« Vendredi 30 août, à d'Ornano, pendant le derby face au Havre, j'étais persuadé que Harry Potter était dans le stade et qu'il s'amusait avec son triste sort « Ridiculous » à l'encontre de mon Stade Malherbe. Au bout du 53e contrôle raté, je me suis emporté : "Bon, ça suffit maintenant ! Sors de ta cachette binoclard !". Mais non pas de magie dans le stade. Encore moins sur le terrain...
On a souvent fait la blague comme quoi Malherbe devrait être sponsorisé par une marque d'élévateur à force de faire l'ascenseur entre Ligue 1 et Ligue 2. Mais la déliquescence constante depuis quatre ans inciterait plus à l'arrivée, à opter pour une marque de matériels de spéléologie. Cette chute sans fin, c'est voyage au centre de la Terre. D'ailleurs, en parlant de centre, c'était quand la dernière fois qu'on en a vu un potable à d'Ornano ?
Bordel ! Rendez-moi Jimmy Hébert, rendez-moi Cyrille Watier, Christophe Horlaville, rendez-moi le fantôme Idrissou ! Je veux à nouveau être fier de mon équipe ! C'est dur pour un Malherbiste pur souche de l'admettre, mais c'est vrai. Le HAC a été plus fort. Beaucoup, beaucoup plus fort. J'entends encore le kop havrais chanter : "On est chez nous ! On est chez nous !". On ne peut pas leur donner tort. Quand on entame sa 11e saison de suite en Ligue 2, quelque part ont peut dire qu'on y a élu domicile.
Mais l'année prochaine, qui sait, peut-être la Ligue 1 ! Imaginez : des matches le samedi soir, des 0-6 à domicile contre Paris, la VAR au Havre pour autre chose que du football féminin. Vous pourrez enfin dire : "Non la plus belle soirée au Stade Océane, ce n'était pas Earth Wind and Fire en 2014. C'est la victoire 1-0 face à Dijon un soir de janvier 2020". Je le souhaite ardemment aux 5 087 spectateurs qui seront présents dans le stade.
J'ai mal à mon Malherbe depuis trop longtemps. Le Stade Malherbe, c'est comme cette personne avec qui tu es en couple, qui a fini par te dégoûter de l'amour mais que tu n'as le courage de quitter. Tes proches te le disent : "Mais va-t-en ! Va supporter Avranches". J'aimerais bien, mais on est ensemble depuis si longtemps... On a pris une déculottée monumentale. Si la Normandie est effectivement « Ciel et Marine » le temps d'un soir, les fesses malherbistes sont bien rouges. Et pour un moment.
La plume est plus forte que la pizza ».
Harold Barbé
Durant quatre saisons, il a conjugué trois activités professionnelles différentes : humoriste, croque-mort et commentateur sportif spécialisé dans le Stade Malherbe. Seule une de ces activités l'a presque poussé au suicide. En ce qui concerne les deux autres, il n'est plus croque-mort et joue son spectacle « Sous pression » tous les vendredis à 21 h 30 à la Comédie des 3 Bornes à Paris.