Dans la famille Fortunato, le football ne se conjugue pas qu'au masculin. Lou a suivi les pas de son frère cadet, Mario, joueur emblématique de la formation caennaise. Non gardé par le Stade Malherbe l'été dernier, le milieu de terrain aux bouclettes distinguées s'éclate en National 2 sous les couleurs de son nouveau club, Saint-Pryvé Saint-Hilaire. "Il a déjà marqué six buts en six matches, je suis contente pour lui", se félicite sa grande sœur. Toujours à taper la balle avec son « frangin » et les cousins dans le jardin quand elle était petite, celle qui pratique également le patinage artistique a pris sa première licence de football à 16 ans, à Douvres-la-Délivrande. Passée ensuite par Condé-sur-Noireau, elle porte désormais les couleurs de Carpiquet, en Inter-districts.
Cette année, « Les Lionnes » sont passées du foot à 8 à celui à 11. Une volonté des dirigeants dans l'évolution du club. "J'avais peur qu'on soit complètement désorientées sur le terrain, mais on se débrouille bien. A titre perso, j'ai l'impression de passer mon temps à courir dans le vide", plaisante celle que l'on surnomme « Loupiotte » dans les vestiaires. Sur le podium du championnat la saison dernière et finaliste de la Coupe du Calvados, l'équipe carpionne avait toujours fonctionné à 8 jusqu'à présent. La mayonnaise semble prendre aussi sur grand terrain. "Plusieurs joueuses ont déjà pratiqué le foot à 11. Les anciennes étaient réticentes par rapport aux distances, mais c'est simplement un jeu différent. On met plus de temps pour atteindre le but adverse. Elles se sont vite adaptées", confie le coach Fabrice Lelièvre.
"J'avais peur qu'on soit complètement désorientées sur le terrain, mais on se débrouille bien"
Lou Fortunato
Si tout va pour le mieux en championnat (1V-1N), les Carpionnes se préparent à un autre défi avec au programme un 3e tour de Coupe de France, ce dimanche. Une première dans leur histoire. Inutile de faire des kilomètres, le tirage au sort les emmène à 15 minutes de la maison, sur le terrain de Thaon. "On les connaît bien, on jouait contre elles à 8. Très souvent, ça ne se jouait pas à grand chose", raconte Lou Fortunato. "C'est une très bonne équipe, mais on va tout donner". Une sorte de derby entre deux équipes de la banlieue caennaise qui réjouit son entraîneur. "On se rencontre chez les jeunes, chez les garçons et chez les féminines. C'est un bon match entre deux équipes qui se respectent. C'est une histoire de club à club".
La plus jeune jeune joueuse n'est pas encore majeure, l'aînée approche la soixantaine
Arriver à ce stade de la compétition ressemble déjà une victoire pour Lou Fortunato, ses partenaires et son entraîneur, à la tête de l'équipe féminine depuis cinq ans. Si elles ont rejoint d'office le deuxième tour sur un forfait de l'AS Valognes, c'est aux tirs aux buts qu'elles ont pris le dessus sur le CS Orbec. "On ne savait pas à quoi s'attendre car Orbec joue vraiment bien. Mais on n'a pas été si ridicules que ça", souligne celle qui a transformé le deuxième « penalty » de la série. "Malory (Bayeux), notre gardienne, a aussi fait de beaux arrêts pendant le match et la séance de penaltys. On est contentes !"
"Mon frère (Mario) me dit que je ne cours pas assez, voilà le genre de conseils qu'il me donne (rires)"
Lou Fortunato
Si les résultats vont bon train, l'ES Carpiquet prône surtout le foot plaisir avant la performance. Dans cette équipe multigénérationnelle, où la plus jeune joueuse n'est pas encore majeure tandis que l'aînée approche la soixantaine d'années, la bonne humeur est de mise. "Il y a plein de caractères différents. On se taquine, on rigole bien et on se dispute de temps en temps mais jamais rien de grave", rassure Lou Fortunato. "On a envie de gagner et de se faire plaisir". Les deux ne sont pas incompatibles.
Au contraire. Pour ça, les joueuses comptent aussi sur des bénévoles dévoués qui passent leur temps à les chouchouter. Du coach à l'arbitre de touche en passant par les familles, premiers supporters derrière la balustrade. Ce dimanche, nul doute qu'il y aura du monde en pourtour pour encourager les Carpionnes. Mario Fortunato, lui aussi engagé en Coupe de France, ne pourra être présent pour voir à l'œuvre sa sœur et sa compagne, Clémentine. Parfois, pour le bien des oreilles de son aînée. "Mon frère me dit que je ne cours pas assez, voilà le genre de conseils qu'il me donne", ricane la jeune femme de 27 ans. "Il se moque de nous mais ça reste cool". Que le meilleur gagne dans la fratrie !
> Coupe de France Féminine. FC Thaon-Bretteville (R2) / ES Carpiquet (Inter-Districts), dimanche 29 septembre à 13 heures au Stade André-Lefèvre au Fresne-Camilly.
Léa Quinio