Messieurs, si je vous dis Coupe de France, qu’est-ce que cette compétition vous inspire ?
Philippe Clément (PC) : "La Coupe de France, c’est une sensation unique avec des instants privilégiés. On a toujours envie d’y retourner. Je suis presque jaloux de mes joueurs de ne plus être sur le terrain. Pour l’avoir déjà vécu, je sais que c’est une possibilité de créer une osmose autour de l’équipe, du groupe, du club et même de la ville. C’est un moment de partage exceptionnel. Je le répète souvent à mes joueurs : « Vous n’en avez pas marre de voir vos potes à la TV. Vous aussi, vous avez le droit que votre maman et votre papa vous voient dans le poste ». A la différence, du championnat, tu sais que tu n’as pas de rattrapage derrière. C’est pourquoi tu vis tout de manière intense. Et c’est cette intensité dans cette compétition qui est magique. Il y a plein de paramètres qu’on ne mesure pas. Comment est-ce possible qu’une équipe de division inférieure tape une équipe professionnelle ? C’est pourquoi ça me fait sourire parfois quand j’entends parler de technico-tactique sur des matches de Coupe de France".
Vincent Laigneau (VL) : "La coupe, c’est une compétition qui permet de rassembler tout le monde, c’est une communion où toutes les composantes d’un club, à l’intérieur et à l’extérieur, se surpassent : les joueurs, les dirigeants, les médias… Ce qui se passe autour des joueurs, c’est magique. On pratique ce sport pour créer du lien avec les gens et cette Coupe de France le permet. Dès qu’un club réalise un parcours, il existe une ferveur énorme. On le constate chez nous. Notre match, on pourrait se dire que c’est une R1 contre une autre R1 mais on a l’impression qu’on reçoit une N3, une N2, une National… Les gens ont envie de vivre ce moment".
Philippe Clément (PC) : "La coupe, pour un club, c’est aussi un accélérateur de projet. Les meilleurs des exemples, ce sont Granville et Avranches. Je suis en admiration devant le centre d’entraînement de l’US Avranches bâti par Gilbert Guérin (l’ex-président du club manchois décédé en octobre 2023). C’est grâce à l’argent gagné en coupe (avec ce parcours jusqu’en quart de finale, en avril 2017, et cette rencontre contre le PSG, devant 20 000 spectateurs à d’Ornano). C’est aussi pour cette raison que je suis amoureux de la Coupe de France".
Est-ce qu’on prépare un match de Coupe de France, qui plus est un 7e tour, comme une rencontre classique de championnat ?
PC : "La Coupe de France, ça se passe surtout le Jour J. C’est un message important à transmettre aux joueurs. L’émotion, tu la ressens avant le match, quand tu arrives au stade. Dans notre cas, à Saint-Lô, devant certainement 2 000 spectateurs. C’est forcément différent de notre quotidien en championnat. Et puis c’est après le match, soit dans la déception ou dans la joie. Mais cette émotion, il faut surtout en faire abstraction pendant le match. Il faut que l’énergie qui nous anime soit positive. Si tu éprouves trop de craintes ou si tu es surmotivé, ça risque de te mettre plus de freins qu’autre chose. C’est pourquoi, mardi soir, on a décidé de remplacer l’entraînement par un moment de cohésion. L’un de nos sponsors nous a invités à un Escape Game. L’idée, c’est d’enlever un peu de pression autour du match qui nous attend. Ça peut avoir son importance. Bien sûr, on ne le saura qu’après coup si c’est une bonne méthode, sinon, on irait faire un Escape Game tous les mardis (sourire)".
