait le maintien, sur le budget, sur le profil, le bassin autour de Dieppe. Ça a été beaucoup plus simple qu'à Saint-Lô par exemple".

"Quand on se donne les moyens, tout est possible. Après je ne te dis pas d'aller battre le PSG, je parle de là où on est"

Djilalli Bekkar

Pour les joueurs restés en place, la transition entre l'ère Guillaume Gonel (2018-2024) et celle qui s'est ouverte avec Djilalli Bekkar a, en tout cas, été plutôt facile à appréhender. Car si chaque technicien a sa propre méthode, tous deux se rejoignent sur un point : "Ce sont deux fous du boulot, deux acharnés, deux compétiteurs !" Ça, c'est Rémy Chombart, désormais le plus ancien élément de l'effectif du FC Dieppe, qui l'affirme. "Djilalli est peut-être plus exigeant et pointilleux sur quelques aspects", précise le joueur de 24 ans. "Il n'hésite pas à nous rentrer dedans, dans le bon sens bien sûr, toujours pour nous faire progresser individuellement et collectivement". Son travail de coach, l'ancien joueur du Grand-Quevilly FC l'articule d'ailleurs autour de trois grandes valeurs fondamentales : "travail, passion, détermination", qui font écho à ce que dit de lui l'un de ses cadres. "Il m'en faut toujours plus en fait, j'ai besoin de ça", glisse le technicien. "Je dis toujours que ce n'est jamais impossible, que tout est possible. Quand on se donne les moyens, tout est possible. Après, je ne te dis pas d'aller battre le PSG, je parle de là où on est. Oui, tout est possible".

Un héritage précieux du FC Saint-Lô

Ces derniers jours, Djilalli Bekkar a une fois de plus fait parler de lui positivement en Normandie puisque dans le cadre de nos « Trophées Foot Normand 2024 », c'est lui qui a été élu meilleur entraîneur de la région en récoltant 24,7 % des voix. Si c'est le fruit de son début de saison réussi à Dieppe, indéniablement, c'est aussi assurément grâce à son travail remarqué au FC Saint-Lô où il a fait très forte impression. Son passage dans la Manche, avec des joueurs plus jeunes, a d'ailleurs beaucoup appris à l'entraîneur. "Je me suis servi de l'année dernière", ne cache-t-il pas. "J'étais venu à Saint-Lô justement par rapport au fait que l'effectif était jeune, en leur disant que c'était à eux de s'adapter. Mais à un moment, je me suis dit : « Là, on va aller droit dans le mur, il faut changer ». A Dieppe, je suis resté dans cette ouverture, parce que dès la prépa, je m'interrogeais sur ces choses-là". "Il a su s'adapter un peu à ce que, nous, on demandait", abonde Rémy Chombart pour qui le passage du 3-4-3 initial au 3-5-2 a, par exemple, été couronné de succès. "Il s'est plus adapté au profil de ses joueurs, aux caractéristiques qu'on peut avoir pour faire une bonne mayonnaise"

"Les débuts de deuxième partie de saison, ce n'est pas ce qui nous réussit le mieux, par expérience"

Rémy Chombart

L'un des grands événements de la phase aller réussie du FC Dieppe, c'est aussi la décision du président Patrick Coquelet et de ses acolytes de prolonger Djilalli Bekkar jusqu'en 2026 dès novembre, seulement six mois après son arrivée dans la ville côtière, alors que l'équipe n'était que 7e (sur 14) au classement. "J'ai fait en sorte de travailler pour emmener le groupe, emmener les gens dans le club, avec moi, avec nous", expose l'entraîneur qui s'est dès lors senti pleinement crédibilisé aux yeux de tous avec un projet établi à plus long terme. Selon le coach, cela a pu "dissiper quelques doutes" qu'auraient pu encore avoir certains membres de l'effectif.

Désormais, le plus dur va cependant commencer pour les hommes de Djilalli Bekkar puisque si on a souvent vu les « Harengs » en haut de l'affiche à Noël, on a aussi régulièrement assisté du côté du FCD à des hivers piégeurs marqués par une baisse de régime et une dégringolade au classement. "Les débuts de deuxième partie de saison, ce n'est pas ce qui nous réussit le mieux, par expérience, je peux l'affirmer", sourit Rémy Chombart. "Mais on a un bon entraîneur qui sait ce qu'il veut et qui nous fait bien bosser. C'est ce qu'on fait, on bosse bien, on n'arrête pas de bosser. Et on sait qu'il ne nous lâchera pas". En amical, samedi 4 janvier, du côté du CMS Oissel (N3), les Dieppois ont eu un redoutable aperçu de ce qui les attendrait en cas de relâchement brutal. "On a perdu 5-1, mais on avait beaucoup travaillé physiquement", analyse Djilalli Bekkar qui veut se servir de cette petite claque pour bien reprendre, ce samedi, du côté de l'Olympique Saint-Quentinois, un ex-pensionnaire de N2. "Cette défaite va nous permettre de bien repartir. Ce n'est jamais bien de perdre, mais il vaut mieux que ça soit sur un amical pour reconcerner un petit peu tout le monde dans le travail, dans les efforts". Ce dont peuvent être certains les nombreux supporters dieppois, c'est que leur entraîneur ne lâchera pas les joueurs d'une semelle. C'est même peut-être là le principal ingrédient de sa recette gagnante.

> N3. J12 - Saint-Quentin (7e - 15 points) / FC Dieppe (1er - 21 points), samedi 11 janvier à 18 heures au Stade Paul-Débrésie.

Yann Athéba et Wanis Honsor, les deux recrues du mercato d'hiver

L'attaquant Yann Athéba et le latéral gauche Wanis Honsor viennent renforcer l'effectif de Djilalli Bekkar. ©Clémence Hédin

Avant de démarrer la seconde partie de saison, avec un déplacement sur la pelouse de Saint-Quentin, le FC Dieppe a officialisé deux recrues, quasiment coup sur coup. La première, Yann Athéba (25 ans) arrive en provenance des Herbiers, où il a disputé une dizaine de matches de National 2. Auparavant, cet attaquant avait claqué une vingtaine de buts en l'espace de quatre saisons sous les couleurs de l'US Fougères (N3).

La seconde n'est pas un inconnu des pelouses normandes. Membre de l'effectif du FC Rouen jusqu'à la saison dernière, où il a signé trois apparitions en National sous les ordres de Maxime d'Ornano, après avoir effectué le début de sa formation au HAC, Wanis Honsor (21 ans) vient renforcer le couloir gauche de la défense dieppoise.

Quitter la version mobile