Il n'y a pas que le foot dans la vie ! En partenariat avec la Région Normandie, la rédaction de FOOT NORMAND a décidé de mettre à l'honneur les athlètes de la Team Normandie en revenant notamment sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Résumer 2024 sans mentionner les JO de Paris, c'est comme évoquer 1998 sans parler de la Coupe du Monde. Alors que l'on vient de tourner la page il y a quelques jours, trois athlètes de la Team Normandie se confient sur leur année sportive. Entre le rêve olympique du pongiste handisport Florian Merrien, la non-qualification pour les Jeux du lutteur Loïc Samen, et le grand huit émotionnel du cycliste Kévin Vauquelin, on ne manque pas de choses à raconter.
L'exploit paralympique de Florian Merrien
Licencié à La Bayard Argentan (Orne), Florian Merrien fait partie des vétérans du tennis de table handisport. Si son année a été marquée par de beaux tournois internationaux, l'engagement de nouveaux partenaires qui lui permettent de "s'entraîner correctement", 2024 se résume principalement à la bulle émotionnelle des JO. "Les Jeux ont été le temps fort de cette année", admet l'Ornais d'adoption. A Paris, le quadragénaire était l'un des athlètes les plus expérimentés. Classé cinquième mondial, Florian Merrien a participé à ses cinquièmes JO et s'est offert une médaille de bronze en double mixte aux côtés de Flora Vautier. La performance relève d'un exploit. Non seulement parce que sa partenaire a 20 ans de moins de lui, mais aussi parce que la paire n'avait jamais gagné de médaille dans une grande compétition, ni aux Championnats du Monde ou aux « Europe ». "Tout nous sépare avec Flora : l'âge, la génération, le rythme de vie... Mais autour de la table, il y a une réelle amitié entre nous. Le double a été d'une solidité. On ne s'y attendait pas. L'émotion était décuplée", se félicite le pongiste normand, quadruple médaillé olympique.
Cette médaille reste indéniablement le plus beau moment sportif de son année. Mais elle n'aurait pas eu la même saveur sans l'ambiance des Jeux à la maison et l'engouement des supporters tricolore. Le hall 4 de la Paris Sud Arena ne s'est pas désempli, que ce soit pour les frères Lebrun ou le Seinomarin. "Quand on a vu l’effervescence derrière le ping pendant les JO, on espérait avoir du public. 1 000 personnes dans une salle de 5 000, c'était déjà fou. Tout le monde en a pris plein les yeux. C'était magique", raconte-t-il avec encore beaucoup d'émotion. "Les gens nous ont renvoyé ce qu'on leur a donné. On a eu un soutien incroyable. Je crois que 99,9% des Français étaient heureux dans les tribunes". Et qui pour être plus heureux que ses proches, présents pour l'occasion. Fêter sa breloque avec ses amis et sa famille a aussi rendu le souvenir mémorable. "D'habitude, je raconte mes Jeux à mes potes. Cette année, ils ont pu les vivre, ça a été magique. Ce partage m'a marqué".
"Quand on a vu l'effervescence derrière le ping pendant les JO (...) Tout le monde en a pris plein les yeux"
Florian Merrien
Très pragmatique, Florian Merrien n'a pas vécu le coup de blues post-JO dont les athlètes ont tant parlé. Comblé par cette "parenthèse enchantée", le pongiste normand, salarié au département de Seine-Maritime, a retrouvé son quotidien à Grand-Quevilly (où il s'entraîne), entouré de sa compagne et de sa fille. En ce début du mois de janvier, l'Ornais s'est octroyé une petite semaine de vacances à Tenerife aux Canaries, la première en un an et demi, avant de retourner bosser avec les Championnats d'Europe dans le viseur, prévus en novembre 2025. Avec quel souhait pour cette nouvelle année ? "Ne pas me blesser et travailler pour, à terme, me qualifier pour Los Angeles (2028) !" L'aventure olympique est loin d'être terminée pour Florian Merrien.
Le grand huit pour Kévin Vauquelin
Quelle année pour Kévin Vauquelin ! Le coureur de la team Arkéa-B&B Hotels, originaire de Bayeux, en a surpris plus d'un. A commencer par lui. Vainqueur du Tour des Alpes-Maritimes et du Var en février, du Tour du Jura deux mois plus tard, deuxième de la Flèche Wallone en avril, le Calvadosien a confirmé ses belles performances durant l'été. Le 30 juin, du haut de ses 23 ans, le coureur a triomphé sur le Tour de France. Pour sa première participation, il a remporté la deuxième étape entre Cesenatico et Bologne en Italie, mettant au tapis les Pogacar, Evenepoel et autre Roglic. Voilà plus de 30 ans qu'un Normand n'avait pas remporté une étape de Tour ! Quelques mois plus tard, Kévin Vauquelin n'en revient toujours pas. "Je n'ai pas les mots. Je réalise que j'ai gagné sur le Tour mais je ne réalise pas l'ampleur de la victoire", témoigne-t-il.
