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Amir Richardson a pris une nouvelle dimension

Amir Richardson a déjà marqué trois buts cette saison dont un magnifique sur la pelouse de Saint-Symphorien, lundi soir, qui a offert un point précieux au HAC dans la course à la montée. ©Damien Deslandes

Amir Richardson a déjà marqué trois buts cette saison dont un magnifique sur la pelouse de Saint-Symphorien, lundi soir, qui a offert un point précieux au HAC dans la course à la montée. ©Damien Deslandes

Footballeur, ascendant basketteur

Alors qu’il entre tout juste dans sa 22e année, Amir Richardson détonne par sa précocité avec déjà plus de 4 000’ disputées en pratiquement 60 apparitions en Ligue 2 sous le maillot « Ciel et Marine ». Le jeune franco-américain impressionne son monde depuis sa première chez les « pros » en mai 2021. Fils du brillant basketteur ayant évolué en NBA et en Eurobasket (notamment à Antibes) Michael Ray Richardson, le Hacmen dispose de qualités athlétiques et de compétences footballistiques laissant envisager un avenir radieux dans notre sport.

Des caractéristiques proches de Steven N’Zonzi

Au plus haut niveau, il est rare de voir un milieu défensif aussi grand (Amir Richardson culmine à 1,95 m comme son père). Il existe un exemple français connu et récent : Steven N’Zonzi (actuellement à Al-Rayyan, au Qatar). La comparaison avec le champion du Monde 2018 n'est pas anodine. Tous les deux ont une histoire normande car ne l'oublions pas, l’ex-Rennais est passé par le CA Lisieux puis le Stade Malherbe dans son cursus de formation. Après une année chez les U15, le club caennais ne l’avait pas conservé.

Leurs compétences footballistiques semblent proches. Certes, leur taille leur permet de dominer les airs mais ballon aux pieds, ils ont tous les deux une aisance à résister à la pression adverse et à se défaire de leur vis-à-vis.  En attestent, les neuf duels offensifs disputés par match par Amir Richardson cette saison ; une moyenne qui le situe dans le Top 10 des milieux axiaux de Ligue 2. Avec Steven N’Zonzi, ils sont aussi tous les deux des courroies de distribution de l'animation offensive de leur équipe. Leur faible déchet dans la passe couplée à une prise de risque très modérée amène de la continuité dans les circuits de transmissions. Si on se remémore comment jouait Steven N’Zonzi sous Jorge Sampaoli au FC Séville, la comparaison est d'autant plus vraie cette saison dans le projet de jeu de Luka Elsner.

Dans le Top 10 des joueurs les plus rapides de L2

Au football, grandeur et mobilité sont rarement compatibles. Pourtant, Amir Richardson combine les deux. Il est également très rapide. Sur les six premiers mois de la saison, il fait partie du Top 10 des joueurs les plus rapides en Ligue 2. Il a été flashé à 35,28 km/h ! Seul un autre milieu de terrain fait mieux : le Bordelais Fransergio.

> Top 10 des joueurs les plus rapides de L2 : 1. Ali Abdi (SM Caen) et Kader N’Chobi (Laval) 36 km/h, 3. Pape Meissa Ba (Grenoble), Alimani Gory (Paris FC), Killian Corredor (Rodez), Fransergio (Bordeaux) et Jean Ruiz (Pau) 35,64 km/h, 8. Abdoulaye Sanyang (Grenoble) et Amir Richardson (Le Havre AC) 35,28 km/h

Duels aériens, passes réussies, frappes : des stats qui claquent

Lors de l’exercice précédent, les performances d’Amir Richardson laissaient peu d’empreintes statistiques. Il ne figurait pas dans les meilleurs classements. La seule métrique où il apparaissait dans un leaderboard concernait son nombre important de passes vers l’arrière (22%) ; ce qui n’est pas très reluisant... Cette saison, la donne a changé. Tout d’abord, il fait partie du Top 10 des milieux axiaux remportant le plus de duels aériens : 1,75/match. On notera dans ce classement la présence de deux joueurs de QRM : Balthazar Pierret et Kalidou Sidibé. Dans l’animation offensive, son faible déchet dans la passe est l’une de ses caractéristiques : 88,7% de passes réussies (Top 10) même si la verticalité est peu prononcée. Il est le milieu axial qui réalise le plus de passes vers l’arrière (29% soit 12,2/match).

La domination territoriale du HAC (55,8% de possession en moyenne) s’explique en partie par ses orientations de jeu. Attention, cela ne signifie pas que le n°24 du club doyen est sans impact pour déséquilibrer l’adversaire. Grâce à l’efficacité de l’animation offensive des Havrais, aux mouvements et aux appels proposés, Amir Richardson est souvent la clef dans les circuits de passes aboutissant à une occasion de marquer. Il est en haut des classements des passes quasi-décisives ou avant dernières passes quasi-décisives*. Dans un collectif qui domine régulièrement son sujet, le futur rémois ose plus de choses avec le ballon et se montre aux avant-postes, se muant en milieu box-to-box. Il frappe ainsi deux fois plus que sous Paul Le Guen (1,3 fois/match) et a déjà scoré par trois fois cette saison ; la dernière fois face à Metz, lundi soir. Et quel but.

*Une passe quasi-décisive est une passe débouchant sur une réelle chance de marquer, une opportunité claire pour un coéquipier.

Son nombre de minutes jouées en L2 est un signal très fort

Amir Richardson est un très bon cas d’école pour l’utilisation de la data. Son évaluation l’année dernière, basée sur ses statistiques, n’était pas bonne ; ce qui n’est pas le cas cette saison. On peut estimer que certains attributs sont sûrement à privilégier par rapport à d’autres pour jauger un joueur. Ainsi, les duels offensifs disputés et la résistance à la pression en disent peut-être plus sur l’avenir d’un jeune élément plutôt que son jeu de passes.  Les informations basiques se rapportant à un joueur sont tout aussi importantes. Dans le cas du Franco-américain, le nombre de minutes jouées en Ligue 2 à 21 ans est, par exemple, un signal très fort de sa future valeur. Le Stade de Reims, son futur employeur, l’a bien compris.

L2. J28 - Le Havre AC (1er - 56 points) / Saint-Etienne (13e - 32 points), samedi 18 mars à 15 heures au Stade Océane.

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