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Sauvé de la mort par deux coéquipiers, Maxime Fleury (US Trévières) n'envisage pas l'avenir sans football

Joueur de l'US Trévières et passionné de football, Maxime Fleury a été victime d'un malaise cardiaque en février et s'en est sorti grâce aux gestes de deux coéquipiers.

Joueur de l'US Trévières et passionné de football, Maxime Fleury a été victime d'un malaise cardiaque en février et s'en est sorti grâce aux gestes de deux coéquipiers.

Maxime Fleury, 29 ans, est peut-être le joueur de football de la région le plus chanceux dans son malheur. Sportif assidu, passionné de football, pas du genre à compter ses efforts, le joueur de l'US Trévières (niveau départemental), près de Bayeux, a failli tout perdre le dimanche 6 février lorsqu'un malaise soudain l'a frappé à la mi-temps d'un simple match du dimanche. Le souffle court lors de la première période entre la réserve de l'UST et celle de Saint-Sever, le jeune homme demande à sortir avant la pause et peine alors à reprendre ses esprits sur le banc. "À la mi-temps, dans les vestiaires, deux de ses camarades ont constaté que ça n'allait pas trop", retrace le président trévièrois Alain Poitevin qui a vécu l'événement à distance, pendu à son téléphone. "Ils ont voulu lui donner un morceau de sucre et arrivés à la buvette, ils ont dû le mettre au sol. Là, il est tombé inconscient". Aujourd'hui, Maxime Fleury n'a aucun souvenir de cet événement ni des heures qui l'entourent mais cet après-midi-là, c'est son cœur qui a voulu lui faire faux bond alors qu'il s'adonnait simplement à sa passion de toujours, le football.

"Mon CŒUR s'est arrêté 16', j'ai été choqué sept fois. Le simple fait que je sois revenu à la vie, c'est déjà un exploit", 
Maxime fleury

Si le footballeur du Bessin est toujours en vie et que notre rédaction a même pu s'entretenir avec lui dans le cadre de cet article, c'est avant tout parce que les deux partenaires de jeu qui l'ont pris en charge n'étaient pas n'importe qui. L'un s'appelle Kévin Cabasset, l'autre Xavier Couvert et tous les deux sont pompiers volontaires. "Ils lui ont fait les premiers gestes et ce sont eux qui ont appelé les pompiers de garde à Trévières", poursuit Alain Poitevin. "Ce jour-là, ils lui ont sauvé la vie, c’est une certitude". Alors que ses deux partenaires lui faisaient gagner un temps précieux, Maxime Fleury a aussi bénéficié de l'extrême réactivité des pompiers, débarqués au stade en seulement sept minutes.

"On m’en a raconté une bonne partie car je n’ai pas grand souvenir de tout", explique le joueur de 29 ans, en pleine rémission. "J’ai un vrai blanc d'un samedi à l’autre. Je me suis réveillé à l’hôpital le mercredi et pendant deux ou trois jours, j’ai eu des souvenirs mais ils sont vachement flous. En vrai, ce n'est pas plus mal, ça m'empêche de psychoter". Comme il l'a appris plus tard de la bouche de son cardiologue, ce dimanche après-midi-là, il a eu beaucoup de chance, notamment parce qu'il ne devrait avoir aucune conséquence à subir de son malaise. "J’ai extrêmement de chance", clame-t-il. "Mon cœur s'est arrêté 16 minutes, j'ai été choqué sept fois. Le simple fait que je sois revenu à la vie, c'est déjà un exploit. Ils s'attendaient vraiment à ce que j'aie des séquelles, mais même au niveau neurologique, je n'ai rien". Le footballeur a bien conscience que sans ses deux coéquipiers, son destin aurait sûrement été tout autre. "Ils ont réussi à me faire le massage à temps. Le cardiologue m’a dit que tout était aligné pour que je m’en sorte sinon ce n’était pas possible".

L'ambition de reprendre le football comme moteur de la rééducation

D'ores et déjà touché par ce type d'événement par le passé, avec une issue bien plus dramatique sur laquelle il n'a logiquement pas souhaité s'étendre, Alain Poitevin reconnaît avoir vécu des jours pénibles. "Quand vous êtes dirigeant et que vous avez un joueur entre la vie et la mort, c’est difficile à accepter", confie-t-il. "Ce sont des gamins que j’ai vus grandir. Maxime, c’est quelqu’un que j’ai connu tout petit, il nous suivait partout". Après avoir tenu l'entourage du club au courant de l'état de Maxime sur les réseaux sociaux grâce également au concours de la sœur du joueur, Pauline, le président de l'US Trévières a alors été surpris de voir l'émotion que suscitait l'événement dans les clubs alentours. "On a reçu des petits mots d'attention pour Maxime venus du Calvados, de la Manche. Notamment Saint-Sever qu'on affrontait, Bayeux, Saint-Vigor, des clubs de Caen...", expose le dirigeant, très ému. "C'est dans ces moments qu'on se rend compte que le foot rassemble. On ne peut pas remercier tout le monde individuellement mais la famille de Maxime et tout le club ont été touchés".

"On a reçu des petits mots d'attention pour Maxime venus du Calvados, de la Manche", 
Alain Poitevin

Pour le joueur, comment envisager désormais la suite de sa vie de footballeur, de sa vie tout court, après un tel événement ? Pour l'heure, alors qu'un changement de vie professionnelle se dessine pour celui qui opérait comme chauffeur-livreur, la reprise du football reste un véritable objectif. "J’ai toujours joué à Trévières depuis l’âge de mes cinq ans", expose-t-il. "Je voulais déjà reprendre au mois de mai mais ils m’ont dit que ça serait trop juste, qu’il faudrait attendre septembre. Je me suis dit que je n’étais plus à trois mois près. Le football, c’est ma passion, j’en ai toujours fait, tout le temps, donc je compte reprendre. On ne m'a pas dit que c'était interdit. Je compte rester dans le milieu du foot quoiqu’il arrive".

S'il reprend, ce ne sera pas sans l'aval d'Alain Poitevin qui compte bien avoir la certitude que son joueur n'encourt aucun risque. "S'il a décidé qu'il rejouerait, il le fera. Mais il ne retapera dans un ballon que lorsque j'aurai eu des papiers d'un cardiologue", assure-t-il. "Il nous a fait trop peur". Qu'importe le temps que ça prendra, lorsque viendra l'heure pour Maxime Fleury de chausser à nouveau ses crampons, il aura forcément une pensée émue pour le milieu Xavier Couvert et le défenseur Kévin Cabasset, avec lequel, plus jeune, il a par ailleurs fréquenté les bancs de l'école. Alors qu'il s'astreint présentement à une rééducation et à des visites médicales fréquentes, le Trévièrois est déjà retourné voir ses partenaires et assister à un match de l'UST. "Je ne pourrai jamais remercier Kévin et Xavier comme je le voudrais car ils m’ont sauvé la vie et sans eux, je ne serais pas là. La vie, ça ne tient qu’à un fil, c’est pour ça que j’ai eu cette petite chance de rester parmi vous. Je vais donc tâcher de bien en profiter quand même et d’aller bien pendant quelques années encore". C'est bien le moins qu'on puisse souhaiter à ce survivant.

Aurélien Renault

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