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Au HAC, les Bézots en première ligne

Alors qu'Abdoullah Ba, Amir Richardson et Arouna Sanganté ont déjà connu une titularisation depuis le début de la saison, Isaak Touré devrait les imiter contre le Paris FC. ©Damien Deslandes

Alors qu'Abdoullah Ba, Amir Richardson et Arouna Sanganté ont déjà connu une titularisation depuis le début de la saison, Isaak Touré devrait les imiter contre le Paris FC. ©Damien Deslandes

Un contexte financier favorisant la promotion des jeunes

Abdoullah Ba, Isaak Touré, Arouna Sanganté… Des noms avec lesquels les supporters « Ciel et Marine » sont déjà familiarisés. D’ici une poignée de semaines voire quelques mois, c’est peut-être toute la Ligue 2 qui aura appris à les connaître. "Les jeunes ont une vraie carte à jouer", a encore martelé Paul Le Guen en conférence de presse avant la réception du Paris FC. Dernier de la bande à avoir paraphé son premier contrat professionnel, début juillet : Amir Richardson, fils d’un ancien basketteur de NBA, Micheal Ray, venu terminer sa carrière en Europe et en France après avoir été exclu de la prestigieuse ligue américaine à cause de ses penchants pour la cocaïne ! Exsangue financièrement à cause d’un modèle économique devenu obsolète ; la faute à la conjugaison de la crise sanitaire, de la baisse des droits TV et du Brexit selon le président Vincent Volpe, le HAC ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour recruter.

"Il y a des opportunités qui se présentent pour certains jeunes. A eux de les saisir. Arouna l'a bien compris"

Conséquence, le coach breton s'appuie cette saison sur un groupe resserré, comprenant environ 25 éléments, renforcé par très peu de joueurs extérieurs. Dans ces conditions, les jeunes pousses locales sont propulsées en première ligne. "Nécessité fait loi", résumait le technicien havrais pendant la préparation. "L’effectif est constitué comme ça, il faut miser sur cet apport de jeunes. Abdoullah, Isaak, Amir, Arouna : ils sont tous des candidats à une place dans les 18, voire même dans le onze de départ". Des paroles aux actes, il n'y a qu'un pas : Arouna Sanganté figurait dans le onze de départ lors des deux premières journées alors qu'Abdoullah Ba et Amir Richardson ont, chacun, connu une titularisation.

Contre le PFC, samedi, Paul Le Guen, compte tenu du forfait de Pierre Gibaud (mollet), qui s'ajoute à celui de Fernand Mayembo (cuisse), pourrait aligner une charnière centrale 100% issue de La Cavée Verte (lire La Décla) : Arouna Sanganté - Isaak Touré, 18 ans et demi de moyenne d'âge ! "Il y a des opportunités qui se présentent pour certains. A eux de les saisir. Arouna l'a bien compris". Si l'ex-coach de Rennes, de Lyon et du PSG fait autant appel à ces « gamins » issus de la formation, c'est également grâce à une plus grande implication de leur part, au quotidien. "J'insiste mais le comportement des jeunes est supérieur à celui de l'an passé, peut-être parce que notre niveau d'exigence a grimpé. Ces jeunes ont aussi compris que s'ils faisaient les efforts, on était prêt à leur donner une vraie chance".

"C'est une défense inédite, jeune mais qui possède, malgré tout, de la qualité"

Avec les forfaits conjugués de Pierre Gibaud et Fernand Mayembo, Paul Le Guen pourrait associer Arouna Sanganté (19 ans - 261' de temps de jeu en L2) et Isaak Touré (18 ans - 2 apparitions chez les « pros ») en charnière centrale. Deux garçons qui se connaissent particulièrement bien. "Arouna et Isaak ont joué ensemble en National 3 (avec la réserve). Ils se connaissent bien, ils connaissent bien Yahia (Fofana, le gardien qui garde les cages depuis le début du championnat compte tenu de l'indisponibilité de Mathieu Gorgelin) qui sera derrière eux", indique le coach breton. Le Paris FC, meilleure attaque de ce début de championnat avec six buts en deux journées, va constituer un sacré test.