VL : "Il faut toujours être vigilant auprès de son groupe. Pour ce week-end, j’ai cinq absents majeurs (Grégoire Canivet, Samy Naïli, Guillaume Leliard et Mathis Charlot, Romain Hirèche est, lui, suspendu). Des garçons matures de mon groupe. Heureusement, j’ai la chance d’être dans un club où il y a un vivier de jeunes. Donc, dimanche, je vais donner leur chance à des jeunes. Je vais en avoir un de 17 ans, un autre de 18 et un dernier de 19. Ces garçons-là, il faut que je les prépare un peu différemment. Pas sur l’aspect sportif mais sur l’engouement autour de ce match. Car quand ça va leur tomber dessus dimanche, il se peut que ce contexte les bloque ou, au contraire, les rende trop euphoriques. Et là, leur rendement sur la pelouse peut être altéré. Mercredi soir, j’avais prévu un entraînement un peu plus festif, que ce soit dans le vestiaire, relooké, avec de la musique, ou sur le terrain, afin de les préparer. Je leur avais demandé de venir avec un maillot fétiche, qui leur tient à cœur. Maintenant, comme pour Philippe, la vérité, on ne la détient pas".
Vincent Laigneau lutte contre la désertification du vestiaire
Habitué à gérer des groupes depuis plus de 35 ans, Vincent Laigneau est un parfait témoin de l'évolution des comportements des joueurs. Et depuis son arrivée à La Mos cet été, le technicien caennais a constaté un phénomène qu'il avait déjà aperçu à l'US Alençon, son précédent club : la désertification du vestiaire. "Comme certains ne prennent plus leur douche au stade (parce qu'ils en ont pris l'habitude pendant la crise du Covid-19 et/ou pour des questions de religion), ils ne passent plus par les vestiaires. J'ai des garçons, la séance est à peine finie depuis cinq minutes qu'ils sont déjà partis", déplore le coach maladien.
"Du coup, tu perds en cohésion car c'est un moment de partage important entre les joueurs. Le vestiaire, c'est l'endroit où tu échanges, où tu débriefes la séance, où tu critiques l'entraîneur (rire)... Aujourd'hui, on a trop de jeunes qui fuient ces moments alors qu'ils doivent être accessibles à tous". Parfaitement conscient qu'il est difficile de combattre cette tendance, Vincent Laigneau avait appliqué il y a quelques années un règlement strict à Alençon. "Les joueurs qui ne passaient pas par le vestiaire pour aller à l'entraînement, qui venaient directement du parking, je les refusais et je les envoyais en B". Rude mais incontestablement efficace.
Vincent Laigneau, ici avec son homologue divais, Philippe Clément, incite ses joueurs à passer du temps ensemble dans le vestiaire. ©Damien Deslandes
Au cours de votre parcours de technicien, vous possédez la particularité d’avoir déjà vécu une épopée à la tête de votre club actuel. Philippe, vous, c’était en janvier 1999 avec ce 1/32e de finale contre Lille (leader de D2), à Venoix. Vincent, de votre côté, c’est un 8e tour face à Issy-les-Moulineaux en 2001, le premier dans l’histoire de La Mos (en DH à l’époque) qui n'a plus atteint ce stade de la compétition depuis…
VL : "Quand on a l’expérience qu’on a avec Philippe, tu sais que quand tu bénéficies d’un tirage « favorable »(1), tu dois tout mettre en œuvre en tant que coach car c’est peut-être la bonne année. Visiblement, c’était écrit que pour mon retour, on atteindrait le 7e tour. Et j’espère qu’avec le président (Thierry Deslandes), qui était gardien remplaçant en 2001, on pourra égaler cette meilleure performance en se qualifiant pour le 8e. Mes souvenirs de l’époque ? Du rouge partout. Le stade n’avait jamais connu une telle ferveur. Pour les bénévoles, dont certains que j’avais connu en 1988 lors de mon premier passage sur le banc en tant qu’entraîneur-joueur, c’était une récompense. Avec ce 7e (contre La Ferté-Bernard, DH) puis ce 8e tour (élimination 1-0 par Issy-les-Moulineaux, DSR), en plus à domicile, des joueurs aux dirigeants en passant par les bénévoles, tout le monde avait les larmes aux yeux. On avait donné du bonheur aux gens. Quand on les croisait, ils nous embrassaient, juste pour un match de foot. Ça prenait aux tripes. Bon, je me souviens aussi qu’on était passé à travers notre 8e tour. Quand tu es coach, tu es forcément déçu".
