Sa particularité : il mesure 2,04 m !
"J’ai toujours fait une tête de plus que tout le monde"
Forcément, quand on croise la route d’Isaak Touré, c’est la première chose qui vous frappe. Face à ce géant qui culmine à 2,04 m (!), vous vous sentez minuscule. "J’ai toujours fait une tête de plus que tout le monde mais j’ai vraiment bien poussé à l’âge de 14-15 ans", raconte le défenseur havrais qui a de qui tenir avec un papa, Ibrahima, mesurant 1,88 m. "Ma sœur (Vanessa) est aussi grande, 1,80 m. Il n’y a que ma maman (Mariane) qui est petite". "Une morphologie atypique", comme il la qualifie lui-même que l’international U19 a dû apprendre à apprivoiser. "Ce gabarit me donne beaucoup d’avantages mais également plusieurs inconvénients". Référence à ses nombreuses blessures qui ont émaillé son parcours. "Avec mon physique, je dois toujours en faire plus que les autres".
Problème, Isaak Touré n’est pas, à la base, "un très gros bosseur", comme il l’avoue en toute honnêteté. "Plus jeune, j’avais pris la mauvaise habitude de me reposer sur mes lauriers". Mais ça c’était avant, avant sa rencontre avec Olivier Rodriguez, le préparateur athlétique du HAC, époque Paul Le Guen. "Il m’a donné goût au travail. J’ai bien bossé aussi avec les kinés". S’il a été éloigné des terrains environ deux mois lors de l'exercice précédent à cause d’une sérieuse béquille contractée avec l’équipe de France U19, l'ex-n°6 des « Ciel et Marine » a commencé à récolter les fruits de ce travail de l’ombre. "Depuis un an, je ne grandis plus. Pendant ma convalescence la saison dernière (la faute à une opération à une cheville), j’ai pris un peu de masse (on confirme). Je connais mieux mon corps".
Son évolution : en défense depuis seulement deux ans
"Je n’avais quasiment jamais fait de touches"
Initié au ballon rond par son oncle et ancien entraîneur, Dominique, à Saint-Pierre-lès-Elbeuf, son premier club, Isaak Touré a débuté… attaquant de pointe ! "Comme j’étais plus grand et plus costaud que tous les autres, j’ai été logiquement aligné devant". Mais au fur et à mesure des années, le gamin de Cléon a progressivement reculé sur le terrain, pour aujourd’hui évoluer en charnière centrale. "Ça ne fait que deux ans que je joue en défense. C’est le coach Momo Chacha, en U17, qui m’a installé à ce poste. Au départ, je n’étais pas très chaud mais il m’a fait comprendre que c’était mieux pour moi. Et grâce à lui, je suis pro".
La saison passée, l’International U19 a même dépanné en tant qu’arrière gauche ! "Le coach (Paul Le Guen) avait un besoin et il fallait répondre présent. Même si je ne suis pas un latéral dans l’âme, ça s’est plutôt bien déroulé", confie Isaak Touré qui a juste été perturbé par une spécificité de ce rôle : les touches. "Je n’en avais quasiment jamais fait". Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça s’est vu ; les arbitres invalidant souvent ses tentatives. "Je me suis fait charrier". Toutefois, le staff havrais de l'époque avait trouvé une parade. "On changeait avec Pierre (Gibaud). Quand il y avait des touches, il les faisait et moi, je me positionnais dans l’axe". Simple et efficace.
Un départ du HAC qui était devenu inéluctable
Il ne restait plus qu'un an de contrat à Isaak Touré avec le HAC, son club formateur. ©Emmanuel Lelaidier
Ce n'est pas une surprise, le HAC et l'OM sont tombés d'accord pour le transfert d'Isaak Touré. Le défenseur s'est engagé pour cinq ans avec Marseille. Dans la transaction, les « Ciel et Marine », selon plusieurs médias nationaux, vont récupérer 7 M€, bonus compris. Un départ qui était devenu inéluctable. Alors que l'international U19 se trouvait sous contrat jusqu'en 2023, les dirigeants havrais, les anciens comme les nouveaux, étaient dans l'obligation de le vendre cet été, sous peine de le voir partir libre dans un an, sans la moindre compensation financière pour son club formateur. Un scénario qui s'est trop souvent répété ces dernières saisons du côté de la cité Océane (Pape Gueye, Harold Moukoudi, Yahia Fofana...).
