Cette saison, l'ASTD s'est invitée sans trembler au bal du 7e tour de la Coupe de France et le surmonter serait tout bonnement historique. Il faut remonter à décembre 1939 pour trouver trace d'une présence trouvillo-deauvillaise au-delà de ce palier ! En ce temps-là, alors que la Seconde Guerre mondiale venait d'éclater, le club de la Côte Fleurie avait été éliminé par l'US Quevilly au stade des 1/32e de finale. Une autre époque. Pour l'ASTD d'aujourd'hui, il n'est toutefois pas question de penser à figurer parmi les 64 derniers rescapés nationaux. Du moins pas encore. "On bloque toujours au 7e tour et j’espère que cette année, on arrivera au moins au 8e", déclare Alain Leverrier, président depuis 2019 et membre de l'institution depuis 55 ans. Le 7e tour en question, Trouville-Deauville le disputera justement ce dimanche contre Plancoët, une formation issue du Régional 2 breton. Si la « Vieille Dame » est d'humeur à respecter la logique, les supporters pourraient alors bien vivre une fête mémorable sur les coups de 16 heures.
Pour se hisser à ce stade de la compétition, l'ASTD a su forcer son destin, toujours hors de ses bases, en s'appuyant cependant sur un tirage particulièrement clément. "C’est ce que je dis aux gars, pour réussir un parcours en Coupe de France quand on est un club de Régional 1, il faut un tirage au sort favorable", expose Alain Leverrier. "Je pense qu’on est assez gâtés à ce niveau-là. On n’a rencontré qu’une équipe de même niveau que nous (Pavilly au 6e tour pour un succès 5-0)". Pour le reste, le club calvadosien n'a affronté que des formations évoluant dans des divisions inférieures. Ce sera d'ailleurs encore le cas ce week-end.
Si le club a le sourire en ce printemps 2021, c'est aussi parce qu'il a su retrouver une forme de sérénité en interne sous l'impulsion de son président. Une tranquillité sans doute pas étrangère à sa bonne santé actuelle. "La crise ne nous a pas vraiment fait de mal", constate d'ailleurs le chef d'orchestre. "J’ai pu refaire un bureau entier de personnes qui sont pro-ASTD où chacun reste à sa place et dispose de missions particulières. Je touche du bois, tout fonctionne très bien. On a beaucoup de bénévoles qui avaient arrêté et qui sont revenus. L’ambiance s’est améliorée. Il y avait encore des tensions voilà deux ans mais là, on a retrouvé de la sérénité. On a su profiter du Covid". Doté d'un effectif très réduit pour le Régional 1, le club en a aussi profité pour recruter davantage de joueurs à même de mieux appréhender le championnat. Par effet domino, l'équipe réserve s'en est trouvée dynamisée et l'équipe C, disparue un temps, a pu renaître de ses cendres.
Un club ambitieux oxygéné par deux villes
Même au niveau de ses licenciés, l'AS Trouville-Deauville n'a pas trop souffert des effets de la crise sanitaire. Actuellement, 328 licenciés parmi lesquels 150 enfants âgés de 5 à 17 ans vont et viennent chaque semaine sur les cinq terrains qui composent le Parc des Sports. "Au niveau de l’école de foot, en respectant les normes sanitaires, on a su maintenir un maximum d’entraînements durant toute la saison dernière", se félicite Alain Leverrier. "Les effectifs au niveau des jeunes sont restés stables, idem pour les adultes. Ça s’est donc bien passé". Si sur le territoire de Trouville-Deauville, les partenaires ne privilégient pas forcément le football, l'ASTD tient bon la forme grâce à un tissu de nombreux bénévoles. Aussi, le club qui regroupe deux cités du littoral peut s'appuyer sur le soutien de deux municipalités, ce qui est loin d'être un détail. Le président insiste d'ailleurs : "Quand on évoque le club, il faut parler à la fois de Deauville et de Trouville car les deux villes sont nos partenaires et donnent chacune les mêmes subventions. Elles participent d'ailleurs toutes deux à parts égales à l’entretien du stade Commandant Hébert".
L'enceinte deauvillaise devrait accueillir "entre 550 et 600 personnes" pour le duel de ce dimanche. Cette saison, le public a retrouvé une équipe enthousiasmante selon les dires du président. L'entraîneur Jamal El Gabbhar profite ainsi de l'apport des frère Gilot, Quentin et Richard (devenu capitaine), qui ont débarqué des Municipaux du Havre. Il peut aussi compter sur Driss El Arabi, qui a troqué ses chaussures de futsal (il évoluait à Hérouville Futsal) pour rechausser ses crampons. "Driss est un joueur qui met de l’ambiance et qui dynamise le groupe", se réjouit Alain Leverrier. "Avec un joueur comme lui, tout le monde a le sourire et prend du plaisir". Influent dans le jeu de l'ASTD, le frère de Youssef El Arabi a d'ailleurs signé un doublé au tour précédent aux dépens de Pavilly.
L'armada trouvillo-deauvillaise, qui a déjà marqué 24 buts en cinq matches de Coupe de France, aura clairement des arguments solides pour se défaire de Plancoët. "Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu l’ASTD marquer autant de buts. Ce serait bien qu’on fasse la même chose en championnat", glisse le président qui avait fixé en début de saison le podium en Régional 1 à son équipe fanion toutefois seulement 11e pour l'heure. Alain Leverrier, joueur lors de l'époque où le club avait atteint la D4, sait de quoi il parle quand il fixe des objectifs. Il pourrait d'ailleurs bientôt devenir le président qui a ramené l'ASTD en 1/32e de finale pour la première fois depuis 82 ans ! Et si l'on insiste autant sur ce tour depuis le début de cet article, c'est parce que l'équipe de la Côte Fleurie a un vrai coup à jouer d'ici à l'entrée en lice des clubs de Ligue 1. Si l'obstacle Plancoët venait à être surmonté, la suite de l'histoire n'aurait pour cause rien d'indigeste. "Si on passe ce tour, on affrontera soit Plédran, une formation bretonne de R3, soit une équipe de Mayotte (les Jumeaux de M'Zoisia)", rappelle le président. Et si c'était la saison de l'AS Trouville-Deauville ?
> Coupe de France. 7e tour - Trouville-Deauville (R1) / Plancoët (R2), dimanche 14 novembre à 14 heures au Stade du Commandant Hébert.
Les futurs défis d'un club dans un territoire en mutation
C'est un fait : la population de la Côte Fleurie est vieillissante et le renouvellement de la population est rendu compliqué par la flambée des prix de l'immobilier. "Sur la région, les jeunes couples ont tendance à s’expatrier dans d’autres communes telles que Pont-L’Êveque ou même Beuzeville", fait remarquer Alain Leverrier. "On a quand même la chance d’avoir un bassin d’emploi important. Même si les jeunes habitent à l’extérieur, ils viennent travailler sur Deauville ou Trouville donc on a quand même quelques enfants qui restent dans la région".
Le président de l'ASTD a tout de même conscience des difficultés qui s'annoncent pour maintenir à flot le nombre de licenciés du club. "Ça reste le point noir qu’on aura à traiter dans quelques années", reconnaît-il. "La population vieillit, quand il y aura moins de jeunes, ce sera difficile. On a la chance d’avoir un lycée de territoire à Deauville, ça nous aide encore mais le nombre de classes y diminue. Il y a un vrai déplacement de la population jeune". Un beau parcours en Coupe de France est alors une aubaine pour, plus que jamais, faire montre de son attractivité.
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Aurélien RENAULT