(1)Dans son parcours jusqu’au 7e tour, La Mos (R1) n’a pas éliminé d’équipe hiérarchiquement supérieure : Courseulles (D1) 4-0, au 2e tour, Messei (D1), 5-0, au 3e tour, Hérouville (R2) 2-0, au 4e tour, Darnétal (R3) 2-0, au 5e tour, et L'Aigle (R3) 3-0, au 6e tour.
Entré en lice un tour plus tard, le SU Dives-Cabourg (N3) a successivement dominé Ifs (R3) 5-0, au 3e tour, Mortagne (R3), 3-0, au 4e tour, Bayeux (R1) 3-0 sur tapis vert, au 5e tour, et Tourlaville (R2) 4-0, au 6e tour.
PC : "En 1999, c’était un 23 janvier, j’avais 28 ans et j’étais encore entraîneur-joueur. Je me souviens que c’est Aimé Jacquet, champion du Monde avec la France six mois plus tôt, qui avait effectué le tirage au sort. J’avais eu l’honneur de lui serrer la main. J’avais été invité à monter sur le podium en tant que plus jeune coach encore en lice dans cette coupe, il m’avait lancé : « J’espère que vous êtes encore entraîneur-joueur car il ne faut pas s’arrêter de jouer ». Ça m’avait marqué car je pousse mes joueurs à aller le plus loin possible à l’image d’Alexandre Lapisse, que j’ai eu jusqu’à 46 ans. Pour revenir à ce parcours en 1999, avant le 1/32e, il y avait eu le 1/64e (l'équivalent du 8e tour) où on bat Pontivy, une CFA, une équipe venue d’ailleurs avec (Cyrille) Wattier, (Christophe Duboscq) Dub (aujourd’hui, entraîneur de la réserve du SU Dives-Cabourg). Il m’a presque plus marqué. Quand on marque à la 120’ par Régis Petit, je suis en pleurs au milieu du terrain. J’entends tout un peuple derrière nous. Il y avait du monde sur les toits, dans les arbres… Contre Lille ensuite (défaite 2-0), il y avait 5 500 spectateurs à Venoix. A Dives, il y avait 5 800 habitants donc, en fait, c’est comme si on avait transporté la population de notre village gaulois dans ce stade. Dans les jours précédents le match, je me souviens qu’un « ancien » m’avait interpellé à la boutique éphémère des supporters, créée par Francis Giffard, le maire de l’époque, un mec exceptionnel qui adorait le foot comme son successeur aujourd’hui (Pierre Mouraret). Il m’avait dit : « Je n’ai vu pleurer les habitants de Dives qu’à deux reprises : à la fermeture de Tréfimétaux en 1986 (1 000 salariés y travaillent encore cette année-là) et la deuxième fois, quand vous avez marqué votre but contre Pontivy, mais là, c’étaient des larmes de joie ». Les habitants, ils me prenaient pour Aimé Jacquet, tout le monde voulait me faire cadeau de mes courses, leur pays, c’était devenu Dives".
Alors que La Mos vise une qualification pour le 8e tour de la Coupe de France, la dernière fois qu'il a atteint ce stade de l'épreuve, en 2001, Vincent Laigneau se trouvait déjà sur le banc des « Rouge et Gris ». Sur cette photo, on reconnaît également Thierry Deslandes, gardien remplaçant à l'époque et désormais, président du club caennais.
Encore entraîneur-joueur du SU Dives-Cabourg du haut de ses 28 ans à l'époque, Philippe Clément faisait partie du XI de départ qui a défie le Losc, leader de Division 2, en 1/32e de finale, à Venoix, le 23 janvier 1999.
Si vous êtes réunis, c’est également parce que vous avez un passé en commun, lié au Stade Malherbe…
PC : "Vincent, ce fut mon coach quand je suis arrivé à Malherbe gamin".
