Revoilà déjà l'Évreux FC 27 dans l'élite du football régional normand ! Un an après la douloureuse dégringolade du National 2 au Régional 2, quelques mois après la mise en redressement judiciaire du club, voilà une belle éclaircie dans un ciel eurois toutefois encore chargé. "Je ne suis pas surpris car n'oublions pas que notre équipe réserve devait déjà monter en Régional 1 il y a un an", réagit le président de l'EFC 27 Samuel Brigantino. S'il a eu le temps de voir venir cette montée qui paraissait inévitable tant Évreux a marché sur la concurrence cette saison (0 défaite en 19 matches), celui qui préside le club depuis un peu plus d'un an ne boude pas son plaisir, quand bien même l'équipe a obtenu sa promotion sans jouer ce dimanche 21 avril, quand son plus proche poursuivant Saint-Marcel s'est incliné 3-1 FC Serquigny-Nassandres.
Cette montée qui intervient un an après de douloureux moments, Samuel Brigantino l'attribue en premier lieu à son staff. Alors que Romaric Bultel a œuvré davantage dans l'ombre dans un rôle de directeur sportif du club, c'est son ancien adjoint Abdelatif Akdim, associé à Thomas Maurey, ancien coach de la réserve "qui connaissait très bien le championnat", qui ont mené les troupes à une saison flamboyante. "On a eu des départs, des arrivées, mais on a réussi à remonter un groupe", salue le dirigeant. "Le staff s'est bien mis au travail là-dessus, le coach Titif avait une vraie expérience en National 3 et en National 2 [...] et Romaric, à l'échelle du club, a organisé beaucoup de choses pour que l'équipe fonctionne bien".
"Le club est reparti, mais c'est une situation qui ne pourrait pas être gérée par tout le monde, ce que j'ai mis en place est hyper compliqué"
SAMUEL BRIGANTINO, président
L'EFC 27 de retour en Régional 1, faut-il dès lors s'attendre à ce que tous les problèmes de gestion du club et l'état financier catastrophique dont ont hérité Samuel Brigantino, son vice-président Michel Krolac et sa présidente déléguée Bénédicte Mambo ne soient plus qu'un lointain souvenir ? Malheureusement non. "Le club est toujours sous redressement judiciaire, on passe tous les trimestres au tribunal pour valider les plans de continuité, on est toujours sur une phase de plan d'observation", détaille Samuel Brigantino. "Je pense qu'on en a jusqu'à septembre-octobre, et pendant cette période-là, on va faire le point sur les dettes du passif". Si l'EFC 27 reste sous assistance respiratoire, il n'y a selon le président, plus aucune chance de voir la situation se dégrader, bien au contraire. "Le club est reparti, mais c'est une situation qui ne pourrait pas être gérée par tout le monde, ce que j'ai mis en place est hyper compliqué".
Et maintenant, place à un cycle de Régional 1
Chef d'entreprise, Samuel Brigantino en connaît un rayon en matière de gestion et grâce notamment à la création d'une association secondaire, le président a mis sur pied un plan de sauvetage qui vise à ne pas paralyser la pratique du football au club, et plus encore, à ne pas venir perturber le quotidien des acteurs de l'EFC 27, comme ce fut malheureusement le cas dans un passé récent. "Quand on a recommencé la saison, la situation financière ne nous a pas spécialement impacté", nous a notamment confié l'attaquant Valentin Candas voilà quelques jours, lui qui l'a subie de plein fouet la saison dernière. "On est resté assez loin de tous les problèmes, on n'a pas eu connaissance de tout ce qui était fait et de ce qui était mis en œuvre". Et c'est justement ce que désirait la nouvelle direction.
"On est resté assez loin de tous les problèmes, on n'a pas eu connaissance de tout ce qui était fait et de ce qui était mis en œuvre"
Valentin Candas, joueur
S'il estime qu'il faudra encore plusieurs mois, plusieurs années même, pour que les rentrées d'argent remettent à flot le club, Samuel Brigantino regarde positivement vers l'avenir, lui qui travaille en accord total avec la ville d'Évreux et ses partenaires. "Il y a un gros aspect social derrière tout ce que nous faisons", poursuit le président. "Nous, le but du jeu, c'est que l'association elle puisse fonctionner, que les joueurs du quartier aient un club où jouer au football. Nous gérons la situation, la mandatrice a affaire à des chefs d'entreprise, on lui a donné des garanties. Le redressement va se faire, même s'il va prendre du temps".
Sur le plan purement sportif, l'équipe première va donc retrouver un niveau Régional 1 où elle espère bien figurer. Et il faut certainement s'attendre à ce que l'EFC 27 s'y stabilise quelques saisons sans oser s'imaginer retrouver le niveau fédéral. "On a commencé à travailler sur le budget, on va passer à la CRCC (Commission Régionale de Contrôle des Clubs) prochainement et ils nous attendent au tournant", expose Samuel Brigantino qui précise que l'état financier de son club est encore trop précaire pour oser prétendre s'extraire du monde régional. "On avait espoir de remonter vite, mais tant qu'on est en redressement judiciaire, on ne peut pas mettre d'équipe au niveau national. Même en National 3, ça demande du budget, il faut d'abord régler le passif. Dès que ce sera le cas, là, je vais commencer à repositionner une organisation pour avoir une équipe en national". Pour l'heure, le simple fait de voir le club normand au plus grand nombre de licenciés (plus de 650) continuer sa petite vie est une grande victoire pour les sauveurs de l'EFC 27. Et elle en appelle d'autres.