Dans le football actuel, les fusions de clubs se révèlent souvent salutaires. Ce n'est pas le GFA Rumilly-Vallières, brillante formation savoyarde de National 2 qualifiée depuis hier pour les demi-finales de la Coupe de France qui vous dira le contraire. En Normandie, alors que le rapproché entre Dives et Cabourg se révèle être une réussite, à quelques kilomètres de là, le mariage entre les associations d'Houlgate et de Villers-sur-Mer prend semble-t-il la même direction. "Ce projet a été enclenché en 2016 avec une fusion nécessaire en 2017", expose Victor Granturco, secrétaire général de l'AS Villers-Houlgate. "Grâce à ça, on a maintenant des équipes dans toutes les catégories chez les garçons et les filles, on a aussi pu augmenter notre budget et nos licenciés. Malgré la Covid, notre développement n'a pas été rapide, il a été fulgurant. Il faut cependant rester sur terre car nous ne sommes qu'en Régional 2".
Victor Granturco
Sous l'impulsion d'un certain Alain Caveglia, conseiller du club, et du nouveau manager général Emmanuel Trégoat (ex-Paris FC), l'ASVH s'est mis sur la piste d'un nouvel entraîneur, jetant finalement son dévolu sur l'ancien Ebroïcien, joueur et entraîneur, Dramane Dillain. "Mon ambition est avant tout de prendre en main un club de Régional 2 et d'y obtenir les meilleurs résultats possibles", avance le nouveau coach. "Je n'y vais en aucun cas en parlant de National 3 ou en disant qu'il faut à tout prix changer de niveau la saison prochaine. Je respecte trop mes confrères et mes futurs adversaires pour ça".
Il n'en demeure pas moins que l'ex-joueur de Quevilly a rejoint un des projets les plus ambitieux de la région et qu'il sortira en juillet d'une hibernation longue de deux saisons. À la fin de l'exercice 2018-2019, le technicien âgé de 40 ans avait été remplacé par Christophe Taine, aujourd'hui à Montluçon (N3, Auvergne). Il supplée aujourd'hui Erick Ledeux, arrivé en fin de contrat à l'ASVH. "Je ne dirais pas que j'ai mal vécu cette période sans poste mais le téléphone sonne quand même moins et on a l'impression de devenir moins important aux yeux de certaines personnes", reconnaît Dramane Dillain. "Cela dit, on sait quand on est entraîneur que ça fait partie du jeu. Ce n'était pas une période facile mais elle m'a permis de me remettre en question notamment sur mes rapports avec les clubs, d'aller voir des matches, de réfléchir un peu et notamment de me rendre compte qu'il n'y a pas que le foot dans la vie".
Richard Déziré, l'un des nombreux modèles de Dramane Dillain
Une chose est sûre, le joueur passé par la réserve du Stade Malherbe au début des années 2000, a faim de football et revient gonflé à bloc. "Mon objectif est de reprendre le terrain, de mettre en place les choses du mieux possible et d'être le plus performant possible avec l'équipe. Je veux fournir un jeu, que les gens voient une équipe qui fait des efforts, qui a un bon comportement et qui est agréable à voir jouer. L'idée, c'est aussi évidemment de gagner des matches, on ne va pas se voiler la face". Mais la prudence reste de mise, d'autant que le groupe reste à peaufiner. "Il faut que l'effectif actuel soit toujours là pour nourrir des ambitions", poursuit Dramane Dillain. "Rien n'est simple dans le sport ! On ne peut pas dire qu'on va monter, il y a des hommes, il y a de la psychologie, des séances et des plannings à mettre en place. D'autres éléments comme la Covid sont entrés en ligne de compte et on ignore dans quelle forme on va retrouver certains joueurs".
Dramane Dillain
Salué par ses nouveaux dirigeants pour son travail effectué à Evreux, celui qui a aussi la casquette d'éducateur professionnel au ministère de la Justice est par ailleurs resté proche de l'entraîneur Richard Déziré (ex-Avranches) qui l'avait d'ailleurs conduit à le suivre de Quevilly à Raon-l'Etape en 2008. "J'ai été marqué par plusieurs entraîneurs, notamment Eric Fouda ou Nasser Larguet. Richard Déziré, c'est quelqu'un qui est très fort psychologiquement et humainement. J'ai mes propres idées mais je reste en lien avec lui, c'est aussi lui qui m'a conseillé d'être exigeant en fonction du niveau auquel je coache. Il y a du Richard Déziré dans ma façon d'aborder les gens".
Lorsqu'il prendra son poste début juillet, Dramane Dillain apportera ses méthodes mais il aura aussi à cœur d'amener une juste continuité à ce qui a été construit par Erick Ledeux. L'ancien défenseur avancera pas à pas. "Je respecte ce que souhaitent mes dirigeants en termes d'ambition évidemment mais moi, je vais avant tout m'atteler à ma tâche. Je suis impressionné par les gens qui mettent de l'argent dans le football amateur, c'est tout à leur honneur". Le mariage entre le coach et l'état-major de l'ASVH semble, en tout cas, très bien parti. "On a reçu pas mal de coaches mais c'est Dramane Dillain qui a signé deux ans", conclut Victor Granturco. "On lui confie les rênes de l'équipe première, on cherchait un entraîneur aussi capable de s'investir en temps et en énergie sur le développement des équipes réserves et qui accepte de s'inscrire dans un projet club". Reste à voir jusqu'où ce projet mènera l'équipe de la Côte Fleurie ?
Quel avenir pour l'AS Villers-Houlgate ?
En fusionnant voilà quatre ans, Viller-Houlgate a fait passer son budget de 40 000 € à 250 000 €. D'une centaine de licenciés, le club présidé à l'époque par Thierry Granturco a aussi grimpé à plus de 400. "On a aussi été labellisé au niveau bronze pour l'école de foot masculine et niveau argent pour l'école féminine", se félicite Victor Granturco. La majeure partie des objectifs fixés par le passé pour le cap 2021 ont été atteint mais qu'est-ce qui va attendre le club pour la future étape ?
"La crise du Covid nous a peut-être enlevé une ou deux montées et cet été, on s'est dit qu'il fallait relancer un nouveau cycle d'objectifs de quatre ans. Parmi nos nouvelles idées, pour être un club ambitieux, on va étudier le passage du club sous la forme d'une SASP (Société anonyme sportive professionnelle). Le développement économique en tant qu'association est vraiment limité. Pour pouvoir attirer des entrepreneurs et des partenaires économiques, il faudra y songer".
Pour réussir leur transition en SASP tout en conservant l'existence de l'association actuelle, il a été conseillé à l'ASVH d'opérer le virage en évoluant à un niveau N3-N2, preuve que les résultats sportifs vont à un moment donné devoir épouser la même trajectoire que les ambitions structurelles. "Être une SASP, ça ne fait pas sens au niveau régional mais si on veut performer au niveau national, on va y être forcé". Rendez-vous en 2025 pour un futur bilan.
Aurélien RENAULT