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Gilles Fouache, du HAC... à Océane

En charge de la préparation des gardiennes de l'équipe de France comme, ici, avec la n°1 des Bleues : la Lyonnaise Sarah Bouhaddi, Gilles Fouache ne fait aucune distinction dans ses entraînements avec les hommes.

Depuis le 1er septembre, Gilles Fouache (troisième en partant de la droite) a intégré le staff de Corinne Diacre en tant qu'entraîneur des gardiennes de but de l'équipe de France. @FFF

"Je n'aurais jamais pensé que le football féminin en serait là aujourd'hui, ni que j'en serais là moi aussi". Quand il regarde en arrière, Gilles Fouache ne s'attendait pas à vivre une Coupe du Monde féminine en tant qu'entraîneur des gardiennes des Bleues. Il y a quelques mois, ce technicien de 45 ans s’occupait encore des jeunes des équipes de France masculines. Pendant plusieurs saisons, il a dirigé les gardiens des U16 aux U20, aux côtés de trois sélectionneurs : Patrick Gonfalone, Francis Smericki et Lionel Rouxel. Avec eux, il a participé à deux Mondiaux en Inde et au Mexique et à autant de Championnats d'Europe. Un beau chemin parcouru. Mais l'été dernier, Corinne Diacre, la sélectionneuse, lui a proposé un nouveau challenge. "Elle m'a demandé de rejoindre le staff avec comme objectif la Coupe du Monde féminines". Sa décision ne tarde pas à venir. "J’ai réfléchi deux jours, avec ma famille, puis je lui ai donné ma réponse". L'événement stimule ce natif du Havre. "Les féminines chez les A, c'est un beau mélange de professionnalisme et d’exigence. Et le fait que cette compétition se déroule en France motive doublement à montrer au public français ce beau football féminin".

A l'origine d'une équipe féminine à Gacé il y a 15 ans

Ce nouveau défi s’ajoute à son parcours atypique, oscillant entre les mondes amateur et professionnel. Celui qui est passé par le Havre Athletic Club, le CS Honfleur, l’USF Fécamp ou encore l’AS Gacé a vécu de riches années qui ont forgé le technicien et l’homme qu’il est aujourd’hui. "C'est un peu sur ce terroir là que je me suis formé aussi bien dans le milieu professionnel avec le centre de formation du HAC que dans un milieu semi-pro à Fécamp (National) ou dans un milieu plus régional à Honfleur et à Gacé", résume-t-il. Dans ces deux derniers clubs, en tant que « manager », il a côtoyé toutes les catégories, des plus jeunes aux seniors, des garçons aux filles. "C'est une expérience qui sert pour le futur. Je ne dirais pas que c'est essentiel parce que certains ont un parcours linéaire et ne connaissent que le professionnalisme. Mais j'ai la chance d'avoir un parcours atypique". Il détaille : "A Gacé, j'ai pu mettre des projets en place, mener des équipes tant dans l'entraînement sportif que dans le management des hommes. C'est une richesse qui me sert aujourd'hui et que je n'aurais peut-être pas eue avec un parcours plus linéaire".

C’est aussi dans ce club de l'Orne qu’il a pu lancer une équipe féminine, il y a près de 15 ans. Un temps où parler du foot féminin n'était pas chose facile. "Toutes les oreilles n'étaient pas ouvertes à ce moment-là", remarque-t-il. En tant qu'éducateur sportif dans les écoles, il a pu se rendre compte, dans la cour de récréation, que beaucoup de petites filles avaient envie de jouer au foot. "Un samedi matin, j'ai lancé une porte-ouverte au club et j'ai eu 61 petites filles. J'avais trouvé ça génial, mais à cette époque-là, c'était plus difficile de les fidéliser car il n'y avait pas grand chose qui leur était proposé et les infrastructures n'étaient pas adaptées. J'en avais gardé une dizaine". Une équipe avait été créée et évoluait dans un championnat avec des garçons.

