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Flavie Renouard, Eric Delaunay et Jérémie Mion nous racontent la folie de leurs JO

Du village olympique à Paris au site de voile à Marseille en passant par le centre de tir à Châteauroux, Flavie Renouard, Jérémie Mion et Eric Delaunay ont vécu de l'intérieur les JO de Paris 2024.

Du village olympique à Paris au site de voile à Marseille en passant par le centre de tir à Châteauroux, Flavie Renouard, Jérémie Mion et Eric Delaunay ont vécu de l'intérieur les JO de Paris 2024.

Il n'y a pas que le foot dans la vie ! En partenariat avec la Région Normandie, la rédaction de FOOT NORMAND a décidé, tout au long de l'année, de mettre à l'honneur les athlètes de la Team Normandie alors que cette année 2024 a été marquée par les JO de Paris.

"Tout retombe quand on rentre à la maison"

Des vacances et ça repart. Enfin, pas tout à fait. Alors que les JO de Paris 2024 se sont achevés il y a tout juste deux semaines, certains sont toujours nostalgiques. Les supporters tout d'abord, en quête d'émotions et d'exploits devant leur écran de télévision. Mais les athlètes français d'autant plus. Comment ne pas ressentir de blues post-olympique après une olympiade disputée à domicile ? "Impossible. Tout retombe quand on rentre à la maison", glisse Eric Delaunay, spécialiste du tir sportif dans la discipline du skeet.

Forcément. Comme les spectateurs, les sportifs ont eu le droit à 19 jours d'exaltation, de ferveur et de communion. Mais surtout, ils attendaient ce rendez-vous depuis quatre ans ! Alors, au moment de retrouver leur train-train quotidien, mieux vaut être bien entouré. "Heureusement que j'ai mon chien", sourit celui qui a nommé son toutou « Tokyo » après les JO de 2020. De son côté, Flavie Renouard a éprouvé "un petit vide" mais si elle n'a pas eu trop le temps de tergiverser. Après "deux-trois jours de repos", la Caennaise est repartie taper du pied sur le tartan. "J'ai rapidement repris l'entraînement car j'ai des échéances fin août avant la traditionnelle pause estivale en septembre". La spécialiste du 3 000 m steeple espère participer à l'étape romaine de la Diamond League, le 30 août.

"J'ai même gardé la housse de couette aux couleurs des JO"

S'ils ne peuvent rien contre la fin des Jeux, ces membres de la Team Normandie évoquent avec grand plaisir leurs souvenirs, encore tout frais. Il y a d'abord eu l'arrivée au village olympique à Paris, grand de 54 hectares. Parmi nos interviewés, seule Flavie Renouard y a vécu. Arrivée au centre névralgique des athlètes du monde entier deux jours avant son entrée dans la compétition, la Calvadosienne a vécu "un rêve éveillé". Elle a partagé sa chambre avec la lanceuse de marteau Alexandra Tavernier. "Je me suis très vite sentie chez moi. Il y avait tout ce qu'on voulait. L'organisation était parfaite. Il y avait des navettes toutes les cinq minutes pour nous emmener au Stade de France", raconte-t-elle. "J'ai même gardé la housse de couette aux couleurs des JO. Depuis, je ne la lâche plus !". Pas de reproches à formuler à propos des « fameux » lits en carton, ou de la clim', si discutée par les organisateurs et la maire de Paris, Anne Hidalgo.

A 800 km de la capitale, Jérémie Mion a partagé une toute autre ambiance. Hébergé dans un hôtel à la Marina à Marseille, le skipper normand a pris son pied. "C'était même mieux qu'au village. On était dans une zone fermée, où il était hyper facile d'aller d'un point A à un point B". Seul bémol ? "La nourriture aux allures d'un peu de cantine". Pas suffisant pour gâcher les troisièmes JO du Havrais. Le site de la cité phocéenne offrait des conditions parfaites pour la compétition. Quant à Eric Delaunay, il était basé à mi-chemin, à Châteauroux, site olympique choisi pour le tir sportif. L'équipe de France n'a pas choisi de se rendre au mini-village olympique du Centre-Val-de-Loire mais dans la petite ville d'Eguzon-Chantôme à 45' de Châteauroux. De quoi réjouir le Manchois de 36 ans : "On était dans notre bulle. Ça donnait l'impression d'être aux JO sans y être. Cela permet d'enlever cette chape de plomb", confie-t-il, bien conscient de l'importance du mental dans une compétition de cette ampleur. "On a aussi renforcé nos liens dans l'équipe. Il y avait une superbe ambiance".

