Inès Benyahia : "Le Havre me paraissait le meilleur endroit pour m'épanouir"

Son amour pour le football

"Chez nous, tout le monde aime le foot : mon père, mon frère, mes oncles..."

En chaussant ses premiers crampons à l’âge de quatre ans, Inès Benyahia est rapidement tombée dans la marmite du ballon rond. "Chez nous, tout le monde aime le foot : mon père, mon frère, mes oncles… L’été, on va au city-stade et on joue souvent tous ensemble. C’est simple, c’est notre centre d’intérêt principal". Comme pour beaucoup de petites filles avant elle, un seul membre de la famille a tenté de la dissuader de taper dans le ballon : sa maman, Catherine. "Elle voulait absolument que je fasse de la danse… Elle a vite compris que ce n’était pas ce que je voulais", sourit la jeune femme native de Sète. Accompagnée de son grand frère Sofian, l'Havraise s’entraîne à longueur de journée avec rapidement un seul objectif en tête : "vivre du football". En 2010, après une saison sous les couleurs de l’AS Fabrègues, elle rejoint le Montpellier Hérault SC. "J’ai joué pendant six ans avec les garçons, j’étais régulièrement surclassée. Quand j’ai eu 14 ans, j’ai dû rejoindre l’équipe féminine". Deux saisons avec les filles de La Paillade avant de réaliser, en 2018, "son rêve de petite fille" : signer à l’Olympique Lyonnais !

A 11 ans, elle tape dans l’œil de Sonia Bompastor

"Je ne peux que la remercier pour tout ce qu'elle m'apporte, comme joueuse et aussi en tant que femme"

Entre les Gones et Inès Benyahia, l’histoire d’amour dure depuis quelques années. Les premiers contacts remontent à l’été 2014. "Je suis allée faire des essais là-bas. Ça s’est très bien passé mais le problème, c’est qu'il existe une règle qui empêche les jeunes joueuses de rejoindre un club trop éloigné géographiquement de leur domicile… J’ai dû patienter mais nous sommes toujours restés en contact". Par l’intermédiaire d’une personne en particulier : Sonia Bompastor. L’actuelle coach des féminines de l’OL était à l’époque directrice de l’académie. "Sonia a eu un rôle important. Elle me suit depuis très longtemps. C’est grâce à elle que j’ai rejoint l’OL". La jeune milieu de terrain offensive grandit dans le Rhône, d’abord avec les U19, aux côtés notamment de son amie Kysha Sylla, puis avec le groupe professionnel qu’elle intègre progressivement lors de sa deuxième saison. C’est durant l’exercice 2020-2021 qu’elle effectue ses premières minutes officielles en D1 face à Dijon. Un moment mémorable : "C’était incroyable ! J’en garde un excellent souvenir. J’ai toujours rêvé de porter ce maillot et clin d’œil de l’histoire, c’était Sonia la coach… Je ne peux que la remercier pour tout ce qu’elle m’apporte, encore aujourd’hui, comme joueuse et aussi en tant que femme". Une belle histoire, loin d’être terminée !

Un appétit de lionne

"J'aimerais gagner d’autres Ligue des Champions en étant pleinement actrice"

Une Ligue des Champions féminine, deux titres de championnes de France, un Trophée des Championnes… Du haut de ses 21 ans, Inès Benyahia possède déjà une armoire à trophées bien remplie. "J’ai vécu toutes ces compétitions dans la peau d’une remplaçante mais quoi qu’il arrive, on ne pourra jamais m’enlever ces titres, c’est une très grande fierté", confie la jeune joueuse qui a disputé neuf minutes lors de la campagne européenne victorieuse en 2021-2022. Un maigre temps de jeu qui s’accroît lors de l’exercice suivant avec notamment une titularisation au Groupama Stadium. "C’était un match de poules contre Zurich. J’ai kiffé ce moment. Rentrer sur le terrain avec la fameuse musique, ça fait quelque chose", se remémore-t-elle fièrement. En championnat également, la titulaire d’un baccalauréat scientifique grappille des minutes saison après saison, profitant de chaque opportunité pour se démarquer aux côtés de la pléiade d’internationales lyonnaises. "Jouer à l’OL, c’est exigeant mais c’est un plaisir au quotidien. Il y a du talent, du professionnalisme, des infrastructures incroyables. C’est difficile de se faire une place mais dans tous les cas, tu ne peux qu’en sortir grandie". Sous contrat avec l’équipe lyonnaise jusqu’en juin 2026, la jeune femme espère continuer d’apprendre et marquer, dans un futur proche, l’histoire de son club de cœur, en étant, cette fois-ci, pleinement actrice : "Je ne suis certainement pas rassasiée par tous ces titres. J’ai envie d’en remporter plein d’autres, en étant sur le terrain cette fois !"