D'ailleurs, Yahia Fofana aurait très bien pu quitter le HAC il y a un an. L'ultime jour du mercato 2021, Lille avait formulé une proposition. "Il y a eu des pourparlers", confirme le principal intéressé, perturbé à l'époque par cette actualité. "C’est flatteur mais ça m’a aussi un peu chamboulé. J’étais en Slovénie avec l’équipe de France, on me dit que Lille a fait une offre, il ne restait que 24 heures". Aujourd'hui, ce n'est plus la même histoire.
Une personne qui compte : Mariane, sa maman
"Je dois lui rendre la pareille en la mettant à l’abri"
Si, aujourd’hui, Isaak Touré est un espoir français à son poste de défenseur central, il le doit en grande partie à sa maman, Mariane. Alors qu’il évoluait à Cléon, dans l’agglomération de Rouen, le jeune homme d’origine ivoirienne est repéré dès l’âge de 12 ans par le club doyen. "Quand j’ai eu la sollicitation du HAC, ma mère voulait rester proche de moi car elle me trouvait encore trop jeune". Conséquence, le « petit » Isaak et sa maman ont déménagé au Havre pour que le fils puisse intégrer l’école de foot des « Ciel et Marine ». "On a vécu deux ans ensemble. Après, on a eu une petite discussion, je lui ai demandé de me laisser partir au centre (de formation). Elle a accepté". Des "sacrifices" dont Isaak Touré prend conscience avec le recul. "Quand j’étais plus jeune, je ne me rendais pas compte de tous les efforts que ma mère faisait pour moi. Maintenant, je dois lui rendre la pareille en la mettant à l’abri (sous-entendu financièrement), ainsi que toute ma famille".
Une maman qui, au moment de cette interview, à la fin de l'année 2021, n’a toujours pas vu jouer son garçon chez les professionnels. "Elle n’est pas encore venue au Stade Océane. Elle stresse énormément, elle a peur que je me blesse. C’est son instinct de mère qui parle. On va attendre le bon moment pour l’inviter. Après, au bout d’un moment, elle n'aura pas le choix".
Une passion : la NBA
"Jouer au basket ? Je ne suis pas habile avec mes mains (sourire)"
En dehors du football, Isaak Touré nourrit une passion pour le basket-ball, une discipline qu’il a pratiquée plus jeune, et plus particulièrement la NBA, la prestigieuse ligue nord-américaine. "J’adore. Je regarde souvent les matches", lâche l'ex-Havrais, fan du Grec Giannis Antetokounmpo, l’ailier fort des Bucks de Milwaukee. Au regard de son gabarit, on pourrait supposer que le nouveau défenseur de l'OM aurait également pu embrasser une carrière avec le ballon orange. "On me le dit tout le temps mais je n’en suis pas certain. Je ne suis pas habile avec mes mains (sourire)". Au-delà du basket, Isaak Touré apprécie de manière plus globale les sports US. "J’aime bien la vibe (l’atmosphère) qu’il s’en dégage". A l’image du football américain. "Les joueurs sont tout le temps en équipe, ils se motivent entre eux, il se dégage une alchimie".
Isaak Touré
> Né le 28 mars 2003 (19 ans) à Gonesse (Val-d’Oise).
> Défenseur. Gaucher. 2,04 m pour 100 kg.
> Parcours : Saint-Pierre-lès-Elbeuf (2010-2013), Cléon (2013-2014), Le Havre (depuis 2014).
> International U19 français.