Foot Normand

Michaël Faty, le grand voyageur a posé ses valises à Dieppe

Sous ses nouvelles couleurs du FC Dieppe, Michaël Faty va recroiser, ce week-end, la route de son ancien club : l'AS Cherbourg.

Une formation au Téfécé

"Mon éducateur voulait me reconvertir sur un poste défensif"

Pour Michaël Faty, l’histoire avec le ballon rond a commencé au Téfécé, lui, le jeune homme originaire de la ville voisine de Colomiers (Haute-Garonne). Pendant cinq saisons, l’attaquant du FC Dieppe a fréquenté le centre de formation toulousain. "Je fais partie de la génération 1996 avec notamment Issa Diop (West Ham, en Angleterre), Clément Michelin (Bordeaux) et Valentin Rosier (Besiktas, en Turquie), avec qui je partageais ma chambre à l’époque. Il y a aussi beaucoup de joueurs en National à l’image de Thibault Vialla (Red Star) ou Tidiane Keita (Dunkerque)", énumère celui dont le petit frère Enzo, membre des U17 nationaux du TFC et international U16, marche brillamment sur ses traces. Si l’aîné de la fratrie, lui, n’a pas percé dans son club formateur, c’est, entre autres, à cause d’une divergence de poste avec son entraîneur, Patrick Maricel.

"Il souhaitait me garder mais il me voyait plus sur un profil défensif, dans un couloir. Je n’adhérais pas du tout, je n’étais pas d’accord avec sa vision et je ne le suis toujours pas aujourd’hui. Reconvertir les offensifs, c’était un peu sa spécialité. Il faut savoir qu’à la base, Valentin Rosier est un n°10 (il évolue actuellement comme latéral droit)". En observant la carrière professionnelle de l’un de ses meilleurs amis, Michaël Faty n’éprouve-t-il pas des regrets de ne pas avoir emprunté une voie identique ? "Non. Je suis fidèle à moi-même. Je prendrais moins de plaisir sur un poste défensif bien que, devant, c’est un rôle ingrat. Tu peux être la star un week-end et un paria le suivant".

Un arrêt de trois ans avec le foot

"On n’est pas tombé d’accord avec Angers sur ma signature"

Après son départ du Téfécé, Michaël Faty, alors en U16, atterrit à Angers, pensionnaire de Ligue 2 à ce moment-là. Ce passage au SCO ne dure qu’un mois. "Pourtant, à 15 ans, je m’entraînais déjà avec la CFA (la réserve) avec des joueurs comme Sofiane Boufal. Mais on n’est pas tombé d’accord sur ma signature". A la suite de cette nouvelle déception, le néo-Dieppois arrête le football durant trois ans ! "Je n’ai repris qu’en dernière année de U19, à Blagnac". Alors qu’il fréquente le championnat DHR de cette catégorie d’âge, l’attaquant effectue pendant l’hiver un essai à Brest (L2). "Je fais un carton plein mais il ne me proposait pas grand-chose, seulement une convention de 300 € par mois plus un hébergement à l’internat. C’était compliqué de traverser la France dans ces conditions".

De retour à Colomiers, Michaël Faty termine la saison dans le club de sa ville avant de s’installer en région parisienne, aux Mureaux plus précisément dont est originaire la famille de son père, Malamine. "Je me suis engagé à l’ACBB (Boulogne-Billancourt). Mais dans le groupe de N2, nous, les jeunes, on n’avait pas du tout notre chance. Du coup, en parallèle, j’avais une double licence pour jouer en foot entreprise avec mes oncles, à La Banque de France. L’un d’entre eux, Bakary est passé par le PSG, il a évolué jusqu’en CFA (équivalent du N2). Il a été pro aux Emirats, en Thaïlande… Il a pas mal bourlingué, comme moi".

A Cherbourg dans les bagages de Noël Tosi

"Je suis venu en Normandie pour le foot"

"Je suis venu en Normandie pour le foot". Michaël Faty ne s’en cache pas : avant de poser ses valises à Cherbourg, en 2019, il ne possédait aucune attache dans la région. C’est par l’intermédiaire de Noël Tosi, de nouveau aux affaires dans le Nord-Cotentin à ce moment-là, que le Toulousain a rejoint le club du président Gérard Gohel. "Avec Noël, on est tous les deux originaires du Sud de la France. Il a toujours un œil sur le vivier de cette région. A Cherbourg, il y avait un projet de monter en N2, des joueurs avaient été recrutés comme Melvin Minin (également au FC Dieppe cette saison). On réalise un super début de championnat (en tête après neuf journées)".

"J'ai fait le pari de revenir en N3, à Cherbourg ; Gérard Gohel ayant eu vent de ma situation"

Mais durant la trêve hivernale, Noël Tosi prend la direction de La Jeunesse d’Esch, en D1 Luxembourgeoise, emmenant dans ses bagages son attaquant. "Ce fut une super expérience. Quand on est arrivés, l’équipe était relégable. Et à l’arrêt prématuré du championnat à cause du Covid, elle s’est maintenue". Alors qu’il pense poursuivre sa carrière dans le Grand-Duché, La Jeunesse d’Esch procède, sur fond de crise économique liée au contexte sanitaire, à un profond renouvellement de son effectif, favorisant les locaux. "Joueurs, entraîneur, membres du staff… Tous les étrangers ont vu leur contrat rompu en juillet (il avait signé pour deux ans + une troisième année en option)".

