Un Caennais en Indonésie
Dans une période où son Stade Malherbe connaît de sacrés remous suite à l'éviction de l'entraîneur Jean-Marc Furlan, Tidiam Gomis est bien loin des préoccupations actuelles du club. L'adolescent de 17 ans apparu à six reprises cette saison en Ligue 2, dont neuf minutes lors de la dernière défaite fatale du coach contre Troyes (2-1), est en effet passé en mode Coupe du Monde U-17. En Indonésie, il va devenir le troisième joueur malherbiste de l'histoire à défendre les couleurs tricolores. Avant lui, Lenny Nangis avait eu cet honneur en 2011 à l'occasion d'un tournoi où les Bleuets avaient atteint les quarts de finale. L'autre Caennais ayant aussi eu le privilège de disputer le Mondial U-17 n'est autre que Johann Lepenant. Désormais à Lyon, le Granvillais de naissance était de l'aventure brésilienne en 2019 lors du dernier tournoi en date que les jeunes Français avaient achevé à une belle troisième place.
Le Havre AC, la force de l'habitude
En tout et pour tout, en comptant 2023, on dénombre quinze joueurs qui évoluaient en Normandie à l'heure d'être convoqués pour un Mondial U-17. Si trois étaient donc caennais, onze étaient pensionnaires du Havre AC. Le club seinomarin a en effet pris de belles habitudes avec le tournoi international puisqu'il y a envoyé certains de ses pensionnaires à l'occasion de six éditions différentes. Le pionnier en la matière, le gardien Samuel Toutain, était de l'aventure en 1987, lorsque la compétition était encore un tournoi U-16. S'il n'a pas réussi à faire carrière derrière, nul doute que le quart de finale atteint au Canada l'aura marqué à tout jamais. Car les joueurs qui ont eu l'occasion de la disputer ont tous le même discours : si elle n'a pas l'aura de la Coupe du Monde des grands, la Coupe du Monde U-17 en partage de nombreuses saveurs.
Florent Sinama-Pongolle et Anthony Le Tallec, à jamais les premiers
Parmi les générations de Havrais ayant humé le parfum du Mondial U-17, celle qui a participé à l'édition 2001 est incontestablement la plus légendaire. Cette année-là, la France s'est en effet imposée à Trinité-et-Tobago, son seul titre dans l'épreuve jusqu'alors, et c'est un célèbre duo de Normands qui l'a portée sur ses épaules jusqu'au triomphe. Anthony Le Tallec et surtout Florent Sinama-Pongolle ont brillé de mille feux en Amérique. Si le premier nommé a réussi l'exploit de marquer un but en quart, en demie et lors de la grande finale, son compère a fait encore mieux puisqu'il a inscrit la bagatelle de neuf buts durant la compétition et s'est payé le luxe de remporter le Ballon d'or récompensant le meilleur joueur du tournoi, le Soulier d'or revenant au meilleur buteur et bien évidemment le trophée suprême. Aucun autre joueur n'est jamais parvenu à signer cet impressionnant triplé. Et jamais la Normandie n'a autant pesé sur le tournoi U-17 que cette année-là.
Paul Argney et Mohamed Hamony, les héritiers
Aux côtés de Le Tallec et Sinama-Pongolle, on retrouvait aussi un certain Kévin Debris dans l'effectif des Bleuet en 2001. Cette édition n'est cependant pas la seule où le HAC a su envoyer trois de ses meilleurs éléments en équipe de France puisqu'en 2011, le futur champion du monde Benjamin Mendy, Jordan Vercleyen et Adam N'Kusu ont eux aussi représenté le club doyen au Mexique, à l'occasion d'une compétition où les Bleuets sont tombés avec les honneurs en quart contre le pays hôte (2-1). Si Yahia Fofana (2017) et Melvin Zinga (2019) ont aussi représenté le HAC au Mondial U-17, le club ciel et marine sera de nouveau représenté cette année. Le gardien Paul Argney a en effet été sélectionné par Jean-Luc Vannuchi et apportera une petite dose d'US Avranches dans la liste tricolore puisque le natif de Granville a évolué sur les hauteurs de la Baie du Mont-Saint-Michel entre 2017 et 2021. L'autre Havrais, quant à lui, ne représentera pas la France mais le Maroc. Il s'agit de Mohamed Hamony, membre des U-19 nationaux où il compte quatre apparitions cette saison et déjà élu homme du match - rien que ça - lors du succès inaugural de son équipe contre le Panama (2-0), vendredi.
