Maintenue pour la première fois de son histoire en D1 la saison dernière, la section féminine du HAC ambitionne de s'installer durablement dans l'élite du football français. Pour cet exercice 2023-2024, les « Ciel et Marine », sous l'impulsion de leur manager général : Laure Lepailleur, ont entamé un nouveau cycle avec la nomination de Romain Djoubri sur leur banc. Pour connaître un peu mieux les joueuses de l’effectif havrais, nous partirons chaque mois à la découverte de l’une d’entre elle à travers la plume de leur coéquipière : Romane Enguehard. Après la capitaine Deja Davis, la gardienne Laëtitia Philippe, la recrue Laurie Cance, l'espoir Chancelle Effa Effa, focus sur la Canadienne Elisabeth Tsé.
Le football, un amour familial
"Je me suis mise à jouer au football en voulant imiter mon grand frère, Isaac !"
Issue d’une famille passionnée de ballon rond, c’est tout naturellement que, dès ses quatre ans, la jeune Elisabeth Tsé chausse les crampons. "Mon père, Darius, et mon grand frère, Isaac, allaient tout le temps au terrain. Mon frère, c’était mon modèle. Je le suivais à la trace, je voulais l’imiter. C’est grâce à lui que j’ai commencé à jouer. Au départ, dans mon coin puis dès que j’ai pu, j’ai pris une licence". La défenseure intègre la section féminine des Phénix des Rivières de Québec, sa ville natale. Pendant huit saisons, elle s’amuse avec ses copines et développe ses qualités footballistiques. En parallèle, la néo-Havraise pratique également d’autres disciplines, dont le patinage artistique et l’athlétisme, qui lui permettent de se tailler un véritable physique d’athlète.
C’est en classe de 4e que les choses sérieuses débutent réellement. Elle quitte le cocon familial pour la première fois. "J’ai eu l’opportunité de rejoindre le centre national de haute performance (l’équivalent des pôles espoirs en France) qui se situait à Montréal. C’était un premier départ loin de la maison. Pendant cinq ans, je me suis entraînée là-bas la semaine puis le week-end, je rentrais à Québec pour jouer avec mon équipe". Lors de cette même période, Elisabeth Tsé défend aussi les couleurs de sa province lors des Jeux du Canada avec une victoire à la clé. Un souvenir qui reste gravé dans sa mémoire : "C’était la première fois que notre province remportait la compétition. Il y avait une super ambiance dans l’équipe". Un premier trophée national avant un envol pour le continent européen.
Une saison sous les couleurs lyonnaises
"Evoluer dans l’un des meilleurs clubs d’Europe, je n’en retiens que du positif"
En 2020, Elisabeth Tsé participe à un « show case » au Canada, l’équivalent d’une journée de détection en France. Aux bords des pelouses, des recruteurs d’universités américaines et aussi ceux de grosses écuries européennes sont présents. La lycéenne, scolarisée en classe de 1re, tape alors dans l’œil d’un membre d’une équipe française et non des moindres : l’Olympique Lyonnais. "Ils m’ont proposé de venir passer une semaine à Lyon afin de voir si ça pouvait m’intéresser d’intégrer les U19". A l’issue de ce stage, bien que tentée par l’aventure, la n°4 des « Ciel et Marine » s'accorde un temps de réflexion car l’éloignement avec sa famille apparaît comme un frein à ses yeux. "Partir, aussi jeune, loin de ses proches, c’était effrayant. Mais, comme toujours, j’ai pu compter sur le soutien de mes parents, ils m’ont aidé à franchir le cap".
Elle quitte alors le continent nord-américain pour s’installer sur les bords du Rhône. Un véritable changement de vie. "Les débuts ont été difficiles. Mais je me suis vite adaptée. J’ai été impressionnée par les infrastructures ainsi que par le sérieux et la rigueur qu’il fallait avoir à chaque séance. Evoluer dans ce club, ça n’a pas de prix, je n’en retiens que du positif". En fin de saison, alors que l’OL lui propose de prolonger l’expérience, la Canadienne est contrainte de décliner l’offre. "Quelques mois avant la proposition de Lyon et mon départ pour la France, j’avais conclu un accord avec une université américaine pour la saison 2021-2022". Souhaitant respecter son engagement, elle décide de traverser l’Atlantique dans l'autre sens, se rapprochant par la même occasion des siens.