Le mercato étant déjà bien avancé, difficile de se retourner même si des opportunités apparaissent à l’étranger (Chypre, Slovénie, Slovaquie…). "Des pays dans lesquels, à 25 ans, je ne me projetais pas du tout. Du coup, j’ai fait le pari de revenir en N3, à Cherbourg ; Gérard Gohel ayant eu vent de ma situation". Après une première saison stoppée précipitamment par la Covid-19, l’ex-pensionnaire du centre de formation du Téfécé contribue largement au maintien de l’ASC lors de l’exercice précédent avec 11 buts et sept passes décisives. "Après une première partie de championnat où on est bien tombé dans le trou (seulement six points au terme de la phase aller), avec les cadres, on s’est regardé dans le blanc des yeux. C’est une belle aventure humaine, on s’est serré les coudes. A mes yeux, c’est aussi beau qu’une montée".

A Dieppe, un coup de foudre avec Guillaume Gonel

"Avec le coach, on a eu un gros feeling"

Sollicité déjà par le FC Dieppe à l’été 2021 ; "Mais j’avais un accord de principe avec le président Gohel à Cherbourg que j’ai honoré", Michaël Faty a, cette fois-ci, franchi le cap en s’engageant avec les Harengs pendant le mercato. Cette signature doit beaucoup à Guillaume Gonel. "On a eu un gros feeling", reconnaît l’attaquant à propos de la relation qu’il entretient avec son nouveau coach. "Toute la saison, il est resté en contact avec moi, il a suivi mes performances et là, il a anticipé pour me faire venir". Pourtant, la concurrence était féroce puisque le Columérin a reçu des propositions de National 2 ainsi que d’écuries de troisième division belge et suisse. "J’ai privilégié l’aspect humain".

Sans oublier que le projet du FCD, avec en filigrane la perspective d’une accession en N2, a de quoi séduire plus d’un joueur dans la région. "Je peux vous assurer que des clubs de N1 n’ont pas les mêmes infrastructures que Dieppe". Michaël Faty a eu aussi l’occasion de goûter à l’incroyable ferveur populaire qui accompagne les Harengs, avec régulièrement plus de 1 000 spectateurs à Jean-Dasnias. "C’est une ville qui respire au rythme de son club. On sent qu’on est poussé par un 12e homme. D’ailleurs, à domicile, on ne joue pas pareil. Les gens se déplacent pour nous voir, on doit leur apporter quelque chose en retour". En faisant trembler les filets pour sa première sortie à domicile (J2. victoire 3-2 contre Mont-Gaillard, le 3 septembre), l’ex-Cherbourgeois n’a pas manqué les présentations devant son nouveau public.

Un avenir aux Etats-Unis ?

"Mon rêve, ça serait de jouer en MLS"

"Mon rêve, ça serait de jouer en MLS (Major League Soccer), encore plus qu’en Ligue 1". S’il est né à Toulouse, Michaël Faty a vécu jusqu’à ses sept ans aux Etats-Unis, à Miami plus précisément. Des années qui l’ont profondément marqué. "La première langue que j’ai parlée, c’est l’anglais, j’ai été à l’école là-bas, j’ai la culture américaine en moi", lance-t-il. Une culture dans laquelle il se retrouve. "Aux USA, les meilleurs réussissent, il n’y a pas de complexe, l’audace et la fougue sont récompensées". D’ailleurs, il y a quelques années, le Dieppois d’adoption a failli s’engager de l’autre côté de l’Atlantique.

"J’ai eu l’opportunité d’intégrer l’IMG Academy, en Floride, l’une des plus prestigieuses aux Etats-Unis pour les sportifs de haut niveau. J’ai participé à la PDL League, une ligue qui se dispute l’été où les joueurs étrangers peuvent se faire remarquer". Repéré par Orlando, Michaël Faty n’a finalement pas pu rejoindre la franchise de MLS. "Il fallait, tout d’abord, que j’intègre une université américaine pour ensuite être drafté. Mais je devais financer seul mon année étudiante, sans bourse, c’était hors de prix (environ 80 000 $)". Ce n’est que partie remise. Surtout qu’au-delà de l’aspect sportif, ce projet lui tient à cœur pour une raison plus personnelle. "Mon grand-père (Rudy) est parti très jeune aux Etats-Unis. C’est aussi pour ça qu’on a vécu là-bas avec mes parents. Il nous a quittés il y a deux ans. Jouer aux USA serait une façon de lui rendre hommage".

Michaël Faty

©FC Dieppe

Michaël Faty

> Né le 11 septembre 1996 (26 ans) à Toulouse (Haute-Garonne).

Attaquant. Droitier. 1,83 m pour 84 kg.

Parcours : Toulouse (centre de formation, jusqu’en U17 nationaux), Blagnac (U19 DHR), Colomiers (U19 DH), Boulogne-Billancourt (N2), Cherbourg (N3), La Jeunesse d’Esch (LUX), Cherbourg (N3), Dieppe (N3).

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