C’est à la fois ce que redoutent tous les sportifs et paradoxalement ce qui a aussi le pouvoir de les rendre plus forts parfois. Lorsqu’il a senti son ligament du genou droit le lâcher le 2 novembre 2019 sur la pelouse de la réserve de l’En Avant Guingamp (victoire 2-1), le milieu relayeur du FC Rouen Omar Berrezkami a d’abord réagi comme le ferait tout un chacun. "Quand ça t’arrive, tu es déboussolé, tu te demandes pourquoi ça tombe sur toi", confie-t-il, lui qui a en plus eu le malheur de faire face à des démons familiers. "Plus jeune, j’avais eu la même blessure au ligament croisé, au même genou". Sur le flanc, son premier combat a alors été d’ordre psychologique.
S’il a pu surmonter cette redoutable blessure en l’espace de dix mois et qu’il foule de nouveau les terrains depuis le 12 septembre (0-0 à Fleury), c’est aussi parce que l’ex-joueur de QRM a immédiatement fait preuve de caractère. "Je ne savais pas comment réagir mais le but, c’était de ne pas se laisser tomber dans une mauvaise spirale comme une dépression par exemple", se rappelle le Rouennais qui a également pu compter sur l’apport et le soutien non-négligeable de son club. "Ils m’ont rassuré dès le début pour la suite et au niveau des soins, on a beaucoup travaillé avec le préparateur physique".
Par ailleurs, avec un autre maillot sur le dos, la prise en charge du joueur n’aurait peut-être pas été si qualitative. S’il ne dispose plus du statut professionnel depuis longtemps, le FCR n’a pas à rougir de la comparaison avec des formations de plus hauts échelons dans le domaine médical. "Ce club ne laisse rien au hasard, il ne laisse personne sur le côté", explique le milieu de 24 ans, très reconnaissant envers l’institution rouennaise. "Il y a des médecins, des préparateurs physiques, des kinés, c’est assez proche du monde professionnel". À l’arrivée, si c’est le docteur David Dejour qui a opéré le footballeur à Lyon, sur conseil de sa famille, c’est aussi en Normandie, chez lui, et dans les Landes à Capbreton "aux côtés d’autres footballeurs blessés" qu’Omar Berrezkami a effectué une rééducation optimale.
Repartir au combat et tout faire pour jouer la montée
Onze mois plus tard, les choses ont changé pour Omar Berrezkami. Si son FCR a finalement manqué de peu le train de la montée au printemps, ce n’est pas le cas de Fred Dembi et Kader N’Chobi, ses deux amis partis défendre les couleurs du SO Cholet (N1). Il les suit d’ailleurs toujours de près. Et alors que le Rouennais travaillait ardemment au printemps et à l’été, l’effectif des « Diables Rouges » a en parallèle beaucoup évolué. Qu’à cela ne tienne, qu'importe les nouveaux venus, l’ancien de QRM a rapidement postulé à une place de titulaire. "Je veux enchaîner le plus de matchs possibles et faire en sorte que les blessures restent loin de moi", confie-t-il. Pour ça, il devrait pouvoir compter sur la confiance qu’a toujours placé en lui l’entraîneur David Giguel, arrivé au club en même temps que lui en 2018.
Elu joueur du mois de septembre, ce qui n'est pas rien, le Rouennais de naissance n’est cependant pas dupe sur ce qui pourra réellement le satisfaire cette saison. "Mon bonheur personnel passera par celui de l’équipe", avoue-t-il sans nier que ses rêves de montée ont pris du plomb dans l’aile en ce début de saison. "Au FC Rouen, il y a beaucoup d’attente, même nous on espérait mieux débuter le championnat. On ne va toutefois pas se lamenter sur les matches qui ont déjà été joués". Le National 2 est long en effet. Finalement rattrapé par Saint-Brieuc la saison passée alors qu’il fut longtemps leader, le FCR peut en témoigner.
Dès ce samedi, les « Diables Rouges » devront ainsi lancer pleinement leur opération remontée vers le leader Saint-Pryvé/Saint-Hilaire qui compte déjà dix points d’avance après seulement sept journées. Pour ce faire, les hommes de David Giguel recevront la réserve de Guingamp. L’occasion sera belle pour Omar Berrezkami de boucler la boucle face à un adversaire qui ne lui avait pas souri voilà presqu’un an même s’il ne nourrira aucun "sentiment de revanche particulier" sur le destin ce week-end. Récemment touché par une inflammation à l’ischio, le milieu n’est d'ailleurs même pas sûr de commencer la partie. Néanmoins, sa longue convalescence aura aiguisé son appétit de bien figurer devant son public une fois encore. "À Capbreton, on se soutenait entre footballeurs blessés, ici, c’était difficile de voir les copains s’entraîner, jouer et voir Diochon plein", se souvient-il. L’occasion est maintenant trop belle pour ne pas faire de ce destin tortueux autre chose qu’une véritable force pour la suite.
> N2. J8 - FC Rouen (8e - 9 points) / Guingamp B (11e - 8 points), samedi 10 octobre à 18 heures au Stade Robert-Diochon
Aurélien RENAULT
? Omar Berrezkami est votre Diable du mois de septembre ! ?⚪️
Titulaire lors des trois dernières rencontres en #N2, Omar Berrezkami réalise un excellent retour après sa blessure qui l’a éloigné des terrains pendant de longs mois.
Bravo Omar ! ?#TeamFCR #Rouen #Normandie pic.twitter.com/lSbWzw1IpG
— FC Rouen Officiel (@FCRouen) October 5, 2020