VL : "Je sortais de l’armée, c’était la saison 1984-1985, je jouais à Malherbe et Pascal Théault (formateur historique du Stade Malherbe), le boss, me propose un contrat de qualif’ pour entraîner les jeunes. J’étais éducateur depuis l’âge de 16 ans. Et j’ai toujours cette image en tête de Philippe. C’était sur un rassemblement de jeunes qui venaient faire un essai. Les gamins arrivent et puis il y en a un dernier avec son petit short et son maillot de La Butte (un club d’un quartier de Caen), c’était Philippe (âgé de 12 ans). Et 40 ans plus tard, on a un parcours un peu identique dans le foot amateur. On a vécu les mêmes choses. On a arrêté tous les deux de jouer en D4 (Philippe Clément avec l’US Granville, Vincent Laigneau avec l’ASPTT Caen) pour devenir entraîneur-joueur dans des équipes seniors dès 24-25 ans, Philippe à Dives, moi à La Mos. Et je vous assure que ce n’était pas évident. A côté, les joueurs d’aujourd’hui, ce sont des enfants de cœur. A l’époque, ça tapait souvent dans les vestiaires. Et tu avais 40 joueurs devant toi, sur un terrain, sans adjoint la semaine. Quand je vois les staffs et les moyens d’aujourd’hui, une caméra, un mini-bus, je me dis qu’on est dans le confort. En plus Philippe, il a fait toute sa carrière de coach dans le même club. C’est un truc de fou car je peux vous dire que ce n’est pas facile de durer. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup. Bon, ça ne nous a pas empêchés de s’arracher les plumes sur le côté (sourire)".
Quand on interroge les joueurs que vous avez eus en commun, ils mettent en avant vos ressemblances. "Ce sont deux meneurs d’hommes. Ils te transmettent une motivation assez forte. Quand tu sors de leur causerie, tu te sens transcendé. Tu as envie de te donner à 110%", déclare, par exemple, Guillaume Esneu…
PC : "Je le remercie pour ces compliments. Guillaume, c’est un ami. On est tellement passionnés que je pense qu’on arrive à transmettre cette passion à nos joueurs. Je le répète : pour être convaincant, il faut être convaincu par ce qu’on dit. C’est comme dans mon bureau, quand je promets quelque chose à un joueur, jamais je ne lui mens. Je ne pourrais jamais mentir à un gamin de 18, 20 ans… De toute façon, si on avait procédé différemment, jamais on n’aurait réalisé cette carrière. Que ce soit pour Vincent ou pour moi, je pense que les joueurs retiennent l’aspect humain. On est des hommes avant tout. Un joueur peut être fâché après un entraîneur, un entraîneur déçu d’un joueur mais entre les hommes, il doit y avoir du respect. Le foot, ce n’est qu’un jeu. Après, il ne faut pas réduire la carrière de Vincent ou la mienne a juste des causeries, il faut des compétences, une connaissance du foot. On n’aurait pas duré autant de temps si on avait proposé du hourra football. Il ne suffit pas de dire : « Allez les gars, c’est bien ». Durer, c’est le plus compliqué. Je ne citerai pas de nom mais je connais des coachs qui ont fait des coups pendant trois-quatre ans mais aujourd’hui, ils ne sont nulle part. Aujourd’hui, les formations dispensées ne forment que des entraîneurs avec des ordinateurs, des classeurs, des aspects technico-tactiques mais elles en oublient l’essentiel : l’humain. Comment tu emmènes ton président avec toi, tes dirigeants, tes joueurs… A mon avis, il y a un gros travail à fournir au niveau des formations justement. Les jeunes entraîneurs arrivent avec trop de certitudes alors que tu ne commences à apprendre le métier que quand tu perds. Et ce jour-là, en général, tu es seul".
VL : "Quand j’écoute Philippe, il me rassure. On essaie de transcender des joueurs mais on s’adresse à des hommes. Notre force, c’est un travail au quotidien : accueillir un joueur, l’appeler par son prénom, aller vers lui quand il ne va pas bien… On s’est tissé du lien avec nos joueurs. Cette semaine, un jeune en me serrant la main, il ne me regarde pas. Du coup, j’ai gardé sa main, je l’ai regardé droit dans les yeux jusqu’à ce qu’il me dise « bonjour, coach Vincent »".
