13 saisons, 463 matches, 52 buts balayés en un coup de fil. Voici comment on pourrait résumer la fin de l’aventure l'été dernier d’Alexandre Bonnet avec le HAC. "Mathieu Bodmer m’a téléphoné trois jours avant la reprise de l’entraînement pour m’indiquer que mon contrat ne serait pas renouvelé. Je n’ai pas eu plus d’explications", témoignait le milieu offensif qui était libre au 30 juin 2022. "Alexandre, c’est la première personne que j’ai appelée. Je lui ai expliqué que cette décision, de ne pas le conserver, avait été plus ou moins entérinée par l’ancienne direction. Nous, on n’a fait que la confirmer. Sauf que depuis un mois et demi et la fin du championnat, personne ne l’avait prévenu. Du coup, j’ai pris mon téléphone", précisait le directeur sportif du club doyen dans une interview qu'il nous avait accordée courant juillet.
"Un choix sportif", avait-il ajouté. "Alexandre ne correspond pas à ce qu’on veut mettre en place. Vous savez, personnellement, j’aurais aimé finir ma carrière au PSG, mais à un moment donné, on m’a demandé de partir. Idem à Nice. Malheureusement, ça fait partie du taf. Par contre, j’ai toujours apprécié qu’on m’appelle et qu’on m’explique les raisons. C’est une simple question de respect. Je peux comprendre qu’il m’en veuille mais il ne peut pas me reprocher de ne pas avoir été honnête avec lui".
Que Mathieu Bodmer se rassure, l'actuel n°10 « Rouge et Jaune » ne lui en tient pas du tout rigueur. Le temps a fait en partie son oeuvre. "J'ai accepté les choses, j'ai pris du recul, je suis passé à autre chose", a-t-il affirmé en conférence de presse ce jeudi. D'ailleurs, Alexandre Bonnet se réjouit de voir « son » HAC sur le point de retrouver la Ligue 1. "Je suis très content. J'ai des amis en face. Je suis forcément très heureux pour eux. Pendant des années, ce fut assez compliqué. Le club, la ville, les supporters le méritent... Les joueurs font une saison incroyable. C'est de loin l'équipe la plus équilibrée".
Une porte entrouverte pour une reconversion par Mathieu Bodmer
La saison dernière, Alexandre Bonnet aurait aimé, toutefois, que la direction précédente prenne ses responsabilités plus tôt. "Quelqu’un aurait dû trancher sur mon sort avant le terme de la saison afin de ne pas me laisser dans ce flou". Mi-mai, quand il était encore en poste, le coach Paul Le Guen avait expliqué "qu’il n’avait pas d’obligation de décider aujourd’hui" sans pour autant "attendre le 30 juin" par "correction". "Cette indécision de l’entraîneur, je ne la comprenais pas. C’est le discours que je lui ai tenu", regrettait il y a dix mois Alexandre Bonnet. Il faut dire que de l’extérieur, on se demande ce qui empêchait le coach breton de statuer sur l’avenir de son ancien capitaine, en place depuis 2009 !
Le plus difficile à encaisser pendant ces longues semaines d'incertitudes pour le n°10 des « Rouge et Jaune », ce fut l'absence de nouvelle de la part de son club de coeur, ni de la part de Paul Le Guen, ni de Pierre Wantiez (l’ex-directeur général) ou de Vincent Volpe (le propriétaire). "Moi qui ai toujours fonctionné à l’affectif. Quand tu côtoies des gens depuis aussi longtemps, tu t’attends à un peu plus de considération. L’aspect humain a été mis de côté. Dans cette histoire, c’est vraiment ce qui me touche le plus". Au moment des faits, l'annonce a eu l’effet d’un coup de massue pour le principal intéressé. "Ce fut difficile à accepter. Mon entourage me répétait sans cesse que c’était impossible que ça termine de cette façon. Je m’en suis convaincu aussi. J’y croyais, j’étais optimiste".
Alors que Mathieu Bodmer a laissé entrouverte la possibilité d'un retour, une fois les crampons raccrochés, "Je lui ai dit que s’il voulait revenir un jour au club, quand il aura pris sa retraite, je lui donnais ma parole que tant que je serai en poste, la porte était ouverte pour une reconversion", Alexandre Bonnet aurait préféré, à l'époque, recevoir une réponse négative trois mois auparavant. "Ça m’aurait laissé le temps de l’encaisser. Un départ après 13 ans dans le même club, ce n’est pas anodin, ça se prépare. Là, le timing n’a pas été très élégant. Il ne m’a pas permis de me projeter sur autre chose, de dire au revoir à mes partenaires, aux salariés, aux supporters…". Une anomalie qui devrait être réparée samedi soir à l'occasion de la venue de QRM au Stade Océane. Nul doute que les 12 000 spectateurs annoncés lui rendront l'hommage qu'il mérite.
> L2. J32 - Le Havre AC (1er - 64 points) / Quevilly-Rouen (8e - 43 points), samedi 22 avril à 19 heures au Stade Océane.