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Pour Bruno Grougi et la génération 2001, la déception a laissé place à la fierté

Bruno Grougi (en bas à gauche, brassard au bras) a mené sa jeune équipe jusqu'au Stade de France en 2001 avec à la clef une défaite contre le FC Metz.

Bruno Grougi (en bas à gauche, brassard au bras) a mené sa jeune équipe jusqu'au Stade de France en 2001 avec à la clef une défaite contre le FC Metz.

À une poignée d'heures désormais de leur finale de Coupe Gambardella contre Lyon, les U18 du Stade Malherbe ont à coup sûr le cœur qui commence à s'emballer. Et quel que soit le résultat samedi soir, Maël Obé, Diabé Bolumbu, Mohamed Hafid et leurs coéquipiers doivent déjà savoir que ce samedi 7 mai 2022 sera toujours porteur pour eux d'une imposante charge émotionnelle. Finaliste malheureux en 2001, Bruno Grougi peut en témoigner. "Aujourd'hui, j’en garde forcément un très bon souvenir même si le résultat à l’arrivée n’est pas celui qu’on aurait espéré", abonde l'ex-milieu de terrain. Le samedi 26 mai de cette année-là, le Stade Malherbe au sein duquel il côtoyait Reynald Lemaître, Jérémy Sorbon ou encore Ronald Zubar avait dû s'incliner 2-0 contre l'épatant FC Metz du futur Caennais Laurent Agouazzi.

"À 17 ANS, au coup de sifflet final, tu pleures toutes les larmes de ton corps"

Derniers Malherbistes en date finalistes de l'épreuve, Bruno Grougi et ses partenaires sont assurément les mieux placés pour décrire ce que représente une telle finale dans la tête d'un adolescent, qui plus est lorsqu'elle est perdue. "Il y a de la déception mais il n’y a pas de regret. Par contre, à l’époque on n’avait pas ce recul. À 17 ans, au coup de sifflet final, tu pleures toutes les larmes de ton corps parce que tu passes à côté d’un événement merveilleux". Ce n'est qu'avec le temps que les jeunes footballeurs de Laurent Lesgent ont pu mesurer à quel point ce qu'ils avaient accompli était grand.

Pour Bruno Grougi, la génération 2001 n'avait clairement pas volé sa place en finale. "Non pas qu’on ait possédé des talents qui nous ont portés jusque-là mais on avait une force collective, un groupe, un tel caractère… On s’est battu à tous les matches, on a montré qu’on était forts et soudés et c’est ce qui nous a permis d’avancer". Des caractéristiques qu'il est assez aisé de retrouver chez la génération 2022. Il va d'ailleurs sans dire qu'à cet âge, on ne s'invite pas au Stade de France sans avoir fait preuve de cohésion. En Gambardella, le talent n'est pas forcément l'ingrédient le plus important. "Tout notre parcours, on l’a fait parce qu’on avait des liens forts entre nous", poursuit Bruno Grougi. "On était tous solidaires, tous soucieux du partenaire. Ça nous a permis de faire des résultats et ça nous a permis de tout appréhender correctement, en demi comme en quart".

Un événement fondateur pour un professionnel

Si les dernières finales de Coupe Gambardella ont prouvé qu'un parcours lumineux pour un jeune joueur n'était pas pour autant gage de grande carrière ensuite, la cuvée 2001 a en son temps accouché de belles aventures professionnelles. 13 acteurs de la finale, messins et caennais confondus, ont ainsi connu d'honorables parcours chez les « grands ». Bruno Grougi a ainsi disputé plus de 300 matchs chez les pros, essentiellement à Brest, et le parcours de 2001 a joué un vrai rôle dans sa manière d'appréhender les choses. "Quand tu bascules dans le monde pro, la proximité est moindre car chacun défend un peu plus son beefsteak, chacun pense un peu plus à sa performance, à son projet. Du coup, grâce à la Gambardella, je suis beaucoup allé vers mes partenaires pour développer des liens, ces mêmes liens qui m’avaient servi étant jeune".

"Je suis très fier aujourd'hui. C'est un parcours qui marque, qui crée des liens très forts entre les joueurs"

C'est d'ailleurs peut-être davantage sur le plan émotionnel que sur le plan du football que les jeunes Caennais vont apprendre samedi après-midi. Si Nicolas Seube ne veut pas que ses joueurs soient "juste contents d'être au Stade de France", l'antre dionysien risque cependant de s'imposer de lui-même dans les esprits. "C’est surtout le Stade de France qui faisait rêver", reconnaît Bruno Grougi. "C'est ce qui nous a fait du tort peut-être car on a essayé de se conditionner pour jouer dans le stade mais on en a perdu dans la préparation de l’adversaire. A l’arrivée, on a très peu parlé de Metz". Et ce n'est pas un hasard pour l'actuel entraîneur de la réserve brestoise si son équipe s'est rapidement retrouvée menée au score ce jour-là.

De sa propre expérience, Bruno Grougi encourage d'ailleurs Gabin Tomé, Brahim Traoré et les autres à ne pas se laisser abattre par de quelconques événements contraires. "Même s’ils sont menés au score au bout de 10 minutes comme nous, il faut qu’ils profitent du moment quoi qu'il arrive car c’est un très beau moment qui passe très très vite". La recette que propose l'ex-Cherbourgeois pour l'avant-finale est d'ailleurs on ne peut plus limpide : "Qu'ils ne changent surtout rien dans leur préparation et dans leurs habitudes. Nous malheureusement, c'est ce qui a un peu été notre tort". Et surtout, qu'ils sortent vainqueurs ou non, que les jeunes Malherbistes  sachent qu'il ne restera que du bon de cette aventure. "Je suis très fier aujourd'hui. C'est un parcours qui marque, qui crée des liens très forts entre les joueurs. Nous quand on se revoit, on est les plus heureux du monde". La victoire qui mène à la gloire, la défaite qui conduit à la fierté : il y a clairement des chemins bien plus tortueux que celui qui attend les U18 caennais ce week-end.

> Gambardella. Finale -  Olympique Lyonnais U18 / Stade Malherbe Caen U18, samedi 7 mai à 17 heures 15 au Stade de France.

L'événement vu de l'intérieur par Bruno Grougi

Dans toute sa belle carrière, Bruno Grougi n'aura goûté qu'une fois au Stade de France, au plus jeune âge possible. Ce qu'il a vécu, il ne le regrette aucunement et il se rappelle d'ailleurs de chaque moment avec une grande précision. "Le jour de la finale, il y a deux choses qui vous marquent. Quand on arrive et qu’on découvre la pelouse, on commence par prendre une grosse claque. Émotionnellement, je me rappelle que c’était intense. Puis quand tu rentres pour commencer le match, il y a vraiment beaucoup de monde, c’est intimidant".

L'ancien milieu de terrain malherbiste a aussi en mémoire le moment où les protagonistes de la grande finale du jour, celle de la Coupe de France, débarquent. Cette année-là, Strasbourg et Amiens étaient aux prises. "Quand ils arrivent et que leurs supporters les reconnaissent dans les gradins, ça fait un bruit énorme. Et limite, ça te sort de ton match. C’était dur au niveau de la gestion de l’émotion". Si l'événement n'avait pas offert au jeune Bruno Grougi de croiser Habib Beye, Corentin Martins et les autres, il n'a encore une fois aucun regret sur ce point. "Quand on arrive, ils ne sont pas là et quand eux arrivent, il faut vite qu’on libère les lieux. J’avoue que les rencontrer, ça aurait pu être pas mal mais bon, c’est déjà assez chargé niveau émotions". On veut bien le croire.

Aurélien RENAULT

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