Quand l'US Avranches l'a appelé pour coacher sa « B », l'Ifois Kévin Le Roux n'a pas pu refuser

La mine un peu perplexe dans la chaleur étouffante du terrain synthétique de l'AF Virois, l'entraîneur Kevin Le Roux se pince les lèvres. Voilà quelques instants, son équipe, la réserve de l'US Avranches, vient d'arracher un match nul 2-2 très heureux face à son homologue viroise. Forcément, celui qui a débarqué dans la Manche cet été espérait mieux comme top départ, ce dimanche 3 septembre. "Je crois que je n'ai jamais vu autant d'occasions dans un match", analyse celui qui œuvrait dans un passé récent en banlieue caennaise du côté de l'AS Ifs. "Très honnêtement, on doit perdre cette rencontre 7-4 ou 7-5 parce qu'on a été ridicules sur l'aspect des efforts et sur la structure de l'équipe. On s'en sort parce que l'adversaire n'a pas été efficace et ne nous a pas punis en première mi-temps". Reléguée de National 3 en fin de saison dernière, la réserve manchoise a au moins pris la mesure de ce qu'elle devra accomplir si elle veut disputer la remontée immédiate.

Habituée aux joutes de la cinquième division ces dernières saisons, la « B » manchoise a véritablement enclenché un nouveau cycle en Régional 1. Alors que Christophe Duboscq a mis fin à huit années de bons et loyaux services en rejoignant l'Avant Garde caennaise, c'est donc Kévin Le Roux qui lui a succédé, bien aidé par la bonne réputation qui entoure ses années ifoises. "Dès mes 22-23 ans, j'ai passé mes diplômes d'entraîneur et dès lors j'ai coaché la première de 2017 à 2023, on a passé six saisons en Régional 2", rappelle-t-il. Six saisons au cours desquelles le technicien de 29 ans a fait montre de son savoir-faire et de sa constance.

Que l'ancien joueur de l'AS Ifs se retrouve cette saison à la tête de la réserve de l'US Avranches n'était toutefois absolument pas programmé. En vérité, alors qu'il avait d'ores et déjà choisi de quitter son club de toujours, le jeune entraîneur a finalement vu ses plans changer brusquement lorsque le président Gilbert Guérin l'a appelé au cœur de l'été. "J'avais reçu quelques propositions mais je n'avais pas eu le coup de foudre", concède-t-il. "J'allais vivre pour ma famille, ma famille allait arrêter de vivre pour moi, je préférais prendre une année off mais quand le président d'Avranches t'appelle, c'est quelque chose, l'US Avranches, c'est quelque chose. Avec les gens à qui j'en ai parlé, on s'est tous dit que si je ne prenais pas ce poste, il fallait changer de métier, tout simplement". Outre ses fonctions à la tête de l'équipe réserve, Kévin Le Roux s'est aussi vu confier des missions de coordination technique au sein du club manchois.

L'opération remontée s'annonce redoutable

Si la division a changé, que les joueurs ont changé et qu'un nouveau chef d'orchestre a été nommé, celui qui reste fidèle au poste en revanche, c'est Cédric Le Gall. Déjà présent aux côtés de Christophe Duboscq ces derniers mois, le rescapé de la saison 2022/23 sera l'adjoint de Kévin Le Roux tout au long de la saison. "L'objectif reste le même, il s'agira d'intégrer nos joueurs qui étaient en U19 nationaux la saison dernière", expose-t-il. "Selon les week-ends, on aura encore des joueurs qui redescendront de National et ça impose un travail de management". Surtout, quand on parle d'objectifs, les dirigeants avranchinais n'y sont pas allés par quatre chemins puisqu'ils ambitionnent tout simplement de lutter pour une remontée immédiate. "Le président veut évidemment jouer la première place, et bien sûr qu'on essaiera d'être dans le haut de tableau", explique le coach qui va se donner encore quelques journées pour jauger son groupe.

Il se trouve cependant que la réserve manchoise est peut-être revenue en Régional 1 au pire des moments. "Il y a une donnée importante à prendre en compte puisqu'on sera le seul championnat de France où on peut être champion mais sans monter", peste Kévin Le Roux, qui fait bien évidemment référence au fait qu'un seul des deux vainqueurs de groupes du Régional 1 normand accédera au N3 en fin  de saison. "Il y a évidemment ce que veut la direction et ce qu'on aura les moyens de mettre en place", abonde Cédric Le Gall. "Peut-être qu'on fera partie des favoris avec Gonfreville, Trouville-Deauville ou les réserves de Vire et de Granville. On va au moins tâcher de se positionner dans le haut du tableau".

Alors qu'elle a enchaîné, le dimanche 10 septembre, par un deuxième match nul (1-1) contre la réserve granvillaise, l'équipe « B » de l'US Avranches va devoir monter en puissance et son entraîneur évidemment trouver davantage ses marques dans la grande structure qu'est l'USAMSM. "Avec Kévin, on a voulu ramener un vent nouveau", rappelle son adjoint. "Il est très performant à l'heure de préparer des séances auxquelles les joueurs adhèrent". Dans son costume de coach comme dans ses fonctions plus globales, Kévin Le Roux avance au moins avec une idée clairement établie de ce qu'il veut développer à Avranches. "Ce que je veux, c'est créer une synergie, développer des outils pour se structurer et le but c'est que chaque éducateur de l'US Avranches sur le pôle performance puisse disposer d'une meilleure organisation au quotidien car ce qu'ils font, c'est déjà très bien". Et qui sait, la première victoire, quand elle surviendra, servira peut-être de catalyseur à cette réserve manchoise « new look » mais toujours très ambitieuse.

Aurélien Renault