Avec un effectif rajeuni et un entraîneur, Maxime Di Liberto, promu en interne sur son banc, la section féminine du HAC attaque sa troisième saison consécutive en D1 où il sera avant tout question de se maintenir. Pour connaître un peu mieux les joueuses de l’effectif havrais, nous partirons chaque mois à la découverte de l’une d’entre elle à travers la plume de leur coéquipière, Romane Enguehard.
Le football, une histoire de famille
"Avec mon frère, on s'est mis au foot grâce à notre père qui jouait en D2"
Dans la famille Elisor, je voudrais la fille. Lorsque la petite Salomé pointe le bout de son nez, en janvier 1997, son père, Eric foule les pelouses de CFA sous les couleurs du Trélissac FC puis celles de Division 2 avec le FC Istres OP. C’est dans cette commune des Bouches-du-Rhône, que Salomé et son petit frère, Simon, se passionnent pour le ballon rond. "Notre père jouait au haut-niveau mais à cette époque, il travaillait à côté car les salaires n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Il s’occupait de l’entretien des terrains de la ville d’Istres. On l’accompagnait tout le temps, on prenait un ballon et on pouvait jouer pendant des heures. C’est grâce à lui qu’on s’est mis au foot". Plus jeunes, malgré leurs deux années d’écart, le frère et la sœur Elisor sont indissociables : "Notre grand-mère nous appelait « les jumeaux ». On était tout le temps tous les deux. On a même eu l’occasion de jouer dans la même équipe car il était surclassé".
Avec le temps, leurs chemins se sont séparés mais le football est devenu, pour les deux, plus qu’une simple passion : un métier. "Simon est attaquant au FC Metz, il a évolué en Ligue 1 la saison dernière. Un frère et une sœur au plus haut niveau français, c’est cool ! Je regarde tous ses matches. Et inversement", témoigne fièrement la Havraise. On imagine donc que les débriefings d’après-match se font en famille. "Ah non, absolument pas ! En tout cas, pas avec Simon. On évite de parler de foot, on est deux susceptibles alors ça peut vite devenir des sujets sensibles. Ce sont plutôt nos parents qui ont ce rôle !", rigole la n°8 des « Ciel et Marine ».
Une carrière entrecoupée d'une pause en Australie
"J'ai fait un trop-plein de foot, j'avais besoin de débrancher"
Après dix ans en mixité à Istres sous la houlette de Didier Zanetti ; un homme marquant dans son parcours, Salomé Elisor est dans l’obligation d’intégrer une structure féminine. "Didier m’avait inscrite pour les rassemblements avec l’équipe U15 de Méditerranée. On a gagné la Coupe Nationale en 2011 puis on est finalistes la saison suivante. C’est à la suite de ces parcours que tout s’est accéléré pour moi". Elle intègre simultanément l’INF Clairefontaine, où elle passe ses semaines, et l’Olympique Lyonnais. Tout semble se dérouler pour le mieux pour la talentueuse milieu de terrain mais lors de sa dernière saison de formation à l’INF, la Havraise se rompt les ligaments croisés du genou droit. "C’était dur à avaler car c’était une année de bascule et il y avait des échéances avec l’équipe de France U19. La génération 97 a gagné le championnat d’Europe, sans moi". Malgré ce coup sur la tête, elle se relève et signe son premier contrat professionnel avec l’autre Olympique : l’OM, son club de cœur. "Le club était promu en D1, on finit quatrième, c’était un énorme exploit", se souvient-elle.
Pourtant, à l’issue de cette saison, elle met sa carrière à l’arrêt. "J’ai fait un trop-plein du foot, j’avais besoin de débrancher. En quelques années, j’avais vécu beaucoup d’émotions différentes. Je suis partie quelques mois en Australie pour souffler". Une expérience loin des terrains, pour prendre du temps pour elle, pour travailler un petit peu aussi. "J’étais en intérim, je faisais plein de petits boulots. Notamment un dans une ferme de mangues, j’ai tenu un jour… C’était trop dur !", reconnaît-elle. De retour en France avec l’envie de rechausser les crampons, Salomé Elisor rebondit à Grenoble en D2 puis au LOSC, où pendant trois ans elle bataille pour monter en première division. En vain. "Tous les ans, on jouait le haut du tableau. Notamment la dernière année face au HAC. Ce sont les Havraises qui ont accédé à la D1 puis durant l'été, Fred Gonçalves, l’entraîneur de l’époque, m’a contacté. J’avais une bonne image du club, le fait de jouer à Océane et puis à chaque fois qu’on les affrontait avec Lille, c’était un gros combat. Alors j’ai franchi le cap". Voilà maintenant trois saisons qu’elle porte le maillot « Ciel et Marine » en D1. Sous contrat avec le HAC, qui lui a renouvelé sa confiance, jusqu’en juin 2026, elle compte bien aider son club à atteindre l’objectif du maintien.
Son après-carrière
"Je me fais les croisés. Dix ans tout pile après la première fois"
Quand on l’interroge sur son après-carrière, ce ne sont pas les idées qui manquent à Salomé Elisor. "Quand tu ne peux pas jouer au foot pendant un long moment, ça te donne le temps de réfléchir", sourit la native de Périgueux. C’est vrai que la saison dernière, la milieu défensive du HAC n’a pas été épargnée par les blessures. "J’ai eu des petites blessures en première partie de saison et en février, face à Montpellier, je me fais les croisés. Dix ans tout pile après la première fois. L’autre genou cette fois-ci…" Un coup du sort qu’elle a rapidement tourné de manière positive. "Ça m’a donné du temps pour songer à mon avenir. Pour l’instant, je veux continuer à jouer au foot mais c’est important de préparer la suite, pour ne pas se retrouver sans rien dans quelques années".
Plusieurs domaines l’intéressent et elle compte démarrer des formations dans un futur proche. "Je vais en commencer une comme consultante sportive dans les semaines qui arrivent. Il y a aussi le coaching qui peut m’intéresser. Je n’ai pas mes diplômes mais ça reste un domaine dans lequel je me vois". Les perspectives d’avenir sont donc nombreuses pour la jeune femme. "L’entrepreneuriat peut aussi être une option. Je n’ai pas d’idées encore précises mais pourquoi pas dans l’univers de la mode. Je ne suis fermée à rien !" On ne se mouille donc pas trop en disant que l’après-carrière de Salomé Elisor sera sur la même lignée que sa carrière : riche.
> Coupe de France Féminine. 1/8e de finale - Montpellier (D1) / Le Havre AC (D1), samedi 25 janvier à 14 H 30 au Stade Bernard-Gasset.
Salomé Elisor
- Née le 21 janvier 1997 (28 ans) à Périgueux (Dordogne).
- Milieu de terrain.
- Parcours : FC Istres OP (2003-2012, mixité), Lyon (2012-2016), Marseille (2016-2017, D1), Grenoble (2017-2019, D2), Lille (2019-2022), Le Havre AC (2022-...).
- Sous contrat au HAC jusqu’en juin 2026.
- Internationale française U17-U19 (17 sélections - 4 buts).