Pour les « petits » clubs qui échappent aux pièges et tracent leur route en Coupe de France, la compétition n’accouche pas toujours de rencontres mémorables, même au 4e tour. Malgré l’entrée en lice récente des formations de niveau fédéral, les clubs manchois Saint-Quentin-sur-le-Homme et Tessy Moyon, tous deux pensionnaires de Régional 3, n’ont pas hérité d’un gros poisson. Ils se retrouveront au contraire opposés l’un à l’autre dimanche dans un pseudo-choc départemental. Alors, bon ou mauvais tirage ? "Ça va être un match compliqué, Tessy c’est quand même un gros de notre championnat qui a failli monter l’année dernière", juge Nicolas Cheruel, l’entraîneur de Saint-Quentin, le club recevant. "On n’en parle pas plus que ça dans les vestiaires", répond son homologue de Tessy Moyon Jérôme Chenel. "On ne se met pas du tout de pression, le club a déjà atteint le 5e tour, on n’a pas à marquer l’histoire du club. Notre routine, ça reste le championnat".
Si ce duel 100% Régional 3 n’est pas un événement en soi, il en est un malgré tout. C’en est d’ailleurs davantage un pour Saint-Quentin que pour Tessy Moyon. Enfant du club ayant connu une longue pige à l’US Avranches, Nicolas Cheruel s’en explique. "Pour nous, jouer un 4e tour de Coupe de France, c’est historique. La seule fois où on l’a fait c’était en 2009/10. On avait été sortis par Bayeux qui était alors en DH sur le score de 3-0". Quatorze ans après, l’occasion est belle pour ses joueurs, récemment revenus de Départemental 1, d’aller humer pour la première fois un 5e tour. "Le tirage au sort nous offre bon espoir de bien figurer", poursuit l’entraîneur. "On va jouer le match comme on les prend tous. L’idée directrice c’est de faire ce qu’on peut".
"Les dirigeants ont commencé à prendre la température, on sent qu’il va y avoir beaucoup de monde au stade"
Nicolas Cheruel, entraîneur de Saint-Quentin-sur-le-homme
Au cours des derniers jours, l’effervescence est donc inévitablement montée crescendo dans la commune qui borde Avranches. "Les dirigeants ont commencé à prendre la température, on sent qu’il va y avoir beaucoup de monde au stade", se réjouit Nicolas Cheruel, d’autant plus que dimanche, dans le secteur du sud-Manche, Saint-Quentin-sur-le-Homme sera la seule ville à accueillir un match de Coupe de France. La compétition centenaire, aussi attrayante soit-elle, n’est cependant pas un objectif en soi. "On tâche avant tout de se structurer", confie l’entraîneur. "On a fondé un groupement avec le club du Val-Saint-Père chez les jeunes. On essaie de mettre tout ça en place, on veut former les jeunes un maximum". Et en attendant de voir livré en mai un nouveau terrain éclairé, le club manchois fait avec les moyens du bord, il doit notamment délocaliser ses entraînements à Courtils, une commune voisine.
À Tessy, les objectifs viendront plus tard
Après avoir manqué la montée en Régional 2 pour un but dans les derniers instants de la saison dernière, Tessy Moyon est repartie pour un tour en huitième division. Pour l’heure, le club occupe déjà les premiers rôles avec sept points pris sur neuf possibles, soit trois de plus que son futur adversaire. Qu’à cela ne tienne, malgré la dynamique, Jérôme Chenel ne fait aucun plan sur la comète. "On va tâcher d’améliorer les choses qu’on peut améliorer [par rapport à la saison dernière]", confie l’ancien gardien d’Agneaux passé aussi sur le banc du Molay-Littry. "Ce que je dis toujours c’est que j’ai un groupe trop jeune pour fixer des objectifs en termes de saison". La Coupe de France peut alors servir de point de départ pour lancer pleinement une potentielle saison historique. "A chaque fois qu’on a fait un beau parcours en Coupe avec Agneaux, c'est vrai, ça nous a fait un bon tremplin pour la suite", concède l’entraîneur, qui reste toutefois prudent. "Je ne prends pas ce match comme l’événement de l’année".
"A chaque fois qu’on a fait un beau parcours en Coupe avec Agneaux, ça nous a fait un bon tremplin pour la saison"
Jérôme Chenel, entraîneur de Tessy Moyon
Pour l’heure, Tessy Moyon fait partie des clubs normands qui n’ont pas encore connu la défaite en 2022/23. D’ailleurs, en Coupe de France, les Manchois ont bénéficié d’un petit coup de pouce du destin pour se hisser au 4e tour puisqu’ils n’ont pas joué au stade précédent. "Au troisième tour, on devait affronter Ouest-Cotentin qui avait battu Bricquebec aux tirs au but", explique Jérôme Chenel. "La Ligue s’est alors rendue compte qu’il y avait un suspendu à Ouest-Cotentin et la qualification est revenue à Bricquebec. Finalement, quelques jours plus tard, la Ligue a découvert que Bricquebec avait aussi aligné un joueur suspendu, ce qui fait que les deux équipes ont été éliminées". Cette qualification insolite va au moins permettre aux joueurs de Tessy Moyon de découvrir les maillots de la Coupe de France. Pour la plupart, ce sera d'ailleurs une grande première.
Alors qu’ils se retrouveront opposés en Régional 3 le samedi 25 novembre, Saint-Quentin-sur-le-Homme et Tessy Moyon vont tenter de faire fi du parfum de championnat qui flottera inévitablement au stade Raymond Beaulieu, dimanche. S’ils ont conscience que l’affiche n’a pas de quoi faire rêver, tous ont dans le viseur un 5e tour qui pourrait, lui, peser lourd dans la boîte à souvenirs. "Recevoir Granville, ça aurait été autre chose mais l’avantage de Tessy c’est qu’on va pouvoir se qualifier", estime Nicolas Cheruel qui pourra espérer voir Thomas Valtriani et sa bande débarquer dans deux semaines en cas de succès. "Quand on joue à l’extérieur, il n’y a pas une grosse émulation au club", reconnaît Jérôme Chenel. "On voudrait ramener un gros au tour suivant pour marquer le coup à Tessy et faire une grande fête". Et qui sait, la magie de la compétition rendra peut-être ce Saint-Quentin - Tessy mémorable.
> Coupe de France. 4e tour – Saint-Quentin-sur-le-Homme (Régional 3) / Tessy Moyon (Régional 3), dimanche 1er octobre à 15 heures au Stade Raymond Beaulieu.
Aurélien Renault