Une jeunesse qui a influencé une partie du mercato

L’émergence de ces nouveaux visages influence même en partie la stratégie du mercato du club doyen à l’image du départ de Romain Basque. "On a des jeunes au milieu de terrain qui sont, selon moi, capables de devenir compétitifs en Ligue 2. J’ai vraiment cet espoir avec Abdoullah et Amir. C’est aussi pour ça qu’on a accepté la demande de Romain (qui a signé au Neftchi Bakou, en Azerbaïdjan)", indiquait Paul Le Guen avant le coup d'envoi du championnat. "On ne peut pas dire d'un côté, on aligne des jeunes et de l'autre, leur mettre plein de joueurs (sous-entendu des recrues) dans les pattes", a-t-il ajouté devant les médias ce vendredi après-midi.

"La formation, c'est l'ADN du club (...) regarder ce qui se passe au havre et aux alentours fait partie de notre vocation première"

Pour les suiveurs attentifs des équipes de jeunes du HAC, cette éclosion est tout sauf une surprise. "On savait qu’on avait une génération 2002 plutôt intéressante (Sanganté). Que ce soit en U17 ou en U19, on a obtenu des résultats positifs. Et des garçons nés en 2003 (Ba, Touré) sont venus s’ajouter et se sont très vite exprimés", avance Michaël Lebaillif, le responsable de la réserve havraise qui les a tous eu sous sa direction. Point commun entre ces garçons, ils sont issus de La Cavée Verte. "La formation, c’est l’ADN du club", martèle l’entraîneur de la « B ». Respectivement originaires de Pîtres et de Cléon, Abdoullah Ba et Isaak Touré sont également le fruit de la politique de détection régionale. "Regarder ce qui se passe au Havre et aux alentours fait partie de notre vocation première".

Toutefois, il n'est pas question de faire du jeunisme. "On ne va peut-être pas les aligner tous ensemble. Après, s’ils sont meilleurs que les autres, ils seront sur le terrain", affirme Paul le Guen. Forcément, formation ne rime pas systématiquement avec régularité, une qualité essentielle pour s’illustrer au haut niveau. Exemple avec Abdoullah Ba, peut-être le plus prometteur de tous. "Abdoullah doit confirmer, il faut qu’il s’installe dans l’équipe mais il ne faut surtout pas qu’il joue avec trop de facilité. Il faut qu’il fasse preuve de constance", développait Paul Le Guen il y a quelques semaines. Pour le HAC, l’enjeu dans un avenir proche consistera également à protéger cette relève si talentueuse. Afin que les supporters « Ciel et Marine » puissent en profiter le plus longtemps possible.

> L2. J3 - Le Havre (6e - 4 points) / Paris FC (1er - 6 points), samedi 7 août à 19 heures au Stade Océane.

La Cavée Verte regorge de talents

Derrière les Abdoullah Ba, Isaak Touré et autre Amir Richardson, plusieurs Bézots, même si certains sont encore très jeunes, sont à surveiller de près à La Cavée Verte : le latéral Saël Kumbedi Nséké (16 ans), le milieu défensif Mathéo Bodmer (17 ans), l’attaquant Steve Ngoura (16 ans), les milieux offensifs Mokrane Bentoumi (15 ans), Ilyes Benlebsir (16 ans) et Yassine Kechta (19 ans). Une liste loin d’être exhaustive. Certains d'entre eux ont même commencé à pointer le bout de leur nez chez les « pros ». Le groupe « Ciel et Marine » victime d’une épidémie de la Covid-19 lors de la dernière journée de championnat la saison dernière, Yassine Kechta, Imani Barker et Mathéo Bodmer, le fils de Mathieu, ont foulé la pelouse du Stade Océane. A la clé, un succès 3-2 aux dépens du champion de L2, Troyes, porteur d’espoir. "Un bon coup de projecteur", souligne Michaël Lebaillif, le responsable de la réserve havraise.

Plusieurs de ces jeunes ont également été déjà appelés en équipe de France dans leur catégorie d’âge. Toutefois, pour Michaël Lebaillif, ces capes avec les mini-Bleus ne sont pas un gage de réussite d'une carrière. "Ce n’est pas une fin en soi. Une sélection correspond à une évaluation à un instant T. A cet âge, il y a des garçons plus matures. Mais deux-trois ans plus tard, les générations à ce niveau-là sont renouvelées de moitié. Je peux vous sortir une photo de l’équipe de France U17 promotion 1994. Il y avait trois Havrais (Benjamin Mendy, Jordan Vercleyen et Adml Nkusu), un seul a percé", donne comme exemple l’entraîneur de la réserve havraise. "Avant de savoir s’ils deviendront pros, il faudra voir l’évolution de ces garçons".

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