Pressenti depuis quelques jours, l'UEFA a officialisé, ce mardi, le décalage de l'Euro à l'année prochaine. Alors que dans le même temps, les Coupes d'Europe (Ligue des Champions et Ligue Europa) ont été gelées, le Championnat d'Europe, qui devait initialement se tenir du 12 juin au 12 juillet, se déroulera en 2021. Ce report doit permettre aux championnats nationaux d'aller à leur terme. Mais tandis que des mesures de confinement drastiques ont été instaurées pour les deux semaines suivantes (et pourraient s'étirer sur plusieurs autres) afin de contenir l'épidémie de coronavirus frappant notre pays, impossible de savoir quand la Ligue 1 et la Ligue 2 reprendront leurs droits ?
"Les joueurs sont à l'arrêt pour une quinzaine de jours minimum", annonce Olivier Rodriguez, le préparateur physique du HAC, pour qui la complexité de la situation réside dans "l'absence de date de reprise pour l'entraînement et la compétition". "L'objectif n'est pas défini et pour les sportifs, c'est le plus compliqué. Dans ces conditions, c'est très difficile de se projeter pour les joueurs comme pour moi. C'est une équation avec de multiples inconnues", expose le technicien havrais confronté pour la première fois de sa carrière à cette problématique.
Même si les séances collectives, durant cette période de crise sanitaire, sont proscrites, pas question pour des footballeurs professionnels de rester totalement inactifs pendant une durée indéterminée. C'est pourquoi un programme d'entretien a été envoyé à l'ensemble de l'effectif de Paul Le Guen. "Déjà, on a la chance de ne pas avoir de blessé. C'est un avantage car s'il avait fallu gérer de la réathlétisation en plus... Après, on sait très bien que les garçons ne vont pas progresser. Mais l'idée, c'est qu'il y ait le moins de casse possible", souligne celui qui officiait dans le milieu tennistique jusqu'à son arrivée au club doyen l'été dernier (classé - 2/6, il a notamment été le coach de la Tunisienne Selima Sfar, 75e mondiale à son meilleur classement, en 2001).
A base de corde à sauter et de renforcement musculaire
En quoi consiste exactement ce programme ? "Tout d'abord, il respecte les directives gouvernementales. Il n'est pas question d'envoyer les joueurs courir en forêt, de faire du fractionné ou du vélo à l'extérieur. Sans compter que certains habitent en ville et d'autres, à la campagne", prévient Olivier Rodriguez qui se félicite du nombre d'éléments ayant sollicité des précisions. "On demande beaucoup de corde à sauter, de toutes les façons : à pieds joints, à cloche-pied, talons fesses, montées de genoux... On peut également faire du 30-30, du 20-20. Ça permet de travailler la coordination et le cardio. Derrière, on complète avec du renforcement musculaire, du gainage, des pompes".
Un menu à réaliser deux jours sur trois car "le repos fait aussi partie de la préparation". A la fin de cette première semaine de confinement, un ajustement pourrait être opéré. "En fonction du matériel que les joueurs ont à disposition chez eux (proprioception, vélo d'appartement, sac de boxe...), on va individualiser ce programme", ne cache pas l'ancien tennisman. "On peut peut-être tirer quelque chose de positif de cette situation. On a plus de temps pour travailler certains aspects dont on n'a pas le temps d'habitude".
Et quand le coup d'envoi des championnats sera redonné ? "Quelle que soit la durée de cet arrêt, il nous faudra, je pense, 15 jours minimum pour remettre les joueurs en condition. Maintenant, est-ce qu'on aura ce luxe", s'interroge Olivier Rodriguez qui devra préparer son groupe à un rythme soutenu à la reprise. Entre les dix dernières journées à disputer en L1 comme en L2, les barrages d'accession/relégation et les coupes nationales, il faut trouver une quinzaine de dates dans le calendrier pour boucler la boucle. "On pourra être amenés à jouer tous les trois jours. En Ligue 2, les joueurs n'ont pas l'habitude". Quelque chose nous dit que les partenaires de Tino Kadewere vont devoir rapidement apprendre.