PC : "Avec mes groupes, dès la première séance, j'impose à mes joueurs qu'ils m’appellent coach ou Philippe. Je ne veux pas entendre de « Ça va toi » ou « Ça va ». Quand cela se produit, je leur rappelle que je ne m’appelle pas « Ça va toi ». Et entre les joueurs, c’est pareil. Je ne vois pas pourquoi les joueurs ne s’appelleraient pas par leur prénom. Idem sur les stages foot qu’on met en place avec les gamins. Ça peut paraître anodin, mais c’est la base".
VL : "Dans tous les clubs par lesquels on est passés, on a gardé des bonnes relations avec nos joueurs. Mais je ne voudrais pas qu’on nous résume juste à nos causeries, à notre côté rassembleur. Tactiquement, on ne s’est jamais ch… dessus depuis 30 ans. Sinon, on n’aurait pas duré. On n’est pas hors sujet. Ces dernières saisons, que ce soit Philippe à Dives ou moi, à Alençon (son précédent club), on a changé notre façon de travailler, on s’est adaptés à un football plus vertical, avec plus d’intensité, on a su s’entourer (lire encadré). On a bossé. Une valeur travail que j'ai apprise à Malherbe pour ma part. Je vais vous raconter une anecdote. Quand j’étais l’entraîneur de la DH à Malherbe, en 1993-1994, lors d’une réunion technique dirigée par Daniel Jeandupeux (l'entraîneur de l'équipe première, de 1989 à 1994), en présence de Pascal Théault, Franck Deshayes et Marc Denis, paix à lui (il est décédé en juin 2009), on nous demande combien on a vu de matches dans le week-end ? Je réponds celui de mon équipe forcément, celui de Daniel chez les pros et un bout d’un autre match. Franck et Marc, avec qui je m’entendais très bien, donnent la même réponse. Daniel Jeandupeux nous lance qu’il faut regarder, chacun, 10-15 matches minimum par week-end, à la TV, sur le terrain... « Si vous ne bouffez pas des matches, vous ne progresserez pas ». C’est resté gravé. A partir de ce moment-là, j’ai regardé les matches différemment, je n’étais plus un supporter, j’étais un entraîneur devant ma TV".
Que ce soit pour La Mos ou le SU Dives-Cabourg, en cas de qualification, une magnifique affiche pourrait se dessiner au 8e tour (le week-end des 30 novembre - 1er décembre) avec, possiblement, les réceptions du Stade Malherbe (L2) et de l’US Avranches (N1)(2). Est-ce que vous intégrez cette perspective dans la préparation de vos matches de ce week-end ou vous l’occultez totalement ?
VL : "On n’a pas le droit de l’occulter. Déjà, au niveau du club, de la préparation de ce possible rendez-vous, il faut l’anticiper. Je suis bien placé pour en parler car je l’ai déjà vécu avec Alençon quand on a accueilli Le Havre (avec un exploit des « Vert et Noir », 3-3, 5-3 tab, en octobre 2022). Les dirigeants ont dû mobiliser 80 bénévoles en trois semaines. Et sur le plan sportif, c’est une carotte supplémentaire. Bolbec ressent la même chose même si nous, c’est un peu différent car ça serait un derby caennais. Maintenant, on n’en est pas là. Attendons les résultats, à commencer par celui de Malherbe, qui joue avant nous. Mais si jamais, samedi, à 16 heures, Malherbe se qualifie… Ça serait magnifique pour le club, pour mon président, Thierry (Deslandes), ses bénévoles… C’est tellement dur de gérer un club".
