Il n'y a pas que le foot dans la vie ! En partenariat avec la Région Normandie, la rédaction de FOOT NORMAND a décidé, tout au long de l'année, de mettre à l'honneur le mouvement olympique (portraits d'athlètes, coups de projecteur sur les infrastructures, mise en avant des manifestations) alors que 2024 sera marquée par les JO de Paris.
Son titre de champion du monde au Qatar
"J’avais faim d’une médaille"
Mercredi 7 février 2024. Cette date va rester graver dans l'histoire de l’équipe de France de natation. Il y a un mois et demi, lors des championnats du Monde en eau libre, à Doha, au Qatar, elle a signé un doublé retentissant. Parmi les deux héros tricolores du jour figurait Logan Fontaine. "Loin d’être favori" sur la ligne de départ du 5 km "mais confiant et en forme", de son propre aveu, le Normand a décroché son premier titre mondial sur le plan individuel. Comme en finale de l’Euro de football en 2000, la France et l’Italie ont bataillé dur dans le chenal d’arrivée. Après un retour in extremis sur la gauche, bonnet blanc sur la tête, le nageur licencié aux Vikings de Rouen s’est imposé à la photo-finish avec 30 centièmes d’avance sur son compatriote Marc-Antoine Olivier, médaillé de bronze du 10 km aux JO 2016, et 70 centièmes devant l’Italien Domenico Acerenza. Une médaille d’or jouée à la touche que savoure encore l'athlète de la Team Normandie. "Je suis très content et satisfait de ma course. J’avais faim d’une médaille".
A un peu moins de six mois des Jeux Olympiques de Paris, Logan Fontaine a obtenu son dossard pour le rendez-vous suprême. Ironie du sort, ce n’est pas grâce à son titre sur 5 km mais, bel et bien, par sa 4e place sur le 10 km, obtenue quelques heures auparavant. Pour se qualifier, il fallait faire partie du Top 10. "Frustré" par certaines erreurs, le n°140 est pour le moins revanchard. "Je voulais monter sur le podium même s’il y avait la joie d’être qualifié aux JO".
Sur les deux tableaux : l’eau libre et le bassin
"Si je me qualifie en bassin, c’est du bonus"
Redescendu de son petit nuage, Logan Fontaine est reparti au travail du côté de Martigues, sous les ordres d’un certain Philippe Lucas, ancien entraîneur de Laure Manaudou. Il s’est accordé une semaine de repos en Normandie - la seule d’ici les JO de Paris - avant de se tourner vers la suite de sa saison. De nombreuses échéances figurent au calendrier. Ce week-end, il était sur le plot de départ au Giant Open, un meeting international organisé à Saint-Germain-en-Laye par la Fédération française. Jamais rassasié, le champion du Monde du 5 km veut jouer sur les deux tableaux : l’eau libre et le bassin. "Je peux encore me qualifier pour les JO sur les épreuves en bassin". Pour cela, il faudra atteindre les minima fixés à 3’46’’78 sur le 400 m nage libre à l'occasion des championnats de France qui se dérouleront à Chartres, du 11 au 16 juin. "Il y a moins de pression car je suis déjà qualifié pour l’eau libre mais ce serait du bonus", explique l’athlète qui sera également engagé sur 800 m et 1500 m.
Et s’il ne réalise pas les chronos suffisants, cette compétition s'apparente à un parfait entraînement. "Pour performer en eau libre, il faut être polyvalent. Ça me fait travailler ma vitesse et mes allures", précise-t-il, avec comme priorité le plaisir de nager. Comme un poisson dans l’eau dans les deux disciplines, le nageur de 24 ans s'astreint à une préparation dantesque. Jusqu’aux JO, il enchaîne cinq heures de nage et une heure de préparation physique par jour, avant une période « d’affûtage ». "A l’approche de la compétition, on ralentit la charge pour arriver en forme".
Direction Paris et l’eau de la Seine
"Je suivrai la cérémonie d'ouverture à la télévision"
Le 9 août, toute la Normandie sera tournée vers ses écrans de télévision. C'est ce jour-là que Logan Fontaine sautera dans le grand bain. Contrairement aux Mondiaux, le 5 km n’apparaît pas au programme olympique. C’est donc sur 10 km que le Normand s’alignera face aux plus grandes pointures de la planète, au départ du Pont Alexandre III. Le pensionnaire de la Team Normandie fait partie des courageux qui se jetteront dans la Seine. "J’ai déjà nagé dans des endroits plus sales dans le monde, notamment le port de Barcelone ou dans un fleuve en Argentine. Ça ne me fait pas peur". Un an avant l'épreuve, les « tests event » s’étaient révélés peu réjouissants en raison de la mauvaise qualité de l’eau parisienne. La championne olympique brésilienne, Ana Marcela Cunha a même demandé aux organisateurs de prévoir un plan « B ». De son côté, le nageur des Vikings de Rouen a décidé de prendre des précautions en amont de la course. "Pour la première fois, je vais me faire vacciner contre la leptospirose (une maladie bactérienne couramment appelée « la maladie des rats »)".
Pour ce qui du parcours de Logan Fontaine, il n’est pas aussi linéaire qu’il ne paraît. Après avoir traversé une période de doute en 2021, le natif d’Argentan a fait de Paris "le rêve d’une vie", où il nagera devant ses proches, à domicile. "C’est Le Graal pour tout sportif professionnel, une consécration. Je ne vais pas aux Jeux Olympiques pour regarder la course". Son objectif ne fait aucun doute : il veut chanter La Marseillaise avec une médaille autour du cou. Un rêve qui nécessite quelques sacrifices. Le Normand fera donc l’impasse sur la cérémonie d’ouverture, visionnée par des milliards de téléspectateurs. "Je la suivrai à la télévision. Quand on veut être performant, on ne néglige rien". D’autant plus que sa course aura lieu à six ou sept heures du matin. "Je vais me lever à trois heures pour préparer la course. Il va falloir faire de très bonnes nuits de sommeil les jours qui précèdent". S’il se qualifie en bassin, il rejoindra le village olympique. Sinon, c’est au Centre national d'entraînement de la Fédération française de tennis que le membre de la Team Normandie sera hébergé, plus proche du lieu de compétition en eau libre. De quoi lui offrir de sa chambre une vue directe sur son terrain de jeu préféré.
Son palmarès
En eau libre
- champion du Monde en individuel sur 5 km en 2024 à Doha (Qatar)
- médaillé de bronze aux championnats d’Europe par équipe sur 5 km et en individuel sur 10 km en 2022 à Rome (Italie)
- vice-champion du monde en individuel sur 5 km en 2019 à Gwangju (Corée du Sud)
- médaillé de bronze aux championnats d’Europe en individuel sur 5 km en 2018 à Glasgow (Royaume-Uni)
- champion du Monde par équipes en 2017 à Budapest (Hongrie)
En bassin
- médaillé de bronze aux championnats du Monde sur 800 m nage libre en 2022 à Melbourne (Australie)