Trois. Comme le nombre de recrues enregistrées par le HAC depuis l'ouverture du mercato. Début juillet, quasiment coup sur coup, le club doyen a officialisé les arrivées de Ruben Londja (18 ans), Ismaïl Bouneb (18 ans) et Yanis Zouaoui (26 ans). Ces trois éléments ont plusieurs points communs : ils sont jeunes, voire très jeunes, et ne possèdent presque aucune expérience du haut niveau. Pour autant, selon Mathieu Bodmer, "ils peuvent prétendre à un rôle en Ligue 1, Yanis, Ismaïl notamment". D'ailleurs, de nombreux observateurs ne tarissent pas d'éloges à propos de l'ex-milieu offensif valenciennois, finaliste de la Coupe du Monde U17 avec l'équipe de France aux côtés d'un certain Paul Argney.
Ces trois nouveaux visages pourraient être les seuls dans les rangs « Ciel et Marine » à l'heure de défier le PSG lors de la 1re journée de championnat, le 18 août. "Il n'y a rien à signaler et ça pourrait être le cas pendant longtemps. On va démarrer avec ce groupe", assurait le directeur sportif (DS) havrais, mercredi, en marge du match de préparation contre Clermont (1-1). Confronté comme toutes les autres écuries françaises à la baisse drastique des droits TV, avec des revenus qui devraient être divisés par trois dans ce domaine, le HAC - qui n'est déjà pas le mieux doté des pensionnaires de Ligue 1, loin de là - doit résoudre une équation quasi insoluble cet été : se renforcer en diminuant sa masse salariale, par ailleurs encadrée par la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion), de l'ordre de 30% !
"Il n'y a rien à signaler et ça pourrait être le cas pendant longtemps"
Pour y parvenir, l'Etat-major « Ciel et Marine » ne dispose pas de 36 000 solutions. "Pour équilibrer le club (sur le plan financier), il faut des ventes", ne cache pas Mathieu Bodmer. "Et pour faire entrer des joueurs, il faut aussi des ventes". C'est pourquoi un garçon comme André Ayew, si précieux dans la course au maintien la saison passée avec notamment cinq buts, n'a pas encore été prolongé malgré la volonté commune de poursuivre l'aventure. "On ne s'est pas fixés de dead line. On essaye de trouver des solutions pour faire sortir des joueurs afin qu'il revienne", précise l'ancien milieu de Lille, de Lyon et du PSG.
Des propositions qui pourraient être revues à la baisse
Problème, à date, à l'exception du gardien Mohamed Koné, parti à Charleroi, en Belgique, et du prêt du défenseur Aliou Thiaré à Nancy (N1), la colonne des départs affiche désespérément un encéphalogramme plat. "Ça commence à bouger tout doucement", consent le DS normand. "Il y a des discussions mais pour le moment, on n'a aucune offre". Arouna Sanganté, Christopher Opéri et Etienne Youté (en fin de contrat en 2025 pour ce dernier), régulièrement cités comme des candidats à un transfert pour renflouer les caisses havraises, appartiennent toujours à l'effectif de Didier Digard. Qui plus est, le président Jean-Michel Roussier et ses collaborateurs s'attendent à des propositions inférieures par rapport à celles qu'ils auraient pu recevoir quelques mois en arrière.
"Il faut revoir à la baisse toutes les valeurs des joueurs sur lesquels on tablait"
Parfaitement conscient de l'agonie économique du football français, les clubs étrangers ont compris qu'ils pouvaient effectuer leur marché dans notre pays à moindres frais. "Il faut revoir à la baisse toutes les valeurs des joueurs sur lesquels on tablait", confirme Mathieu Bodmer. Bien sûr, en matière de ballon rond, la vérité d'aujourd'hui est rarement celle du lendemain. Mais en attendant, il faut composer sans recrue supplémentaire. Patience est devenu le nouveau mot d'ordre, le patron sportif du HAC n'excluant pas que cette situation de blocage puisse s'étendre jusqu'à l'ultime semaine du mercato. Des prêts pourraient constituer une solution pour se renforcer mais le directeur sportif n'en raffole pas.
Cependant, dans le camp « Ciel et Marine », pas question de tomber dans la sinistrose. Hormis Mohamed Bayo, retourné à Lille, et donc André Ayew pour le moment, aucun élément majeur n'a quitté le navire havrais. "On a des bons joueurs, un bon staff, des jeunes intéressants qui sont montés (Daren Mosengo, Noam Obougou)", énumère le DS. Légèrement plus âgés et plus expérimentés mais également issus de La Cavée Verte, les Simon Ebonog, Antoine Joujou et Steve Ngoura (qui disputera, dimanche, avec son coéquipier Yoni Gomis, la finale de l'Euro U19 contre l'Espagne) seront certainement appelés à assumer davantage de responsabilités dans ce contexte. C'est aussi ça la vocation d'un club formateur. Déceptions de l'exercice précédent, à des degrés divers, des garçons comme Rassoul Ndiaye, Kandet Diawara et Issa Soumaré bénéficieront, eux, peut-être d'une deuxième chance de prouver que les responsables du HAC ne se sont pas trompés en les enrôlant il y a un an. "Ils ont une carte à jouer", admet Mathieu Bodmer. A eux de ne pas la laisser filer.