PC : "De notre côté, on y pense moins mais c’est différent. Vincent et La Mos, c’est un derby caennais qui les attend. Tu demandes à n’importe quel joueur de La Mos qui il veut affronter en Coupe de France, hormis le PSG et Marseille, il va te citer Malherbe. Nous, en toute sincérité, on ne s’est pas encore projeté sur le 8e tour même si c'est celui qui fait le plus rêver les footballeurs amateurs. Car en cas d’issue favorable, tu bascules dans une autre dimension en 1/32e. Rien que le tirage, tu es en transe dans ton fauteuil. En 1999, je me souviens que dans notre groupe, on avait Monaco, Marseille et Lille. Pour moi, quand tu es un footballeur amateur, le 6e tour (le dernier au niveau régional), c’est une première finale et derrière, en cas de qualification, tu as un quart de finale, avec le 7e tour, une demie, avec le 8e, et une finale, en 1/32e. C’est ce que je dis à mes joueurs. Quand tu évolues à nos niveaux, en N3, si tu ne connais pas un 1/32e de finale de Coupe de France, c’est un manque dans ta carrière. C’est une récompense pour tous les efforts fournis avec souvent trois-quatre séances par semaine. Mais il faut aller la chercher. Maintenant, on va déjà se focaliser sur notre déplacement à Saint-Lô, un adversaire qui ne nous réussit pas trop d’ailleurs".
(2)Le SM Caen se déplace, ce samedi, à Chartres (N3). Le coup d’envoi de ce match est fixé à 14 heures. L'US Avranches, elle, se trouve à Tahiti, pour affronter AS Dragon, à 1 heure du matin dans la nuit de samedi à dimanche, à l'heure française.
> Coupe de France. 7e tour - FC Saint-Lô Manche (N3) / SU Dives-Cabourg, samedi 16 novembre à 18 heures au Stade Louis-Villemer et La Maladrerie OS (R1) / US Bolbec (R1), dimanche 17 novembre à 14 heures au Stade Joseph-Déterville.
*La rédaction de FOOT NORMAND remercie le centre Padelshot Caen - Mondeville, ses gérants Déborah João et Alexandre Maes, ses collaborateurs, pour l'accueil lors de cet entretien croisé.
Comment l'arrivée de Julien Le Pen il y a deux ans a reboosté Philippe Clément
Julien Le Pen (au centre) épaule Philippe Clément au SU Dives-Cabourg depuis novembre 2022. ©Damien Deslandes
S'il bat des records de longévité à la tête du SU Dives-Cabourg qu'il dirige depuis 1994 pour un total de 979 matches (!), Philippe Clément a été "à deux doigts de stopper" l'aventure, de son propre aveu, il y a quelques années. "On peut ressentir parfois des coups de mou". C'est à travers un nouveau mode de fonctionnement, en déléguant certaines missions, et grâce à une rencontre avec Julien Le Pen, en novembre 2022, que l'emblématique entraîneur du SUDC à retrouver comme une seconde jeunesse sur le banc du club du Pays d'Auge. "Julien, c'est une vraie trouvaille", ne tarit pas d'éloges le technicien divais à propos de celui qu'il qualifie "d'associé". "Ça serait lui manquer de respect que de le considérer comme un adjoint. Humainement, c'est un top mec avec des réelles compétences. Aujourd'hui, on travaille super bien en binôme et j'en suis très heureux".
Que ce soit à l'USA ou à La Maladrerie, Vincent Laigneau a compris, lui aussi, depuis bien longtemps qu'il était capital "de s'entourer". "Quand on est monté en N3 avec Alençon (en 2017), après une discussion avec mon président (Nicolas Bansard), j'ai eu l'apport de Dimitri Hubert, notamment sur la partie athlétique. Ce fut mon choix. Idem avec La Mos avec David Caillard avec qui je collabore depuis cet été. La priorité avec ses adjoints, c'est d'être soudé (en le mimant avec ses mains)".
"La priorité avec ses adjoints, c'est d'être soudé"
Vincent Laigneau
Si le staff tient une place prépondérante pour être performant dans son coaching, la cellule familiale est tout aussi importante. "Pour ceux qui partagent notre vie, ça peut être terrible parfois car on a toujours la tête pleine", lâche Vincent Laigneau. "J'ai la chance que ma femme, Virginie, soit complètement imprégnée du club", se félicite Philippe Clément dont les quatre enfants ont tous tapé dans le ballon rond : Mathis, Gabin, Roméo et Milena. "Même si elle a toujours été baignée dans cet univers avec nos gamins, sa relation avec le foot s'est construit au fil des années. Aujourd'hui, elle est sponsor, elle a des responsabilités au sein du bureau, elle fait des déplacements avec le groupe..."