Dans le groupe actuel de l'Évreux FC 27, impossible de ne pas remarquer Frédéric Mendy. Une carrure imposante d'un mètre quatre-vingt treize, des cheveux mi-longs et un charisme naturel attirent aussitôt les regards. Pour les plus anciens, celui que tout le monde surnomme « Fred » ne peut d'ailleurs décemment pas être considéré comme un nouveau-venu puisque l'attaquant de 33 ans est en réalité sur le retour après une folle aventure hors de l'Hexagone. "Je suis né et j'ai grandi à Evreux, j'y ai notamment vécu la fusion (en 2009)", confie la recrue la plus clinquante de l'intersaison ébroïcienne. "Je n'ai toutefois joué à l’EFC 27 que pendant 6 mois car j’ai été contacté par Patrick Vallée. Il reprenait un club professionnel à Singapour. Il m’a proposé un projet là-bas et je suis parti en milieu de saison direction l’Etoile Football Club". Fred Mendy ne se doutait alors sûrement pas qu'il ne rejouerait au football en France que 13 ans plus tard.
Fred Mendy
Débarqué en Asie, l'avant-centre ne subit pas un dépaysement trop brutal au sein d'un club franchisé à dominante française où figurent aussi l'ex-Brestois Matthias Verschave ou encore le joueur passé par Valenciennes Khaled Kharroubi. "Je n’arrivais pas titulaire, j’ai dû trouver ma place", rembobine le joueur de 33 ans. "Finalement, j’ai terminé meilleur buteur avec 21 réalisations et j'ai été repéré par un autre club du pays, Home United, avec qui j'ai pu jouer l'équivalent de la Ligue Europa en Asie. Avec eux, j'ai de nouveau marqué 21 buts." Fort de deux trophées, c'est en Europe et pas n'importe où, au Portugal, que se poursuit alors sa carrière.
Sur le Vieux-Continent, face à un football qu'il décrit comme "plus dur", Fred Mendy commence mal. "J’ai pu m’imposer là-bas mais quand je suis arrivé je me suis blessé, je me suis fait les métatarses". Avec patience, l'attaquant trouve ses repères et en l'espace de sept saisons à cheval sur deux passages, il connaît quelques consécrations, notamment une montée en Liga avec l'Union Madeira et différentes aventures au sein des effectifs d'Estoril et Moreirense. "Mon passage au Portugal m’a permis de me faire connaître en Europe grâce à la Liga et surtout d’intégrer la sélection nationale". Car Fred Mendy, outre une carrière professionnelle très fournie en club, c'est aussi près d'une trentaine de sélections avec la Guinée-Bissau et notamment trois Coupes d'Afrique des Nations consécutives disputées au Gabon, en Egypte et dernièrement au Cameroun. Assurément l'une de ses plus grandes fiertés.
Un retour à l'EFC 27 naturel et teinté d'ambitions
La grande question demeure alors la suivante : qu'est-ce qui a poussé l'avant-centre à se lancer dans l'aventure en National 2 de l'EFC 27, lui qui évoluait ces quatre dernières saisons au Vitoria Setubal après un bref passage en Corée du Sud et en Thaïlande (2016-2018) ? "Ce qui m’a motivé à revenir, c’est avant tout le projet du club", répond-t-il. "Des formations étaient intéressées, notamment au Portugal mais vu que j’ai fait beaucoup d’années à l’étranger, je me sentais prêt à revenir, je voulais me rapprocher de ma mère notamment". Lancé dans le bain du football et "encouragé à ne jamais abandonner" par des éducateurs du cru comme Philippe Lemaire ou encore Mohamed El Kharraze (aujourd'hui au Havre AC), Fred Mendy avait une boucle à boucler. "Je me sentais redevable à Évreux même si quand je suis parti, on n’était pas trop d’accord. Je pense que j'ai fait le bon choix, d'ailleurs je n’ai pas de regrets".
Fred Mendy
Pour l'entraîneur Romaric Bultel, disposer d'un tel profil au sein de sa jeune équipe à l'heure de s'attaquer au défi inédit du National 2 est une sacrée aubaine. "C'est Fred qui est rentré en contact avec nous", précise le technicien de 32 ans. "Le projet 100% ébroïcien lui convenait bien, il voulait en être". S'ils ne se connaissaient pas personnellement, le coach et l'attaquant ont "très vite matché". "Il a une belle expérience, un profil atypique. Il renforce notre identité, nous donne de la compétence et de l'expérience. Il est professionnel, très bosseur, il ne triche jamais que ce soit en séance ou en match. C'est quelqu'un de bienveillant qui nous apporte un profil différent d'Ikauar Mendes". L'ancien joueur d'Ulsan Hyundai en Corée du Sud a d'ailleurs aussi été convaincu de revenir par son ami de longue date Jean-Paul Mendy (40 ans), le vétéran du groupe.
Ceux qui le côtoient au quotidien du côté de La Madeleine à Évreux le décrivent comme "simple et humble". Lui est revenu avec ambition et une volonté affirmée de ne surtout pas en faire trop. "Je dis ce qu’il faut dire mais je ne vais pas dire tout et n’importe quoi sous prétexte que j’ai une carrière professionnelle derrière moi", tient-il à préciser. "C’est dans mon tempérament de m’exprimer, mes nouveaux coéquipiers sont plus jeunes et plus fougueux que moi, j’ai un peu plus de recul. Au niveau football, je n’ai pas grand-chose à leur apprendre. Ils ont du talent". Au point de réussir à se maintenir dans cette saison à hauts risques ? "Je ne veux pas avoir la prétention d’affirmer qu’on va se maintenir, je pense cependant qu’on a la qualité pour", répond celui qui compte bien ouvrir son compteur but au plus vite. Dès ce week-end du côté de Saint-Pryvé Saint-Hilaire ?
> N2. J1 - Saint-Pryvé Saint-Hilaire FC (13e) / Évreux FC 27 (4e), samedi 3 septembre à 18 heures au Stade du Grand Clos
Évreux peut éclaircir son début de saison
Avec quatre points en deux matchs pour sa découverte du niveau, l'EFC 27 a réussi des bon débuts en N2 et fait un solide quatrième du groupe A. "Pour l’instant, la saison a bien démarré. Je n’ai pas eu besoin d’en faire plus que ça car le groupe vit bien", analyse Fred Mendy. "Pour le moment, ça matche. On n’a pas été ridicules sur les deux premières rencontres, on a même été plutôt bien. Il faut être dans la continuité".
Après des confrontations avec deux réserves professionnelles (Guingamp puis Caen), les Eurois pourraient cependant faire face dès ce week-end à Saint-Pryvé Saint-Hilaire à la réalité du championnat. Le nouvel attaquant ébroïcien ne s'inquiète toutefois pas outre mesure. "On a les armes comme tout le monde. Je pars toujours du principe qu’on a deux bras, deux jambes comme les adversaires". Comme le martèle le staff depuis mi-juillet, il y aura assurément des passages à vide dans cette saison de découverte et Fred Mendy en a déjà conscience. "On n’est pas prétentieux, on est promu, il y aura des matchs difficiles mais quoi qu'il arrive, on fera tout pour se maintenir". Romaric Bultel espère certainement qu'au sein de son groupe, le message n'aura pas été compris que par son attaquant international.
Aurélien RENAULT