Pierre Bourdin, des souvenirs pour la vie
À désormais 30 ans, Pierre Bourdin a bien baroudé du PSG à la Belgique où il a connu une jolie carrière professionnelle. Désormais à l'AF Virois en National 2, le solide défenseur a lui aussi disputé la Coupe du Monde U-17 en 2011, au Mexique. Si la compétition s'est présentée à l'aube de son parcours sénior, celle-ci résonne encore en lui et il conserve une profonde affection pour l'épreuve. "Ça a eu un petit impact sportif pour la suite de ma carrière", reconnaît-il d'ailleurs. "Mais c’est surtout sur le côté humain que j'ai beaucoup de souvenirs. J’ai beaucoup appris, et j’ai eu la chance d'avoir pu vivre ces moments-là." Pierre Bourdin et ses partenaires d'alors Aymeric Laporte, Benjamin Mendy ou encore Sébastien Haller ont vu leur parcours s'arrêter en quart de finale contre le pays hôte (2-1) dans une ambiance fabuleuse. "On avait déjà fait beaucoup de tournois internationaux, mais c'était d'une toute autre ampleur", raconte-t-il aujourd'hui. Pour un jeune footballeur qui n'a même pas passé la majorité, l'événement secoue les tripes et offre des émotions qui ne se présenteront la plupart du temps jamais plus.
Pour Alan Kérouédan, c'est comme si c'était hier
Rayonnant sous le maillot de l'US Avranches depuis le début de la saison de National, l'attaquant Alan Kérouédan a lui aussi une histoire avec le Mondial U-17 puisqu'il l'a disputé en 2017 en Inde. Aux côtés de Maxence Caqueret et Amine Gouiri entre autres, celui qui évoluait encore à Rennes à cette époque a rallié les huitièmes de finale où l'Espagne lui a barré la route, comme lors de l'Euro de la catégorie. Si la déception était au rendez-vous, les souvenirs sont eux aussi précieux pour le Manchois. "C'était une expérience de fou parce qu'en vrai, tu te retrouves à représenter ton pays à la Coupe du monde alors qu'une Coupe du monde, tu ne regardes ça qu'à la télé", se remémore le joueur. "De pouvoir y participer, c'était quelque chose de fort". Titulaire contre le Honduras (victoire 5-1) et sorti du banc contre le Japon (victoire 2-1), Alan Kérouédan s'est longtemps nourri de ces moments uniques. "C'est mon plus grand souvenir en sélection avec l'Euro et évidemment ma toute première sélection qui a eu lieu en Bretagne", sourit le natif de Quimper.
Pour l'anecdote...
On a évoqué une liste de 15 joueurs ayant été appelés à disputer la Coupe du Monde U-17 alors qu'ils évoluaient en Normandie. On dénombre trois Caennais (Lenny Nangis, Johann Lepenant et Tidiam Gomis) et onze Havrais (Samuel Toutain, Kévin Debris, Florent Sinama-Pongolle, Anthony Le Tallec, Jordan Vercleyen, Adam N'Kusu, Benjamin Mendy, Yahia Fofana, Melvin Zinga, Mohamed Hamony et Paul Argney). Il manque donc un joueur et s'il n'est pas aisé de s'en souvenir ou même de simplement le savoir, l'Haïtien Nikola Pérou a participé à Corée du Sud 2007 avec sa sélection alors qu'il évoluait sous les couleurs de...l'US Alençon, le troisième club de Normandie à avoir donc été représenté au Mondial U-17.