"Quand on gagne sur le Tour, on reçoit une plaque de cadre que l'on colle sur son vélo"
Kévin Vauquelin
"Depuis que je suis petit, tout le monde connaît les noms de ceux qui gagnent le Tour de France. C'est une fierté d'inscrire mon nom au palmarès". Cette date du 30 juin restera gravée à jamais. Et pour cause, une étiquette sur son vélo le lui rappelle quotidiennement. "Quand on gagne, on reçoit une plaque de cadre que l'on colle sur son vélo. Il y a une médaille avec le nombre de victoires inscrit à l'intérieur. Moi j'en ai une, c'est quelque chose d'assez émouvant !" Très attaché à ses racines, il a revisionné des dizaines de fois la course aux côtés de ses parents, et de son frère, ancien cycliste. "Mes proches m'ont dit que j'étais fou et qu'il fallait que je me rende compte de ce qu'il s'était passé". Très fiers de leur fils, ses parents, "en trans devant leur télé", n'ont pas été rassasié.
Double dose d'émotion lorsque, pendant le Tour, Kévin Vauquelin a été sélectionné par l'entraîneur Thomas Voeckler pour participer aux JO. L'année mémorable du Bayeusain ne s'arrêtait pas là. "Les Jeux, c'est quelque chose d'unique, tous les quatre ans. La France a vibré pour ces Jeux. On sentait une osmose entre les gens. Les autres pays avaient de l'admiration pour Paris". Couleurs tricolores sur le dos, le Normand a vibré dans les rues de la capitale. Même sans médaille, c'était le grand huit émotionnel. "Thomas Voeckler nous disait que les fenêtres de la voiture vibraient par le bruit des supporters. J'ai vite senti que je ne revivrai jamais ces émotions dans ma vie". Quelques blessures en fin d'année sont venues noircir le tableau de cette glorieuse année. Fatigue émotionnelle, surmenage... Kévin Vauquelin a mis beaucoup de temps pour décompresser après l'olympiade. Les fêtes en famille, et le chocolat (il ne peut pas s'en passer !), l'ont ressourcé. Pendant les vacances, il en a également profité pour se pacser avec sa copine. Si ça ce n'est pas un beau cadeau de Noël...
Pour Loïc Samen, une année amère qui se finit en beauté
Pour Loïc Samen, 2024 était l'année de sa vie. Le colosse de la lutte gréco-romaine (- 97 kg) rêvait de participer pour la première fois de sa vie aux JO, à moins de deux heures de la maison. Le sort en a voulu autrement. Anomalie du programme olympique, la lutte était l'un des seuls sports où la France ne bénéficiait d'aucun quota garanti grâce au statut de pays hôte. Seuls trois lutteurs tricolores y ont participé et Loïc Samen n'a pas fait partie de la liste des heureux élus. "On parlait des Jeux depuis sept ans, on avait de gros objectifs et tout s'est effondré", rembobine-t-il avec beaucoup d'amertume. "Ça m'a miné le moral pendant un mois et demi. Le fait d'être croyant m'a aidé pour tenir le coup, sinon j'aurais arrêté la lutte !"
Agent à la SNCF, le lutteur s'est ainsi réfugié dans le travail. Mais pendant la période des JO, l'environnement professionnel lui rappelait sans cesse la douleur d'être resté sur le carreau. "La SNCF avait fait beaucoup de communication pour ses sportifs. J'étais sur quelques affiches dans la gare Saint-Lazare à Paris. Quand les lutteurs américains sont arrivés, ils m'ont reconnu et ils pensaient que j'allais faire les Jeux", explique-t-il. La pilule fut difficile à avaler. Le Sottevillais de 25 ans ne s'est pas laissé abattre pour autant. Il a même payé des places pour aller voir des épreuves de lutte mais aussi la para-natation et le rugby à 7. "Je ne pouvais pas ne pas y aller. Les JO chez nous, c'est tous les 100 ans".
"Quand les Américains sont arrivés, ils m'ont reconnu sur des affiches et ils pensaient que j'allais faire les Jeux"
Loïc Samen
Malgré cette douleur immense, Loïc Samen retient plusieurs beaux moments dans son année 2024, sportifs comme extra-sportifs. A commencer par son quatrième titre de champion de France senior en avril. Il a aussi été sparring-partner pour les Américains au Centre Sportif de Normandie à Houlgate lors de la préparation des Jeux. "Ils ont dit que c'était l'un des meilleurs centres d'entraînement. Ça fait plaisir d'entendre ça des USA", sourit le Normand, qui ne perd jamais son humour. Sans blaguer, cette fois, un heureux événement est venu clôturer son année. Loïc Samen s'est marié au mois d'octobre. "Il y a l'entraînement, le travail et la famille mais ma femme est un pilier dans mon quotidien". Alors pour 2025, quoi de mieux que lui souhaiter un joli voyage de noces sur les Iles Canaries ? Décidément, les athlètes de la Team Normandie ne se lâchent pas d'une semelle.
Léa Quinio