"Toute la France était derrière moi, même ceux qui ne connaissaient pas mon nom"

Alors au moment de plonger dans le grand bain, l'adrénaline était à son apogée. En entrant dans l'arène, "J'ai vu ma famille, j'avais la banane", se remémore Flavie Renouard. "J'ai vécu à fond le moment. Tu prends le public et tu te concentres". Du haut de ses 23 ans, la Caennaise a été estomaquée par l'ambiance au Stade de France, poussée par 80 000 supporters tricolores. "Le public était en rythme. Pendant et après la course, toute la France était derrière moi, même ceux qui ne connaissaient pas mon nom ou l'athlétisme. C'était magique ! C'est la première fois que je vis une ambiance pareille". Lâchant quelques larmes sur une piste qu'elle ne voulait plus quitter, la steepleuse a terminé dixième de sa série, pas suffisant pour aller en finale, son objectif rêvé. Mais avec un chrono à 9''27'20, elle a tout de même signé sa meilleure performance de la saison et a rendu fière une Normandie toute entière.

Sur l'eau, Jérémie Mion a aussi fait vibrer sa Normandie et la Société des Régates du Havre dont il est licencié depuis 2012. Déçu de sa 6e place en duo avec Camille Lecointre, le skipper de 35 ans a relativisé quelques jours plus tard. "Etre finaliste aux JO, ce n'est pas rien. Y participer trois fois, c'est déjà un exploit", relate celui qui a terminé 6e de ces Jeux en dériveur mixte, après sa 11e place à Tokyo et 7e place à Rio, en 2016. L'ambiance du public de la cité phocéenne l'a aussi aidé à effacer sa déception. "Il y avait une ferveur incroyable. On n'a pas l'habitude", admet-il. Encouragé par 12 000 supporters par jour dans une fan zone sur la fameuse plage du Prado, le voileux a « kiffé ». "On nous a sauté dans les bras à la fin. C'est la première fois que je partage cette expérience avec des gens qui nous soutiennent. Des bateaux de spectateurs venaient nous voir au large, c'était incroyable ! Ce sont mes plus beaux JO, il n'y a pas photo !".

"J'étais là où a atterri Tom Cruise"

Les JO en France, dans son pays natal, n'ont pas d'égal pour Eric Delaunay. Comme son confrère en voile, il a vécu des Jeux mémorables. "Même à Rio, les gens n'étaient pas aussi fous !". Avec trois olympiades à son actif durant sa carrière, le Manchois avoue avoir été surpris par cette ferveur populaire, quitte à être déstabilisé. "Quand j'entrais dans l'arène, j'avais l'impression d'être une star. Je ne m'attendais pas à un tel engouement dans le public. C'était difficile car c'est un sport où il faut rester concentré et où l'erreur est fatale". Le tireur normand a terminé 9e, en équipe mixte et en individuel. Alors qu'il revient sans « breloque » autour du cou, l'émotion vécue aux Jeux suffit à alléger sa peine. "On a eu la Marseillaise, la Ola... Je ne revivrai jamais ça ! Le tir est capable de créer des émotions, c'est une fierté".

Des émotions, Flavie Renouard et Jérémie Mion en ont encore vécu le 11 août, lors de la cérémonie de clôture de ces Jeux de Paris 2024. Le Stade de France s'est transformé en salle de spectacle grâce à l’œuvre d'un autre normand, nommé Thomas Jolly, qui n'est autre que le directeur artistique de ces JO. La demi-fondeuse et le skipper étaient aux premières loges. "J'étais là où a atterri Tom Cruise !", s'extasie Flavie, comme une enfant. "Avec un ami, on avait repéré une croix au sol entourée de plusieurs vigiles, on s'est dit qu'il se passerait quelque chose. C'était incroyable, on ne s'en remettait pas !" Jérémie Mion n'a pas eu cette même chance mais en a pris plein les mirettes. "On n'a pas l'habitude de rentrer dans l'arène du Stade de France. C'était un moment de partage avec les autres Français. J'ai versé ma petite larme", raconte le skipper avec mélancolie. Les Jeux ont été une réussite totale. Les Normands en garderont des souvenirs pour l'éternité. Il est désormais l'heure d'ouvrir une nouvelle page...

Léa Quinio

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