Après une année au Texas, dans l'université Southern Methodist de Dallas, Elisabeth Tsé a constaté que le football européen lui manquait et que c'est sur le « Vieux Continent » qu'elle souhaitait poursuivre sa carrière. ©Emmanuel Lelaidier
Son aventure écourtée au Texas
"Je me suis rapidement rendue compte que je me plaisais davantage en Europe"
Après un exercice riche en apprentissages du côté de Lyon, Elisabeth Tsé débarque à l’université Southern Methodist de Dallas, au Texas, où elle étudie l'ingénierie électronique. Un double projet qui lui tient, ainsi qu’à sa famille, tout particulièrement à cœur. "Pour nous, il a toujours été très important de faire des études. Je n’ai pas encore d’idées précises sur ce que je souhaite faire par la suite mais c’est primordial de préparer son avenir car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans le football". Ce qu’elle sait à ce moment-là, c’est que malgré cette "belle expérience" en université américaine, le football européen lui manque et c’est là-bas qu’elle souhaite poursuivre sa carrière. "J’ai passé une super année au Texas mais j’ai pris conscience que, d’un point de vue footballistique, je me plaisais davantage en Europe".
Dotée d’un fort potentiel athlétique et d’une tête bien faite, Elisabeth Tsé réalise que le football européen peut lui permettre de compléter son bagage. "J’ai des choses à apprendre d’un point de vue tactique et également sur le plan technique. Je sais qu’on travaille beaucoup moins ces aspects du jeu en Amérique du Nord. C’est important d’avoir un bon mélange. C’est pourquoi j’ai rapidement fait mes bagages en direction de l’Europe". Bien lui en a pris puisqu’après un court crochet par la Division 2 au GPSO Issy 92, elle foule désormais, brillamment, les pelouses de la D1 Arkema, sous le maillot « Ciel et Marine ». "Etape par étape", un credo qui lui colle parfaitement à la peau.
Plutôt canadienne ou ivoirienne ?
"Je ne ferme aucune porte ! J'aime sincèrement les deux pays"
Si vous vous demandez ce que faisait Elisabeth Tsé le 11 février, la réponse est évidente pour la principale intéressée. "J’étais devant la télé pour la finale de la CAN entre le Nigeria et la Côte d’Ivoire, bien sûr". Née au Canada de parents ivoiriens, pas question pour la jeune femme de louper un tel événement. "Etre présents en finale de cette compétition, à domicile en plus, après le parcours qu’ils ont fait, c’était impensable ! C’était une fierté énorme de les voir soulever le trophée". Le signe d’un fort attachement à un pays qu’elle a finalement très peu fréquenté mais auquel elle se sent profondément liée. "Dès mon plus jeune âge, mes parents m’ont inculqué la culture ivoirienne. J’ai eu peu de fois l’opportunité d’y aller. Je compte voyager là-bas très prochainement… Entre le Canada et la Côte d’Ivoire, mon cœur ne peut pas choisir", admet celle qui, sportivement, a choisi (pour le moment) de porter le maillot frappé de la feuille d’érable.
Appelée pour la première fois en 2018 pour un tournoi amical en Chine avec la sélection U17, l'Havraise participe à deux CONCACAF ainsi qu’à la Coupe du Monde U20 au Costa Rica en 2022. "C’étaient des moments très forts, ça m’a permis de voyager dans des endroits où je n’aurais peut-être jamais eu l’occasion d’aller et ça m’a permis de progresser, aussi". Quid de son avenir en équipe nationale ? Plutôt chez les Eléphants ou chez les « Rouges » ? "Je ne ferme aucune porte ! J’aime sincèrement les deux pays. On verra si quelque chose se présente mais je ne me prends pas la tête". Il y a fort à parier que si elle continue de donner du fil à retordre aux attaquantes de D1 Arkema, les deux nations de son cœur batailleront pour l’attirer dans leurs filets.
> D1F. J17 - Le Havre AC (8e - 15 points) / Montpellier (4e - 25 points), dimanche 17 mars à 21 heures au Stade Océane.
Romane Enguehard
Elisabeth Tsé
- Née le 7 décembre 2002 à Québec au Canada.
- Défenseure.
- Au HAC depuis 2023.
- Parcours : Phénix des Rivières de Québec (CAN), Lyon (U19), Université Southern Methodist de Dallas (USA), Issy-les-Moulineaux (D2).
- Internationale canadienne U17-U20 (11 sélections).
- Sous contrat jusqu'en 2025.