Viviane Asseyi jure ne pas encore y penser. "Je suis quelqu'un qui vit au jour le jour. Je ne me projette pas. J'ai beaucoup de choses à prouver. On ne sait pas de quoi est fait demain". Demain, c'est la Coupe du Monde. "Je ressens l'engouement. De plus en plus de journalistes suivent le foot féminin. Et toutes les personnes qu'on croise dans la rue sont au courant de l'événement". Il y a 20 ans, c'est grâce à un autre Mondial, déjà dans notre pays, que la jeune Viviane - qui n'avait pas encore soufflé sa cinquième bougie - s'est prise d'amour pour le football. "Ma passion est née avec la Coupe du Monde 1998. J'ai regardé un match et dès le lendemain, j'ai dit à ma mère : « Achète moi un ballon. Je veux faire du foot ». Au début, elle croyait que je rigolais. Mais elle s'est vite rendu compte que j'étais déterminée. Depuis, je n'ai jamais arrêté de jouer".
De nouveau buteuse avec les Bleues en mars
De l'US Quevilly à Bordeaux en passant par le FC Rouen, Montpellier et Marseille, son parcours l'a conduite en équipe de France. Son histoire avec les Bleues, Viviane Asseyi l'a entamée en 2013. La Normande avait été l'invitée surprise de la liste de Bruno Bini, le sélectionneur de l'époque, pour l'Euro. La seule grande compétition à laquelle elle ait participé à ce jour. "Je ne m'y attendais pas du tout. Je n'avais jamais été appelée de la saison. J'étais déjà contente d'être retenue parmi les réservistes". Un magnifique souvenir (en dépit de l'élimination en quart de finale). "A 19 ans, on ne calcule pas. Tout est arrivé si vite. Maintenant, j'espère que les meilleures choses avec l'équipe de France se trouvent devant moi".
Derrière les incontournables Eugénie Le Sommer, Delphine Cascarino ou bien encore Kadidiatou Diani qui emmèneront l'attaque tricolore, la Normande a su se faire une place dans les « 23 » de Corinne Diacre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a mis tous les atouts de son côté. Auteur de 12 buts sous les couleurs de l'étonnant promu girondin (quatrième en D1 à une journée du terme du championnat) ; soit la moitié des réalisations de son club qu'elle a rejoint cette saison, la joueuse formée à l'US Quevilly a également fait trembler les filets avec la sélection. Alors qu'elle n'avait plus marqué avec les Bleues depuis plus d'un an, Viviane Asseyi a lancé le festival des filles de Corinne Diacre aux dépens de l'Uruguay en ouvrant le score (pour une victoire finale 6-0 le 4 mars, au stade de la Vallée du Cher à Tours). Une efficacité retrouvée au meilleur des moments.
Une sélection au Havre devant sa famille
Car quand elle a n'a pas été convoquée pour le dernier rassemblement de l'année 2018, contre le Brésil, en novembre, on a craint que ses chances de prendre part au Mondial soient compromises. "J'étais consciente que mes prestations n'étaient pas conformes à ce que l'on attendait de moi. La coach a voulu me piquer dans mon orgueil. Avec le recul, ce fut un mal pour un bien. C'est peut-être bête d'en arriver là mais ça m'a fait réagir". Une impression corroborée par Corinne Diacre : "Elle a été très performante avec son club. Il était logique qu'elle revienne". L'alignant principalement sur l'aile droite de l'attaque alors qu'avec Bordeaux, la Normande fait parler sa polyvalence avec une préférence pour l'axe, l'ex-entraîneure de Clermont l'a donc rappelée début 2019 face aux Etats-Unis.
Une rencontre pas tout à fait comme les autres pour Viviane Asseyi puisqu'elle s'est déroulée au Havre, à une heure de chez elle, devant une bonne partie de sa famille. "Ça n'arrive pas si souvent. Il y avait aussi la section féminine de Quevilly (dont elle est la marraine) qui se trouvait dans les tribunes. Quand on a fait le tour d'honneur, j'ai vu toute ma famille heureuse. Jouer en Normandie, dans un stade plein, une si belle affiche, tout était réuni. En plus, on a gagné (3-1)", se réjouit l'internationale, rentrée à la 83'. Un Stade Océane que la Quevillaise et ses partenaires pourraient retrouver en 1/8e de finale du prochain Mondial, en cas de sans-faute dans la phase de groupes.
Un tournoi à son nom le 1er juin à Quevilly
Petite aprem à @QRM ?? #Enjoy pic.twitter.com/WJkaRrsusD
— Vivi Asseyi (@Vivi_Asseyi) April 27, 2019
Très attachée à sa Normandie natale bien qu'elle l'a quittée il y a maintenant dix ans pour poursuivre sa carrière, Viviane Asseyi a gardé un lien très fort avec Quevilly (à l'époque l'USQ et désormais QRM), son premier club. Elle est, d'ailleurs, la marraine de la section féminine (comprenant une centaine de licenciées). "A mes yeux, c'est très important. C'est là où j'ai débuté, où ma famille habite. C'est vraiment une grande source de fierté", ne cache pas l'internationale française. Et les responsables de Quevilly-Rouen ont décidé de lui rendre un bel hommage en baptisant leur nouveau tournoi U13, 100% féminin (la première édition se déroulera le 1er juin), à son nom. "C'est énorme", se réjouit d'avance l'attaquante des Girondins de Bordeaux.
Viviane Asseyi
> Née le 20 novembre 1993 (25 ans) à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime).
> Attaquante. 1,63 m. Droitière.
> Club : Bordeaux.
> Parcours : US Quevilly (2000-2008, équipes de jeunes), FC Rouen (2008-décembre 2009, D2), Montpellier (janvier 2010-2016, D1), Marseille (2016-2018, D1), Bordeaux (depuis 2018-…, D1).
> Internationale française (30 sélections - 5 buts).
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