Foot Normand

Arouna Sanganté : "Le contrat pro ? C’est un peu mon trophée à aller chercher"

En raison des nombreuses absences, blessés ou en sélection (Isaak Touré, Thierno Baldé, Nolan Mbemba...), Arouna Sanganté devrait retrouver une place de titulaire dans le onze de Paul Le Guen. ©Emmanuel Lelaidier

Le lieu où il a grandi : la région parisienne

"Au rugby, je me rappelle juste que je courrais"

Et si Arouna Sanganté était devenu un rugbyman... On caricature un peu le trait mais l’actuel n°29 des « Ciel et Marine » a commencé par taquiner le ballon ovale avant le ballon rond. "J’en ai fait pendant une petite année au centre de loisirs". Cette expérience ne lui a pas laissé un amour immodéré pour les plaquages, mêlées et autres chisteras. "Je n’en ai pas vraiment de souvenirs, je me rappelle juste que je courrais", confie, avec un grand, sourire le défenseur havrais. Rapidement, l’appel du foot fut plus fort avec une première licence signée au Cosmos Saint-Denis. "C’était juste à côté de mon quartier. Au début, c’était simplement un passe-temps avec les potes. Après, quand j’ai vu que ça pouvait aboutir sur quelque chose de sérieux, je me suis donné à fond". Dans le radar de plusieurs clubs de la région parisienne, Arouna Sanganté s’engage avec le Red Star.

"J’avais la possibilité d’évoluer à un bon niveau en intégrant les U14 régionaux. Ça m’a permis d’avoir plus de visibilité". Et pour cause, c’est à Saint-Ouen qu’il est repéré par Mohamed El Kharraze, à l’époque recruteur pour le HAC. "Il connaissait l’un de mes coaches, Oualid Garoum. Il est venu à la maison, j’ai aimé le projet qu’il m’a présenté. Même si quand on est jeune, on est pas mal suivi, dès que Le Havre m’a proposé un contrat, plus rien d’autre n'a compté". Ce choix s’est avéré judicieux. En clôture de l’exercice précédent, « profitant » d’une flambée de la Covid 19 au sein de l’effectif normand, Arouna Sanganté a fêté son baptême du feu en Ligue 2 contre Troyes. "Je ne m’y attendais pas, je ne pensais pas que ça arriverait aussi vite. Ma famille a également été surprise. Mes parents étaient contents. Je ne peux qu’être fier de moi".

Une personne qui a compté : Luis Gomis

"C’est important d’avoir quelqu’un à qui parler régulièrement"

Si Arouna Sanganté a découvert les joies du ballon rond au Cosmos Saint-Denis, ce n’est pas tout à fait un hasard. Il y a rejoint son cousin, Luis Gomis. "Ce fut mon premier coach. Il s’occupait des U11-U12. Et moi, j’ai été direct surclassé". S’il a rapidement montré des prédispositions sur le rectangle vert, ce n’est pas la seule raison. "Je crois surtout qu’il n’y avait pas assez de joueurs", éclate de rire cet aîné d’une fratrie de quatre enfants. Depuis, les deux cousins n’ont jamais perdu le contact. Bien au contraire. "Il m’accompagne toujours", explique le natif de Mbao au Sénégal (il est arrivé en France à l’âge de 3 ans avec ses parents) à propos de celui que l’on peut considérer comme un confident. "Il suit mes matches, les séances… On s’appelle tous les jours. Quand on est loin de sa famille (ses parents, ses deux frères et sa sœur habitent en région parisienne), c’est important d’avoir quelqu’un à qui parler régulièrement. Il connaît le foot, il comprend ce que je vis, quand ça va bien et quand ça va moins bien aussi".

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Arouna Sanganté possède la particularité d'être le seul joueur de l'effectif de Paul Le Guen à ne pas disposer d'un contrat professionnel. ©Emmanuel Lelaidier

Sa particularité : une âme de leader

"Tu n’as pas forcément besoin du brassard pour prendre la parole"

Titulaire lors des six premières journées, en raison notamment de l’absence de Fernand Mayembo puis de Pierre Gibaud, Arouna Sanganté n’a pas tremblé au moment d’endosser le costume de patron de la défense havraise. Il faut dire que le n°29 des « Ciel et Marine » possède une âme de leader. "C’est dans ma nature", souligne-t-il humblement. "J’étais déjà comme ça dans les équipes de jeunes". D’ailleurs, quand il a posé ses valises au HAC, on lui a confié le brassard en U16 ainsi qu’en U17. "Après, tu n’as pas forcément besoin du brassard pour prendre la parole". Ce fan d’Antonio Rudiger, l’arrière central allemand de Chelsea, n’hésite pas, lui, à la prendre.

"Pour moi, la communication est très importante. Il y a des leaders qui n’ont pas besoin de s’exprimer. Ce n’est pas mon cas". Un trait de caractère renforcé par son poste. "C’est vrai qu’en défense, on voit tout. Et si on ne parle pas avec ses coéquipiers, ça peut devenir très compliqué", prévient celui qui est également capable de dépanner en latéral droit. Une faculté à s’exprimer qui a aussi facilité son intégration dans le vestiaire « pro ». "Parfois, ce n’est pas évident. Je l’ai vu lors de ma première année (la saison dernière). Il a fallu le temps que je m’installe. Aujourd’hui, je suis proche des jeunes mais également des anciens". Une sorte de lien intergénérationnel.

Son objectif : décrocher son premier contrat « pro »

"J’ai envie de sortir mes parents du quartier"

C’est en quelque sorte une anomalie. Dans l’effectif de Paul Le Guen, Arouna Sanganté est le seul joueur à ne pas disposer d’un contrat professionnel. Et son contrat stagiaire se termine au terme de cet exercice 2021-2022. "Cette saison, c’est certainement la plus importante de ma jeune carrière. C’est une étape cruciale", ne cache pas le principal concerné. "Des portes se sont ouvertes. A moi de saisir ma chance. C’est un peu mon trophée à aller chercher". Un contrat « pro » qui représenterait beaucoup pour cet ancien pensionnaire de La Cavée Verte, et pas uniquement sur le plan sportif. "J’ai envie de sortir mes parents du quartier (sa maman, Adama, et son papa Bacari), de rendre ce qu’ils m’ont apporté, ce qu’ils apportent encore aujourd’hui. Si je joue, c’est aussi pour ma famille". Une lourde responsabilité pour un jeune homme de 19 ans. "C’est plutôt une source de motivation". Difficile d’en trouver de meilleure.

 

Arouna Sanganté

> Né le 12 avril 2002 (19 ans) à Mbao au Sénégal.

Défenseur central ou latéral. Droitier. 1,89 m pour 76 kg.

Parcours : Cosmos Saint-Denis (2012-2015), Red Star (2015-2017), Le Havre (2017-…).

Sous contrat stagiaire jusqu’en 2022.

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