Quel sentiment éprouvez-vous alors que votre aventure à la tête de la Ligue de Normandie s'apprête à toucher à sa fin ?
"Le sentiment du travail accompli, sérieusement. Bien sûr, je n’ai rien accompli tout seul. J’ai été accompagné par toute une équipe : un comité directeur, les administratifs, les techniciens, les arbitres, les membres de commissions (environ 200 personnes)… Tout le monde m’a aidé pour laisser une Ligue dans un état positif (123 000 licenciés dont 11 000 féminines, un record de pratiquants dans la région), avec des finances saines. Tout n’est pas parfait, parfois, il y a eu des dysfonctionnements, mais dans l’ensemble, je suis fier de la situation dans laquelle je quitte la Ligue".
Ne craignez-vous pas la peur du vide une fois que votre présidence se sera arrêtée ?
"Quand on est passionné comme je le suis, on a toujours peur de l’après. Je vous mentirais si je vous répondais que ça ne m’inquiétait pas un peu. Maintenant, il faut se faire à cette idée. Et puis j’ai encore les Espoirs pendant un an pour m’occuper (lire encadré ci-dessous)".
Quand vous jetez un coup d’œil dans le rétroviseur, que retenez-vous de toutes ces années au sein des instances du football français ?
"Les amitiés que j’ai eues la chance de nouer. Je retiens toutes les belles rencontres que j’ai pu faire, avec des grands personnages du football : Claude Simonet (président de la FFF, de 1994 à 2005), Gérard Esnault (ex-directeur général de la FFF), Guy Chambily (président du SM Caen, de 1991 à 1994 puis de 2000 à 2002), qui fut l’un de mes conseillers, Carlo Molinari (président du FC Metz, de 1983 à 2009), Michel Vautrot (ancien arbitre international) et, bien sûr, Noël Le Graët (président de la FFF, de 2011 à 2023), dont je fus le directeur de campagne en 2011, et, aujourd’hui, Philippe Diallo (l’actuel président de la FFF), avec qui j’entretiens de bonnes relations. Je citerais aussi Michel Hildago (sélectionneur de l’équipe de France, de 1976 à 1984), un exemple d’humanité et de simplicité, Roger Lemerre (sélectionneur de l’équipe de France, de 1998 à 2002), Pierre Mankowski (sélectionneur des Espoirs, de 2014 à 2016), avec qui j’ai construit une amitié sincère, Jean-Michel Larqué, qui a été président du District des Pyrénées-Atlantiques (2006-2017), ainsi que toute l’équipe des « Verts » de Saint-Etienne dont il fut le capitaine (finaliste de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1976). Avec Jean-Michel, on a souvent échangé".
"Ma plus grande fierté ? D'avoir permis que le siège (de la LFN) se trouve au centre de la normandie"
Quelle est votre plus grande fierté en tant que président de la Ligue de Normandie ?
"D’avoir permis que le siège se trouve au centre de la Normandie (à Lisieux), à peu de frais. Je remercie la commission qui s’est chargée de ce dossier, dirigée par Yves Michel. On peut y associer la création du pôle Espoirs (en 2020). On était l’une des seules ligues à ne pas être dotée de sa propre structure (il s’agissait d’une obligation de la FFF). Aujourd'hui, une douzaine de personnes y travaillent. Sans oublier l’IR2F (Institut régional de formation du football), un organisme de formation reconnu. Tout cela va dans l’intérêt des clubs car cela nous permet de leur offrir de meilleurs services".
A l’inverse, avez-vous des regrets ?
"Des regrets, on en a toujours. Peut-être que la réglementation est un peu trop draconienne, trop stricte au détriment des clubs. Je pense à eux. Ayant été entraîneur et président de club, je sais les soucis que ça peut provoquer. Après, il faut bien une réglementation si on ne veut pas que ça parte dans tous les sens. Maintenant, les commissions restent souveraines. Je ne m’y suis jamais immiscé. L’un des points noirs, c’est l’arrêt du foot entreprise alors que c’était une pratique extrêmement développée dans l’ex-Haute-Normandie. Et puis mon successeur va devoir se pencher sur le manque de terrains, le manque de synthétiques pour les clubs en Seine-Maritime. Je n’ai pas réussi à corriger ce manque d'infrastructures. Dans la Manche, quand j’étais président du district, on avait été précurseur sur l’éclairage des terrains. Je pensais qu’à terme, on jouerait même le vendredi soir. Tout le monde rigolait à l’époque. Et aujourd’hui, je constate que ça commence à arriver".