Membre de l'équipe de France U23, Inès Benyahia a déjà participé à plusieurs entraînements avec les « A » sous la direction du sélectionneur Hervé Renard. ©Emmanuel Lelaidier

Son prêt au HAC

"J'ai le sentiment que c'était un choix payant"

L'été dernier, pour afin de continuer d’emmagasiner des minutes et de l’expérience, Inès Benyahia décide, en accord avec son club, de se faire prêter au HAC. "J’avais plusieurs opportunités. J’ai regardé les différents effectifs, les projets et les perspectives de temps de jeu. Le Havre me paraissait le meilleur endroit pour m’épanouir". Arrivée avec l’étiquette de diamant à polir, elle s’adapte rapidement et devient une pièce essentielle du collectif de Romain Djoubri. Auteure de six buts* et cinq passes décisives en D1, elle réalise une saison de haute volée notamment récompensée par un titre de joueuse du mois de novembre. "Etre nommée aux côtés de Tabitha Chawinga et Eugénie Le Sommer, déjà, c’était cool ! Mais gagner face à ces deux grandes joueuses, c’est incroyable. J’étais très contente de remporter cette distinction, je la dois aussi à mes coéquipières". A quatre journées de la fin du championnat, le bilan de son prêt s’avère donc plutôt positif. "J’aurais aimé qu’on obtienne de meilleurs résultats, c’est certain. Mais d’un point de vue personnel, j’ai tout de même le sentiment que c’était un choix payant". Un choix qui lui permettra peut-être de revenir à l’OL avec un autre statut et de revêtir, dans un avenir proche, la tunique tricolore.

*Inès Benyahia a inscrit huit buts cette saison en D1 avec notamment un doublé lors de la 9^e journée face à Fleury (2-2). Le match ayant finalement été remporté sur tapis vert par le club francilien (3-0), le total de buts de la milieu de terrain du HAC est officiellement de six réalisations.

Des entraînements avec l’Equipe de France A

"Il ne me reste que les A pour décrocher un titre avec mon pays"

Appelée dans toutes les sélections jeunes, des U16 aux U23, Inès Benyahia connaît dans les moindres détails tous les recoins du Centre Technique National de Clairefontaine. Un seul bâtiment lui résiste encore : le fameux château ! "Les A, c’est dans un coin de ma tête depuis quelque temps. Plus j’avance, plus ça se précise… Je dois continuer de travailler pour voir mon nom apparaître sur la liste". Ce qui est certain, c’est qu’elle n’en est plus très loin. La preuve, lors des derniers rassemblements dans l’antre du football français, Hervé Renard, le sélectionneur des Bleues, a convié quelques joueuses du groupe U23 à certaines séances de leurs aînées. A chaque fois, la Sétoise était de la partie. "C’est bien pour nous de voir ce qui se fait plus haut et puis ça permet au sélectionneur d’observer, de garder un œil sur nous", admet celle qui se verrait bien devenir consultante une fois les crampons rangés. Toutefois, avant de penser à son après-carrière, elle aimerait faire partie des joueuses qui apporteront un premier titre international à l’équipe de France féminine. "Chez les jeunes, j’ai disputé deux compétitions internationales : l’Euro U17, qui a été stoppé en raison de la crise sanitaire, et l’Euro U19 achevé aux portes de la finale. En U23, il n’y a pas de compétition officielle alors il ne me reste que les A pour décrocher un titre avec mon pays". Le message est clair. Et au vu de son début de carrière, nul doute qu’Inès Benyahia se donnera les moyens de ses ambitions.

> D1F. J19 - Lyon (1^er - 52 points) / Le Havre AC (9^e - 16 points), dimanche 31 mars à 21 heures au Stade Gérard-Houllier.

Romane Enguehard