Le hasard a parfois une curieuse manière d’agencer les destins, y compris dans le football. Le tirage au sort de la Coupe de France entretient d’ailleurs parfaitement cet état de fait et ce n’est pas Tony Rouillon qui vous dira le contraire. Au 4e tour, le coach du FC Flers va retrouver l’US Granville, club au sein duquel il vient de passer une saison aux côtés de l’entraîneur Johan Gallon dans un rôle d’adjoint. "Je suis ravi du tirage", confie le technicien de 38 ans. "Je me dis que si on devait être éliminés, ce que je n’espère pas bien sûr, autant que ça soit par des gens que je connais et que j’apprécie beaucoup, par une équipe très performante, qui joue bien au ballon et qui va nous offrir un super match. Je suis super heureux de revoir le coach que j’apprécie ainsi que le staff". Pour l’anecdote, histoire qu’il n’oublie définitivement pas d’où il débarque, le destin a aussi placé la réserve de l’USG sur la route de Tony Rouillon dès le premier match de Régional 1 samedi dernier, une rencontre remportée par les Ornais (2-0).
Sur son retour à Louis-Dior le week-end passé, l'entraîneur flérien reste mesuré. "J’étais content de retourner à Granville et de revoir des gens que je connais pour commencer mais je dois admettre qu’il n’y avait pas plus d’émotion que ça pour le premier match de championnat. Ce deuxième match par contre, ce sera différent”. Et pour cause, l’ex-coach de Mondeville va être confronté à beaucoup de joueurs qu’il a côtoyés et avec lesquels il a notamment vécu une belle expérience en Coupe de France*. Il y aura ainsi de l’émotion à l’heure de défier pour la première fois le capitaine maritime Tony Théault, "mon petit frère" comme le surnomme Tony Rouillon.
Si du côté ornais, on se réjouit de pouvoir remplir généreusement le Stade du Hazé en recevant un poids lourd du football normand, il n’est pas certain que chez les Manchois, on ait sauté de joie à l’heure de se voir attribuer un déplacement à Flers comme entrée en lice en Coupe de France. "Si on se met à leur place, je me dis franchement que le FC Flers n’était pas le meilleur tirage. Non pas qu’ils aient spécialement peur de l’équipe mais ils savent forcément que je les connais très bien", abonde Tony Rouillon. Style de jeu, demandes du coach, qualités et défauts de chacun : l’ancien adjoint de Johan Gallon est pleinement au fait des possibilités et des limites de son adversaire du week-end. "Même les nouveaux joueurs, j’ai déjà pu les voir et obtenir des infos", glisse l’ex-joueur de Bretteville-sur-Odon. "Côté psychologique, j’ai une petite avance je pense, d’autant qu’on n’aura rien à perdre”.
Gêner Granville mais surtout faire progresser le FC Flers
En un an avec l’USG, Tony Rouillon aura eu le temps de vivre de belles histoires mais il n’a pas résisté bien longtemps à l’appel flérien au printemps alors que le FCF cherchait un successeur à Antoine Husson. "C’est un club important de notre région", confie-t-il. "C’est quand même 500 licenciés, et il mériterait d’évoluer à un niveau National 3 avec des équipes de jeunes qui évoluent toutes en R1". L’ancien responsable de l’USON Mondeville, club qu’il avait d’ailleurs fait grimper du R1 au N3, ne s’en cache pas : la promotion et une pérennisation au cinquième échelon national constituent un objectif à viser pour Flers dans les années à venir. "J’aimerais faire en sorte que les jeunes footballeurs flériens puissent continuer, se former et venir découvrir ce niveau-là au sein du club". Le discours des dirigeants, comme souvent, ainsi que l’ambition du club ont séduit Tony Rouillon qui apprécie de côtoyer des gens "qui ne cherchent pas à rester où ils sont mais cherchent à s’améliorer".
Les souhaits du club afin de progresser se veulent pour l’heure structurels. "Le maire de Flers vient de valider le projet de terrain synthétique pour les années à venir", se réjouit Tony Rouillon. "C’est une nette évolution, ça fera avancer la qualité et le nombre des entraînements, notamment l’hiver. C’est la première étape". L’idée est d’y aller petit à petit pour un club "déjà bien structuré” qui compte continuer à améliorer sa formation. Quid alors d’une éventuelle montée en National 3 dès cette année ? "À l’heure actuelle, je n’ai pas trop de visibilité sur le niveau des autres équipes", reconnaît le coach flérien. "Gonfreville qui vise la montée et les clubs caennais ont sûrement une longueur d’avance sur nous". Avant de s’offrir la montée, Flers saura évidemment se montrer patient.
Reste pour l’heure le frisson de la Coupe de France et la perspective forcément enthousiasmante de s’offrir le scalp du spécialiste granvillais. S’il est intercalé entre la 1re et la 2e journée du R1, la priorité du club, ce 4e tour sera joué avec un maximum d’envie et d’intensité. "On va tout faire pour se qualifier !", clame le coach ornais. "Ce sera difficile mais on va essayer de mettre des choses en place, on y croit et on peut réaliser l’exploit". L’ancien membre du staff de l’USG dispose même d’une vision transversale qui transcende l’idée même d’élimination ou de qualification propre à un tour sec. "Je ne me suis pas dit : « Fait ch…, on joue Granville, on va se faire éliminer ! », non. Je vois ce match comme un beau cadeau, vraiment parce que quitte à se faire éliminer dans un tour ou deux, autant jouer une belle équipe qui a une belle image dans la région ! C’est une récompense pour les gens qui s’investissent au club". Un bon millier de spectateurs est en effet attendu pour assister aux retrouvailles spéciales entre Granville et Tony Rouillon.
*Avec un parcours jusqu'en en 1/16e de finale avec une élimination contre Marseille devant 20 000 spectateurs à d'Ornano.
L’ex-entraîneur-adjoint de l’US Granville Tony Rouillon retrouvera son « petit frère » Tony Théault, capitaine de l’@US_Granville avec le @fcflers en Coupe de France ce samedi. Émotion en vue !#fff #fcf61 #CoupedeFrance #usg #Normandie pic.twitter.com/QmIdB2LIdF
— Aurélien Renault (@aurelrnlt14) September 30, 2020
Aurélien RENAULT