Votre parcours en tant que dirigeant a été marqué par cette fusion, en 2016, entre les ex-ligues de Basse et de Haute-Normandie. Une fusion imposée par l’Etat dans le cadre de la réforme territoriale…
"Cette fusion n'a pas été facile. Entre la basse et la Haute, c'étaient deux cultures différentes"
"Cette fusion n’a pas été facile. Entre la Basse et la Haute, c’étaient deux cultures différentes, qui ne se connaissaient pas. Toutefois, cette fusion m’a permis de découvrir des hommes de grande qualité, de chaque côté, à l’image de Jean-Luc Giffard (l’actuel trésorier de la LFN). Il m’a apporté son soutien à l’époque (en 2016). Ce fut important. Aujourd’hui, c’est à mon tour de le soutenir. Aujourd’hui, au niveau de cette fusion, je pense que le plus dur est derrière nous. La notion de Ligue de Normandie a bien été assimilée par toutes les parties, les gens ont pris l’habitude de venir à Lisieux, les échanges sont de plus en plus nombreux. Et avec le temps, ça ne va que s’améliorer".
Pendant vos deux mandats à la tête de la Ligue de Normandie, vous n’avez pas échappé aux critiques, notamment pendant la crise sanitaire en 2020, avec l’arrêt des compétitions et les procédures de montées et descentes que cela a engendrées…
"Je préfère retenir que la très grande majorité des clubs ont joué le jeu. Et je les remercie vivement. A chaque fois que je me suis déplacé dans un club, j’ai toujours été bien accueilli. J’ai du respect pour tous les clubs. Je pense surtout aux « petits » clubs, en milieu rural, auxquels je suis très attaché. Il faut retenir le positif. Vous savez, je ne vais pas sur les réseaux sociaux et je ne le regrette pas".
Etes-vous confiant ou inquiet pour l’avenir du football normand ?
"Le football est en progression sur notre territoire. On a les installations pour pouvoir faire du bon travail. Il faut notamment poursuivre le développement du football féminin. Pour la deuxième année consécutive, on a une section sportive excellence pour les jeunes filles à Lisieux. A terme, j’espère qu’on aura un pôle espoirs féminin. Le travail ne va pas manquer".
> Assemblée générale élective de la Ligue de Normandie, samedi 9 novembre, à l'hôtel de l'Amirauté, à Deauville.
Une histoire d'amour qui est loin d'être finie avec les Espoirs
Pierre Mankowski, l'un des sélectionneurs que Pierre Leresteux a côtoyé avec les Bleuets. ©Damien Deslandes
S'il n'occupera plus aucune fonction auprès de la Ligue de Normandie à partir de ce samedi, Pierre Leresteux ne coupera pas définitivement les ponts avec le monde du football. Jusqu'en juin, a minima, et au championnat d'Europe (11-28, en Slovaquie), le futur ex-président de l'instance régionale restera chef de délégation de l'équipe de France Espoirs ; une fonction qu'il assume depuis 2011. D'ailleurs, au lendemain des élections à la LFN, le dirigeant va rejoindre les Bleuets pour un rassemblement avec deux matches au programme, dont un Italie. "Ce calendrier tombe plutôt bien", souligne Pierre Leresteux pour qui cette fenêtre internationale tombe à pic afin d'envisager une transition plus en douceur avec sa vie d'avant.
Durant ces 13 années avec les Espoirs, celui qui représente la FFF dans cette catégorie d'âge a vu se succéder différents sélectionneurs : d'Erick Mombaerts à Gérald Baticle, aujourd'hui ; "Quelqu'un de très bien comme l'ensemble de son staff", en passant par Willy Sagnol, pour qui il porte une grande estime. Il y a eu aussi Pierre Mankowski, "avec qui j'ai noué une amitié sincère" et Sylvain, Ripoll, "un super entraîneur et un garçon formidable". A l'occasion notamment des Jeux Olympiques de Paris 2024 ; compétition où les Bleuets ont décroché la médaille d'argent cet été, Pierre Leresteux a pris plaisir à découvrir Thierry Henry. "Un grand Monsieur et un futur grand entraîneur".