Ils se sont réveillés dimanche matin avec la gueule de bois... au sens propre ! Il faut dire que la nuit a été longue (ou courte, tout dépend du point de vue où on se place). En même temps, ce n'est pas tous les jours qu'on célèbre une accession en N2, surtout quand il s'agit d'une première dans l'histoire d'un club. Alors qu'il fallait un incroyable concours de circonstances pour valider leur montée à l'étage supérieur dès ce week-end, les partenaires d'Axel Flucher ont pu la fêter devant leur public samedi soir. "On avait besoin de trois résultats positifs de nos concurrents directs*. C'était impossible de l'envisager", n'en revient presque pas Arthur Dallois. "La probabilité était assez faible pour que ça se produise", abonde Christophe Lécuyer.
Surtout que la condition n°1 pour s'assurer du titre de champion normand de N3 était de s'imposer aux dépens de l'AS Cherbourg. Et en se retrouvant menées 2-1 à la 90', les affaires viroises étaient bien mal engagées. Mais dans les arrêts de jeu, la rencontre a basculé dans l'irrationnelle. "Il y a eu un renversement incroyable. Tout s'est inversé en l'espace de cinq minutes", lâche le président du club du Bocage. C'est tout d'abord Jordan Perrier, sur un service d'Arthur Dallois (incontestablement l'homme de cette confrontation), qui a remis les deux équipes à hauteur avant que l'ex-attaquant du Stade Bordelais, déjà auteur de l'égalisation en première période, ne plonge le Stade Pierre-Compte dans la folie.
"En général, je ne célèbre pas mes buts mais là, sans réfléchir, je me suis dit que c'était celui de la montée. J'avais entendu à la mi-temps que les résultats des autres nous étaient favorables", rapporte Arthur Dallois qui pouvait difficilement rêver plus beau cadeau la semaine de son 28e anniversaire. "Mes parents (Monique et Bruno) sont venus exprès de Lyon (d'où il est originaire). Ils ne pouvaient pas tomber sur un meilleur match. Bon, heureusement que je marque à la fin car je bouffe deux-trois occasions sérieuses en première mi-temps. Si je suis plus efficace, il peut y avoir deux-trois zéro pour nous à la pause". Qu'il se rassure, le n°9 de l'AFV s'est largement rattrapé. Malgré cette troisième réalisation à la 93', les joueurs de Cédric Hoarau, au coup de sifflet final, ont patienté pendant de longues minutes sur la pelouse en attendant l'officialisation des scores de leurs adversaires. "Il nous manquait le résultat de l'AG Caen à Dives", raconte Arthur Dallois. Quand le speaker de Pierre-Compte a annoncé que les deux équipes s'étaient quittées sur un score nul et vierge, le groupe virois a explosé de joie, communiant avec ses supporters.
L'hommage au président Christophe Lécuyer
"C'est encore plus beau quand ça se passe de cette manière, quand c'est improvisé", ne cache pas Christophe Lécuyer, particulièrement ému. "C'est la troisième fois cette saison qu'on le fait pleurer le président : contre le Stade Malherbe (au 8e tour de la Coupe de la France), Nantes (en 1/32e de finale) et ce week-end", énumère le coach Cédric Hoarau avant de lui rendre un hommage appuyé. "Il est à la base de tout. Il impulse les choses. C'est lui qui m'a fait venir. Si tu ne l'as pas, tu ne fais pas ça. Il a un tel dévouement. C'est un grand Monsieur". Pour le technicien bocain, cette accession, la troisième de sa carrière sur un banc (la première avec la Mos en R1, la seconde déjà à la tête de l'AFV, toujours en R1), a également une signification symbolique. "C'est la plus belle. Elle a beaucoup de valeur à mes yeux. Vire, c'est mon club, c'est ma ville... Mes parents vivent toujours ici".
Ce titre de champion de N3 témoigne aussi de la montée en puissance du club du président Christophe Lécuyer, devenu la deuxième place forte du football calvadosien, derrière le Stade Malherbe, la troisième ex aequo de l'ex-Basse-Normandie à égalité avec l'US Granville, après l'US Avranches. "Quand je suis arrivé la première fois (en 2015), le club venait tout juste d'être promu en R1. Quand on a accédé en N3, on s'est dit que le club ne pourrait pas aller plus haut, qu'il était à son maximum. Et là, tu montes avec des gars qui sont présents depuis cinq, six, sept ans...", se montre fier Arthur Dallois, l'un des éléments les plus expérimentés de l'effectif de Cédric Hoarau. L'attaquant a déjà évolué en N2 avec la réserve de Montpellier, le FC Rouen, l'US Granville et Rumilly-Vallières.
Si cette promotion en quatrième division va impliquer des changements dans les semaines à venir (recrutement, infrastructures, organisation...), "On va découvrir un nouveau monde", prévient Arthur Dallois, Vire, à cinq journées du terme, n'entend pas laisser filer la fin du championnat. "On veut encore rafler le maximum de points pour terminer le plus haut possible", fixe comme objectif Cédric Hoarau. "On ne veut pas concéder de nouvelle défaite", ajoute son avant-centre alors que l'AFV n'a baissé pavillon qu'à seule reprise cette saison en N3. Un beau challenge pour finir en beauté.
*Pour que l'AF Virois s'assure de la montée en N2 ce week-end, il fallait, outre une victoire contre l'AS Cherbourg que l'AG Caen ne s'impose pas à Dives (0-0), que Oissel et Alençon s'inclinent respectivement face à la réserve de l'US Avranches (2-0) et la lanterne rouge Mont-Gaillard (1-0).