En France, le mercato a fermé ses portes le 30 août mais est-il réellement terminé pour autant du côté du HAC ? La saison passée, le directeur sportif Mathieu Bodmer et ses équipes nous avaient sortis de leur chapeau André Ayew début novembre. Et au regard du rôle prépondérant qu’a tenu l’international ghanéen dans l’opération maintien du club doyen (19 apparitions en L1 pour 12 titularisations et cinq buts), on peut affirmer, sans trop risquer de se tromper, qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser un bon coup*. Justement, c’est dans le domaine offensif que les « Ciel et Marine » ont des besoins. Le départ de l’ex-Marseillais, en fin de contrat et sans nouveau point de chute à ce jour, n’a pas été compensé ni celui, dans une moindre mesure, de Mohamed Bayo (de retour de prêt à Lille), auteur de cinq réalisations en championnat dont quatre avant la trêve de Noël.
Si le coach Didier Digard dispose de plusieurs attaquants dans son effectif (Josué Casimir, Antoine Joujou, Issa Soumaré, Emmanuel Sabbi), aucun d’entre eux n’est un véritable spécialiste du poste d’avant-centre. D’ailleurs, à eux quatre, ils ne pèsent que cinq buts en Ligue 1, tous à l’actif de l’international américain ! Bien sûr, des jeunes peuvent se révéler dans les prochains mois à l’image de Steve Ngoura (19 ans), crédité de trois réalisations en deux matches avec l’équipe de France U20 durant cette dernière trêve internationale, d’Ilyes Housni (19 ans), l’une des recrues du mercato, ou encore d’Elysée Logbo (20 ans), quand il sera remis de sa rupture des ligaments croisés subie en mars.
Impossibilité d'effectuer un transfert payant, réduction de la masse salariale de 30% : des contraintes quasi-insolubles
En se mettant dans la peau d’un membre de la cellule de recrutement du HAC, Stat Malherbe a identifié quelques profils, sachant que le board havrais doit composer avec des contraintes financières quasi-insolubles : l’impossibilité d’effectuer un transfert payant et une réduction de la masse salariale de son effectif de 30%. C’est pourquoi les candidats identifiés sont soient libres ou peuvent faire l’objet d’un prêt. Une liste à laquelle on aurait pu ajouter le Serbe Djordje Despotovic (FC Borac Banja Luka, Bosnie), le Bulgare Atanas Iliev (Anorthosis Famagouste, Chypre) voire Andy Delort (MC Alger) mais ces trois attaquants viennent de s’engager récemment en faveur d’un club.
*Après le 30 août, date de la fermeture du mercato en France, les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 ont encore plusieurs possibilités pour faire signer, au moins, un joueur, avant l’ouverture de la prochaine fenêtre du marché des transferts, cet hiver (1er janvier - 3 février) :
> des joueurs libres, sans contrat
> un joker national, c’est-à-dire un joueur sous contrat dans un autre club en L1-L2
> un joueur prêté en provenance d’un club français, pas d’un club étranger
Mathieu Bodmer, le directeur sportif du HAC, et Kevin Gameiro, ici, en train de discuter sur la pelouse du Stade Océane à l'occasion de la dernière confrontation entre Le Havre et Strasbourg, ont été coéquipiers pendant deux ans au PSG (2011-2013). ©Damien Deslandes
Ils sont passés par la Ligue 1 et sont libres
Ishak Belfodil, le globe-trotteur du foot
Du haut de ses 32 ans, Ishak Belfodil est ce qu’on appelle un véritable footballeur globe-trotteur. Formé à Lyon, l’international algérien (19 sélections) a évolué dans plusieurs championnats européens : la Serie A italienne (Bologne, Parme et l’Inter Milan), la Bundesliga allemande (Werder Brême, Hoffenheim et le Hertha Berlin), la Jupiler Pro League (Standard de Liège)… Doté d’un physique impressionnant avec son 1,92 m sous la toise, celui qui a aussi porté le maillot Bleu chez les jeunes avait marqué les esprits lors de l’exercice 2018-2010 en inscrivant 16 buts et en délivrant cinq passes décisives en Bundesliga, affichant un taux de tirs cadrés de 70,4 % ! Ces deux dernières saisons, il a connu des expériences dans des championnats moins médiatisés avec des passages par Al Gharafa SC, au Qatar, et Sabah FK, en Azerbaïdjan.
Kevin Gameiro, un profil de carrière à la André Ayew
Kevin Gameiro, son profil n’est pas sans rappeler celui d’André Ayew : celui d’un attaquant international (13 sélections sous le maillot tricolore), passé par des clubs de dimensions européennes (PSG), avec une longue expérience à l’étranger (Séville FC, Atlético de Madrid, Valence CF en Espagne)… Depuis son retour en 2021 au RC Strasbourg, son club formateur, ses statistiques sont tout à fait honorables avec 25 buts en Ligue 1 même si sa dernière saison fut nettement moins aboutie (quatre réalisations contre 11 et 10 les deux exercices précédents avec un temps de jeu en baisse de 33%). Et avec ses 37 bougies au compteur, le risque d’accomplir la saison de trop existe bel et bien. Dans tous les cas, une telle opération ne pourrait aboutir que si le joueur en question consentait d’importants efforts financiers… comme André Ayew l’année dernière.