Gardien de but depuis qu'il a sept ans

"Ça restera un bon souvenir d'avoir lancé ça à ce moment-là malgré les freins de beaucoup de personnes qui ne voyaient pas d'un bon œil le foot féminin". Mais pour lui, c’était quelque chose de normal. "C'est dans mon tempérament d'ouvrir le football à tout le monde parce que je trouve que c'est une activité extraordinaire : il ne faut pas grand-chose et ça peut redonner parfois envie à certaines personnes de faire une activité sportive ou de réintégrer un milieu un peu social". Au Havre, comme cadre technique, il a par exemple lancé du football pour les personnes en situation de handicap physique ou mental mais aussi pour les sans domicile fixe, afin de leur redonner le goût du sport. Sa passion pour le football, il l'a vécue par le biais de ce poste de gardien qu’il affectionne depuis son premier entraînement, à l'âge de sept ans. Comme joueur puis comme entraîneur, il ne l’a jamais quitté. "J'aime ce poste parce qu'il est rempli de responsabilité, il faut être mature relativement vite. D'ailleurs beaucoup d'anciens gardiens deviennent ensuite entraîneurs. Et puis il y a le maillot qui est différent, il y a des gants qui nous font rêver quand on est gamin. Ce n'est pas naturel de se jeter par terre mais c'est fabuleux car c'est un poste qui nous fait passer par toutes les émotions".

Ce poste, il le connaît bien et en entraînant notamment Sarah Bouhaddi, Solène Durand et Pauline Peyraud-Magnin (les trois gardiennes retenues pour ce Mondial), il n’agit pas différemment qu’il ne le fait avec les hommes. "Du point de vue technique ou tactique, ce sont les mêmes, c'est le même sport donc vous l'enseignez de la même façon. Quand vous travaillez une prise de balle, c'est pareil que ce soit une fille ou un garçon. J'ai donc souhaité les entraîner sans faire de différences, avec la même intensité et la même puissance dans mes frappes". La différence se situe plutôt au niveau de la taille puisqu'elles mesurent en moyenne quelques centimètres de moins. "C'est donc plutôt sur les positions que j’échange avec elles pour qu'elles trouvent leur meilleur placement dans les buts".

Un plan de développement national en septembre

Il se refuse d’ailleurs à comparer les niveaux masculin et féminin, car selon le Normand : "Il n'y a pas la même histoire". "Il y a 30 ans, on n'avait pas d’entraîneurs de gardiens de but. Pour les garçons, c'est arrivé ensuite très vite. Pour les filles, ça ne fait que quelques années qu'elles ont des entraîneurs spécifiques. Il faut laisser le temps au temps. Aujourd'hui, les staffs grandissent, les filles sont de mieux en mieux prises en charge". Une question liée aussi au fait que les plus jeunes se dirigent moins vers ce poste. "Il faut donc travailler sur les trois axes de ce développement en même temps : donner envie aux petites filles d'allers vers ce poste, trouver et perfectionner les meilleures dans chaque département pour leur faire faire du travail complémentaire et former les cadres".

Un travail qu'il réalise d’ailleurs au sein de la Direction technique nationale (DTN) à laquelle il consacre aussi une bonne partie de son emploi du temps. "On met en place un projet pour les gardiens et gardiennes de but sur le territoire national". Il verra le jour à la rentrée, en septembre. "On proposera dans les Ligues et Districts tout un plan de développement autour du rôle du gardien pour que ça soit uniformisé sur le plan national". Petit ou grand, fille ou garçon, en district ou en équipe de France, la question est la même : comment améliorer ce poste là dans les années à venir. Une réponse destinée à tous les échelons du football. Tous ces échelons que Gilles Fouache a côtoyés. Une richesse qu’il disait.

Gilles Fouache

> Né au Havre (Seine-Maritime). 45 ans.

Entraîneur des gardiennes de l'équipe de France. Membre de la DTN. Ex-conseiller technique du district Maritime.

Carrière de joueur : Le Havre (1987-1993, formation), Fécamp (1993-1995, National), Honfleur (1995-1999, DH).

Parcours d'entraîneur : Honfleur (1999-2003), Gacé (2003-2007).

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