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Le football rouennais à l'heure du couvre-feu

A l'image du SC Petit-Couronne, les clubs de l'agglomération rouennaise vont devoir composer avec l'instauration d'un couvre-feu à partir de 21 heures pour les quatre prochaines semaines.

A l'image du SC Petit-Couronne, les clubs de l'agglomération rouennaise vont devoir composer avec l'instauration d'un couvre-feu à partir de 21 heures pour les quatre prochaines semaines.

A l'image du 5e tour de Coupe de France Dives - QRM dont le coup d'envoi a été avancé de deux heures ou de la rencontre de R1 Pacy-Ménilles - Le Mesnil-Esnard reprogrammée au dimanche après-midi au lieu du samedi en début de soirée, on a assisté ce week-end aux prémices des conséquences de l'instauration d'un couvre-feu dans l'agglomération rouennaise. Et c'est loin d'être fini... "On est partis ainsi jusqu'à la fin de l'année(1)", estime un Yves Duval en première ligne. "On fait partie des 33 heureux élus", rappelle, non sans une pointe d'humour noir, le président du SC Petit-Couronne, sous-entendu des 33 communes frappées par cette limitation horaire. Comme dans huit autres métropoles françaises(2), le gouvernement, afin de lutter contre la propagation de la Covid-19, a publié un décret interdisant à la population de circuler entre 21 heures et 6 heures du matin.

"Les jeudis-vendredis, on craint l'embouteillage. Est-ce qu'on aura des terrains pour tout le monde ?"

Dans le monde du sport, cette mesure concerne les compétitions mais également les entraînements. Pour le football amateur et ses milliers de licenciés, c'est là que les difficultés commencent ; les séances ayant majoritairement lieu le soir. Pour permettre aux joueurs, staffs et bénévoles d'être rentrés chez eux à 21 heures, les clubs sont dans l'obligation de s'adapter. "Comme ce sont les vacances scolaires, les U15-U18 ont avancé leurs entraînements dans l'après-midi. Pour les jeunes, je pense qu'on est à peu près tranquilles pendant 15 jours (la durée de ces congés à la Toussaint)", souffle le dirigeant couronnais.

Restent les seniors et les vétérans. "Comme ils travaillent quasiment tous, c'est forcément plus compliqué. En général, ils débutent à 19 heures pour terminer autour de 20 h 45", expose Yves Duval. Avec ces contraintes horaires, pas le choix, les entraîneurs vont devoir raccourcir leurs séances. "On va aussi essayer de les avancer de 15-20 minutes quand c'est possible". A la reprise des cours, le casse-tête risque un poil de se corser. "Chez nous, les jeudi-vendredis, on craint l'embouteillage. Surtout que désormais, comme la nuit tombe à partir de 18 heures, on a besoin de terrains éclairés. Est-ce qu'on en aura pour tout le monde ?", s'interroge-t-il. "On a déjà prévu de décaler une équipe sur un autre stade".

Avancer et raccourcir les séances

Quelles que soient leurs catégories, même en finissant à 20 h 30, pas question de boire un verre ensemble derrière. "Dans mon groupe de vétérans, j'ai des mecs qui habitent à 30-35 minutes du stade". Mieux vaut ne pas traîner non plus sous la douche. Bon, à Petit-Couronne, le problème ne se pose plus depuis deux semaines et le passage du secteur en « Zone d'alerte renforcée ». "Seuls les jeunes ont accès aux vestiaires, plus les seniors ni les vétérans. C'est une décision de la mairie", indique Yves Duval. "De toute façon, quand vous vous déplacez dans l'agglomération rouennaise, vous avez une chance sur deux de ne plus avoir de vestiaires ni de douches". Une interdiction (une de plus) qui donne lieu à des scènes cocasses avec des joueurs qui se changent dans leur voiture, sur le parking ou dans les tribunes.

"Le foot s'en sort bien. Chez nous, le basket et la gym ont perdu beaucoup de licenciés"

"Chacun à sa technique", en plaisante le président couronnais. "Des clubs installent des barnums, des tentes. Pour les enfants, ils arrivent déjà en tenue sur les plateaux". Si la météo, relativement clémente dans notre région jusqu'à présent, a permis la mise en place de ce système D, quid quand les trombes d'eau s'abattront et le grand froid s'installera ? Pas certain que de laisser les jeunes, comme les moins jeunes, regagner leur domicile après un match trempés, transpirants et sales constitue la mesure la plus hygiénique qui soit, surtout en période de crise sanitaire.

Dans ce contexte de moins en moins favorable, faut-il craindre une baisse du nombre de pratiquants ? "Après un début difficile (- 40% d'adhérents le 15 septembre par rapport à la même date il y a un an), on a atteint notre nombre de licenciés de la saison dernière ce week-end (environ 220). Le foot s'en sort bien. Dans notre commune, d'autres disciplines comme le basket et la gym ont perdu beaucoup de licenciés", relativise le dirigeant qui n'a pas dû faire face, non plus, à énormément de demandes de remboursements. "C'est surtout en ce moment qu'on constate un changement. Au lieu de régler la totalité de leur cotisation, de nombreux seniors ne nous ont versé qu'un acompte. Ils nous expliquent qu'ils ne veulent pas payer une saison entière si on en dispute que la moitié comme l'année dernière". On peut difficilement leur reprocher.

(1)Ce couvre-feu a été instauré pour une durée minimum de quatre semaines, soit jusqu'au 14 novembre, avec une possibilité de la prolonger de deux semaines supplémentaires, soit jusqu'au 28 novembre.

Le FC Rouen et Quevilly-Rouen également impactés

Dans le cadre de l'instauration d'un couvre-feu dans neuf métropoles dont Rouen (à 21 heures), certaines dérogations ont été accordées pour le sport et le football professionnel. Ainsi, cette mesure ne s'applique pas pour la Ligue 1, la Ligue 2, le National 1 et le D1 Futsal. Dans ces championnats, les équipes peuvent donc s'entraîner normalement sans restriction d'horaires et également se déplacer librement sur le territoire afin de participer aux matches (tout en remplissant, bien entendu, les attestations dérogatoires prévues par le gouvernement).

Coup d'envoi avancé pour les prochains matches à domicile

Même s'il n'est pas concerné, Quevilly-Rouen, l'un des cinq clubs de N1 possédant le statut « pro », a avancé le coup d'envoi de ses deux prochaines rencontres à domicile, contre Saint-Brieuc et Bourg-en-Bresse, à 18 heures (au lieu de 20 heures initialement). Une décision qui lui permettra d'éviter des huis clos (la jauge étant fixée à 1 000 spectateurs pour des matches permettant un retour au domicile avant 21 heures dans la zone du couvre-feu).

Le FCR a pris une décision identique. En N2, les réceptions de Versailles (le 11 novembre) et de Granville (le 28 novembre) à Diochon ont été fixées à 17 heures (au lieu de 18 heures) ; ce qui permettra aux visiteurs de quitter l'agglomération rouennaise avant 21 heures. Pour ce week-end, pour le déplacement à Blois dont le coup d'envoi a été maintenu à 18 heures, les hommes de David Giguel pourront rentrer dans les horaires du couvre-feu. Comme l'avion et le train, une dérogation a été accordée pour les voyages des équipes en bus (la aussi, en remplissant les attestations dérogatoires prévues). Par ailleurs, les clubs seront autorisés à traverser l'agglomération rouennaise, si celle-ci se trouve sur leur trajet de retour.

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