Lébo Mothiba, de retour d’une longue blessure
Comme Kevin Gaimero, Lébo Mothiba (28 ans) défendait les couleurs du RC Strasbourg la saison passée. Et comme son ex-coéquipier, il pointe au chômage aujourd’hui. Habitué à trouver le chemin des filets adverses depuis ses débuts en France en 2016 (il a également joué pour Lille, Valenciennes et Troyes), l’international Sud-Africain a, malheureusement pour lui, souvent été ralenti par des blessures. La dernière en date : une fracture de la rotule du genou gauche en décembre 2023 qui l’a privé de la deuxième partie du championnat. De retour à l’entraînement depuis la fin du précédent exercice, Lébo Mothiba a effectué une partie de sa préparation cet été avec Karlsruhe (D2 allemande) sans que cela ne débouche, à ce jour, sur un contrat.
A l'étranger (ils sont aussi libres)
Jaroslaw Niezgoda, de solides références en Pologne et aux Etats-Unis
A l’image de Lébo Mothiba, Jaroslaw Niezgoda (29 ans) sort d’une longue période d’indisponibilité. La faute à une rupture des ligaments croisés à l’été 2023 ; la deuxième dans sa carrière. Il n’a, d’ailleurs, pas rejoué depuis bien qu’il soit de nouveau opérationnel. Auparavant, cet attaquant, décrit comme adroit et mobile, affichait de solides références dans son pays natal avec 37 buts et neuf passes décisives en 78 matches en Ekstraklasa, la D1 polonaise, notamment sous les couleurs du Legia Varsovie. Des statistiques qui lui ont valu un transfert de près de 4 M€, en 2020, en MLS américaine avec Portland. Dans l’Oregon, il n’a pas perdu son sens du but malgré ses problèmes physiques (17 réalisations et cinq passes décisives en 77 apparitions).
Fred Friday, à la recherche de ses stats norvégiennes
Moins référencé que les autres membres de cette liste, Fred Friday (29 ans) s’est surtout fait connaître en Elitserien, la D1 norvégienne. Tout d’abord avec le Lillestrøm SK où il a claqué 22 buts de 2014 à 2016 puis avec le Strømsgodset IF avec 12 réalisations en 2021 et 2022. Entre-temps, ce Nigérian au gabarit solide (1,87 m pour 90 kg) a tenté sa chance aux Pays-Bas avec une réussite nettement plus contrastée. Que ce soit avec l’AZ Alkmaar, le Sparta Rotterdam ou le FC Twente, il n’a jamais dépassé la barre des cinq buts. Sous contrat avec le Beitar Jérusalem depuis le mercato d’hiver 2023, Fred Friday, à qui l’on prête des qualités dans le jeu aérien et une mobilité ballon aux pieds, n’a pas retrouvé son efficacité en Israël.
Il pourrait faire l’objet d’un prêt
George Ilenikhena, un futur crack à faire grandir
Présenté comme un futur crack, George Ilenikhena (18 ans) a été débauché cet été par l’AS Monaco en provenance du Royal Antwerp, en Belgique, pour la « modique » somme de 18,75 M€ ! Depuis ses débuts chez les « pros » avec Amiens, ce jeune attaquant nigérian bat des records de précocité. Il est le deuxième plus jeune joueur à avoir marqué en Ligue 2 à l’âge de 16 ans, quatre mois et 28 jours ! La saison dernière, avec le Royal Antwerp, il est devenu le plus jeune buteur français en Ligue des Champions. Alors, bien sûr, présenté ainsi, il paraît peut-être utopique de le voir débarquer dans la cité Océane. Mais même s’il est entré lors des trois premières journées de Ligue 1, sa progression et son plan de carrière passe peut-être par un prêt dans une autre écurie de Ligue 1. Et pourquoi pas au HAC.
Il pourrait constituer un bon candidat pour le mercato d’hiver
Mikael Ingebrigtsen, une opportunité norvégienne
S’il se trouve actuellement sous contrat avec Odd, l’actuelle lanterne rouge d’Elitserien, Mikael Ingebrigtsen (28 ans) sera libre cet hiver et pourrait constituer une bonne opportunité sur le marché. S’il n’est pas un avant-centre type, son profil n’en demeure pas moins intéressant. Capable de jouer dans l’axe et sur un côté, le plus souvent le droit pour rentrer sur son pied gauche, cet international chez les jeunes avec la Norvège se montre régulièrement décisif depuis ses débuts chez les « pros » en 2014 : 32 buts et 19 passes décisives en 169 apparitions. Décrit comme percutant et rapide, la qualité de sa patte gauche lui permet de débloquer des situations sur coups de pied arrêtés. A suivre…
Comment Stat Malherbe détermine les profils des joueurs identifiés ?
Pour établir ses cibles de recrutement dans la quête d'un attaquant pour le HAC, Stat Malherbe se sert de la plateforme Wyscout (voir la fiche récapitulative des datas de Fred Friday ci-dessous) qui collecte des dizaines de milliers d'événements par match : nombre de passes tentées, réussies, duels disputés, tirs… Derrière, notre chroniqueur s'appuie sur un algorithme, qui se base sur des milliers de données, permettant d'évaluer chaque action d'un joueur. Cet algorithme valorise les actions augmentant la probabilité de marquer et pénalise celles favorisant le risque de concéder un but. Cette évaluation est représentée par une « valeur ». Pour calculer cette « valeur », les événements data sont compartimentés selon six « moments de jeu » distincts :
- les dribbles
- les fautes (commises et subies)
- les actions défensives
- les passes
- la disponibilité (aptitude à se rendre disponible pour recevoir le ballon)
- les tirs
Ensuite, Stat Malherbe utilise une échelle de notation dite « 20-80 » : 50 indiquant une performance moyenne, 20 médiocre et 80 exceptionnelle. Chaque palier de 10 points correspond à un écart type au-dessus ou en dessous de cette moyenne. Cette échelle est notamment très répandue dans le base-ball.